Depuis la base jusqu’à la direction d’Ebel, l’ascension de Flavio Pellegrini est celle d’un passionné, défenseur loyal de la tradition horlogère.

 

Quand Flavio Pellegrini dépeint l’horlogerie suisse, on perçoit une émotion et un attachement quasi viscéral au savoir-faire qui a construit sa région, et dans lequel il a baigné depuis sa plus tendre enfance: «Il faut imaginer ces paysans de La Chaux-de-Fonds, dans l’impossibilité de cultiver leurs terres gelées et enneigées tout l’hiver. Et ce Genevois qui a eu l’idée de délocaliser chez eux la production des montres. J’ai vu des pays lointains, mais ça aussi, c’est une forme d’exotisme.» Une histoire qui parle à ce fils d’immigrés italiens arrivés dans les années soixante au Locle, où il est né et auquel il reste fidèle.

 La fidélité, précisément, n’est pas un vain mot pour Flavio Pellegrini, qui a mené toute sa carrière au sein de Movado. Depuis son premier poste d’analyste junior au sortir des études en 2002, jusqu’à l’accession à la direction des marques Ebel et Concord en 2015, son destin s’imbrique inextricablement avec le groupe américain, au sein duquel il a également rencontré sa femme, sa «plus grande réussite personnelle». Une carrière de pur produit de la maison qu’il estime devoir à la mentalité américaine, «qui ne met pas de barrières quand l’éthique et l’engagement sont là». Surtout au sein d’une entité construite à partir de rien par un émigré cubain réfugié aux Etats-Unis, qui a su tout rebâtir après avoir fui la persécution castriste.

 Cette modestie en occulterait presque le succès personnel de Flavio Pellegrini, auquel a été confiée la délicate tâche de relever les marques Ebel et Concord, discrètes depuis plusieurs décennies. Une renaissance due en grande partie à la compréhension fine de l’évolution du marché, chez celui qui, dans son travail de bachelor en 2001, posait déjà la problématique d’internet dans la distribution horlogère: «On a un vrai coup à jouer, car le consommateur est moins suiveur, il recherche un côté exclusif, unique. Aujourd’hui, on vend un héritage et une histoire, on le constate à la vague du rétrochic, du vintage.»

 A ce titre, parmi la vingtaine de montres qu’il possède, Flavio Pellegrini avoue son faible pour la Ebel Sport Classic, rééditée l’an passé, et qui participe de la montée en puissance actuelle de la marque. Un attachement aux belles lignes très personnel et qui va d’ailleurs au-delà de l’horlogerie. Clin d’œil à ses origines italiennes, il soigne son Alfa Romeo GT Junior de 1971 qui lui évoque «rien que par l’odeur», les vacances de son enfance en Italie. C’est toujours en famille, désormais avec sa femme et ses deux filles de 8 et 11 ans («mes moteurs dans la vie»), qu’il affectionne de voyager, comme au Brésil récemment.

 Inspiré par la tradition, Flavio Pellegrini puise dans sa passion pour se tourner vers l’avenir avec confiance: «Je pense que l’horlogerie traditionnelle est une des rares industries qui va rester longtemps ce qu’elle est. Car le mouvement est un cœur qui bat, constamment. A nous de préserver ce savoir-faire.»

 

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