e nouveau directeur de l’institution centenaire veut redonner vie à ce qui fut le Comptoir suisse.

 

«Je comprends les Vaudois qui ont gardé la nostalgie de leur Comptoir, mais la page est tournée. Il faut aller de l’avant…» Nicolas Gigandet doit insuffler un nouvel élan à la Fondation de Beaulieu, qui a accueilli la «foire nationale» durant 99 ans. Le Comptoir suisse devait célébrer son centenaire cet automne. Finalement, c’est l’édition 001 du Comptoir helvétique qui a vu le jour sous un format réduit à l’impulsion des frères Chassot, spécialistes d’événements comme le Tour de Romandie et Divinum.

A 49 ans, Nicolas Gigandet n’est pas un spécialiste de l’événementiel. Après avoir passé par General Motors à Bienne et en Allemagne, le Neuchâtelois a assuré la planification financière du Département de la défense à Berne avant de revenir sur ses terres comme directeur financier à l’Etat de Neuchâtel. Un défi pour celui qui doit succéder à la direction de la Fondation aux prises avec des difficultés de trésorerie et licenciée en 2017; un audit de la Ville de Lausanne avait constaté des manipulations comptables pour 20 millions à des sociétés proches du secrétaire général. La dénonciation pénale déposée par le canton de Vaud et la Fondation a été écartée par le Ministère public, mais un recours est pendant au Tribunal cantonal. En attendant, la Fondation de Beaulieu va disparaître l’an prochain au profit d’une société anonyme dont Lausanne aura la charge. Une opération à 36 millions, alors que les députés vaudois devront accepter de renoncer à un prêt de 15 millions.

 En attendant la fin de la saga judiciaire, le site de Beaulieu va subir de grandes mutations. Deux chantiers ont démarré pour reconstruire le théâtre (1600 places au lieu de 1800 pour l’ancien datant de 1950) et le nouveau siège du Tribunal arbitral du sport (TAS) qui va déménager du château de Béthusy: «Repreneur du Comptoir suisse, l’organisateur bâlois MCH reste un client comme un autre. Il a apporté des concepts importants sur le site de Beaulieu tels qu’Habitat-Jardin ou Mednat. »

A quel moment, la Fondation a-t-elle raté le virage? « Même s’il y a eu l’échec en votation populaire de la tour Tahoua, cela s’est fait progressivement. Comme pour toutes grandes foires – Salon de l’auto, horlogerie, etc. –, le phénomène de l’ubérisation a frappé. Le consommateur n’achète plus comme avant. Les foires généralistes sont davantage frappées que les expositions très spécialisées, qui peuvent être complétées par des séminaires ou des conférences. Lausanne a de la peine à concurrencer des villes de congrès aux capacités hôtelières et financières comme Barcelone ou Amsterdam».

Le modèle des grandes foires en difficulté, la nouvelle SA de Beaulieu – en mains de la Ville de Lausanne et du syndic Grégoire Junod – devra trouver un nouveau plan d’affectation aux halles Nord: «Pas de l’habitation, mais des marchés de circuits courts, cafés ou bureaux. Ce projet permettra de redonner de la vie de quartier et faire de Beaulieu un pôle d’attractivité. En plus du siège du Béjart Ballet, un restaurant est en construction avec salle de banquet de 500 places. Le futur M3 desservira le quartier en 2025. L’objectif est de faire renaître Beaulieu. Ce sera un atout pour le développement de Lausanne.» 

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