N’y aurait-il pas contradiction entre la tonalité de cet essai désabusé et sa conclusion? Au terme de 200 pages bien nourries, Fathi Derder qui achève son second mandat au Conseil national ne craint pas d’affirmer que «c’est certainement un des systèmes politiques les plus efficaces et les plus stables du monde». Voilà qui est aussi rassurant qu’inattendu. Car si on y lit aussi qu’«en Suisse, le Parlement commande et l’administration fait ce qu’elle veut»; les «élus courent après des lois pendant trois semaines, et à la fin, ce sont les paysans qui gagnent».

Premier citoyen du pays, le président du Conseil national sert «à tenter de faire taire 200 élus qui ne l’écoutent pas. Donc à rien.» Quant à conseiller fédéral, ce serait «le pire métier du monde».

Ancien journaliste, Fathi Derder a conservé une plume mordante et drôle. Sa charge contre la pétition pour «mettre un terme à l’isolement insupportable des lapins» vaut son pesant de carottes. Mais réduire le Parlement fédéral à l’indiscipline, à l’incompétence et à l’inaction paraît un rien excessif… Et très décalé par rapport à sa conviction que ce système «est notre formule magique, le miracle de Berne.»

 «Les Petits Secrets du Palais ou La politique suisse pour apprentis démocrates», de Fathi Derder, éd. Slatkine, 208 pages, CHF 28.-.

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