Sacrée deux fois championne du monde, la skieuse tessinoise reste peu aimée par le public en raison d’un comportement froid et distant. Pourquoi une telle attitude? Témoignages.

Lara Gut, avec deux médailles d’or, a été la grande dame des Mondiaux de ski de Cortina, signant un retour fracassant après trois saisons de doute. Forte de tels résultats, elle devrait être une star adulée par toute la Suisse, à l’image d’une Vreni Schneider à l’époque et pourtant c’est loin d’être le cas.

Après sa première victoire en descente , la Tessinosie était l’invitée du 19h30 sur la RTS. Alors qu’on pouvait s’attendre à la voir la voir enfin rayonnante, elle s’est montrée sèche, laconique et sans émotion comme trop souvent. Quand Philippe Revaz, tout sourire, lui a demandé si ce premier titre mondial dans sa carrière était important, elle lui a envoyé un uppercut: «Non, il y a des choses plus importantes dans la vie.»

Le lendemain, dans Forum, Laurent Meuwly, l’entraîneur d’athlétisme bien connu, disait à quel point il avait été choqué «par une championne aussi blasée. Banaliser à ce point un titre mondial, c’est un manque de respect vis-à-vis des autres sportifs».

Philippe Revaz, lui, a apprécié la prestation de la Tessinoise à l’antenne. «Comparée à tous ces champions qui se contentent de faire risette, Lara Gut a un côté rafraîchissant, elle reste elle-même. Et au moins on l’écoute. Sans ce caractère-là, elle n’aurait sans doute pas réussi une telle carrière.»

Avec son tempérament entier, d’écorchée vive, Lara Gut n’a jamais cherché à plaire, quitte à passer pour une diva. «Je ne suis pas la jeune fille blonde qui sourit et qui trouve que tout est beau. J’aime dire ce que je pense, je suis moi.» En dehors d’un titre olympique, la Tessinoise a quasi tout raflé. Gravement blessée en 2017, elle n’est revenue au top niveau que cet hiver. Entre-temps, elle a épousé le footballeur Valon Behrami, ce qui lui a ouvert d’autres horizons. «J’ai compris qu’il valait mieux être heureuse sans médaille que malheureuse et médaillée. Avant il n’y avait que le ski dans ma vie, maintenant, il y a autre chose.» Ayant toujours évolué en marge de l’équipe suisse, la Tessinoise exècre les courbettes et la fausseté. «Je ne fais confiance qu’aux personnes qui sont toujours restées à mes côtés et non à celles qui viennent me serrer la main après une victoire.»

Le Vaudois Patrick Flaction, qui a été son entraîneur physique pendant plus de dix ans, connaît bien les deux faces de la Tessinoise. «Quand Lara fait confiance, c’est une fille super, attentive, ouverte, pleine d’humour. Mais en public, et ça reste un mystère pour moi, elle se ferme. C’est une perfectionniste qui, plus que les résultats, veut toujours rendre une copie parfaite, qui attend toujours plus d’elle-même. Comme un acteur uniquement concentré sur la scène, tout ce qui tourne autour du ski, les médias, les fêtes ne l’intéressent pas.»

Fin janvier à Montana, la Tessinoise, bien dans son style, avait créé un joli scandale en qualifiant de désastreuse l’état de la piste de descente. Patron de la course, le Valaisan Marius Robyr ne l’a pas digéré. «Jolie, intelligente, surdouée, Lara Gut a tout pour elle mais en raison de son comportement, le public ne l’aime pas. Sur le podium de notre descente, alors que les Italiennes chantaient et faisaient la fête, elle tirait une de ces tronches. Elle n’est jamais contente.» Et de conclure comme Philippe Revaz: «Mais elle a sans doute besoin de cela.»

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