Le patron du D! Club, à Lausanne, et président de la faîtière vaudoise des discothèques La Belle Nuit tire un bilan plutôt positif de la réouverture des clubs: «En trois jours, la clientèle est revenue comme avant sur les pistes de danse.»
«Ce qui m’a sauvé durant la pandémie, c’est de travailler comme un fou! Je connais des gens pour qui cela a été très difficile de subir plutôt que d’agir. Ne plus travailler, ni voyager, ne plus fréquenter les lieux de loisir ou les salles de sport…» Thierry Wegmüller, le président de la faîtière vaudoise des discothèques La Belle Nuit, tire le bilan d’un an de fermeture.
Ce fils de restaurateur est tombé très tôt dans la marmite. Ses parents tenaient le Couscous, un établissement mythique des années 1970-1980, où les jeunes Lausannois allaient prendre un verre ou manger des merguez: «J’ai commencé au service comme mon frère Gilles et ma sœur Jasmina, à l’âge de 10 ans! Je donnais ces coups de main. Mon père est décédé de maladie quand j’avais 16 ans, laissant ma mère seule aux commandes. Elle nous disait: «Faites tout ce que vous voulez, mais surtout pas de restauration.» Par esprit de contradiction, je disais: «Eh bien, je ferai ça!»
La fratrie a alors l’idée d’exploiter la cave voûtée du Bleu Lézard pour y faire une salle de concert. C’était après la fermeture de la Dolce Vita. Ce sera le début d’une belle aventure en famille qui les amènera aux commandes du D! Club, du Café Enning, le Java, de La Factoria, du Cult, de l‘abc ou encore des Arches sous le Grand-Pont: «Un tiers de mon travail actuel est dans l’associatif. Outre La Belle Nuit, je préside aussi ad interim le festival de musique Label Suisse, une biennale à Lausanne qui met en avant les artistes suisses.
Pas de bal masqué
Les discothèques ont pu rouvrir leurs portes le 28 juin à condition de ne laisser rentrer que les clients avec un certificat Covid. Pas de bal masqué! La fête est à visage découvert pour autant que les coordonnées des clients soient enregistrées: «C’est positif, car la réouverture arrive plus tôt que prévu. J’avais prédit fin août. Et c’est bien pour les jeunes. Ils avaient tellement envie de recommencer à sortir. Sans compter notre staff et nos artistes! Le mercredi, les autorités nous ont dit que nous pouvions rouvrir le samedi. Il a fallu quelques jours de battement, mais la semaine suivante, nous étions déjà complets. J’étais surpris que cela soit aussi rapide et sans limites de fréquentation autres que celles de l’établissement. Sinon, il faut être vacciné ou testé PCR (72 heures auparavant) ou antigénique (48 heures). Dans ce cas, c’est moins cher, mais si vous voulez sortir le jeudi, vous ne pouvez pas ressortir le samedi sans refaire le test. La mesure est au moins cohérente, car elle évite que les jeunes se retrouvent dehors, sans autre protection.»
Côté personnel, la pandémie a frappé fort malgré les indemnités: «Il nous reste une centaine d’employés, surtout des extras qui travaillent le week-end.» A travers La Belle Nuit qu’il a créée, et les Rencontres lausannoises des Cultures nocturnes qui auront lieu du 22 au 26 septembre, Thierry Wegmüller a été amené à défendre les indemnités des clubs, sur le plan lausannois, puis vaudois. Lausanne compte 21 clubs et le canton 41: «La grande difficulté aura été de faire comprendre qu’un prêt Covid est une dette à rembourser. Les indemnités en cas de réduction d’horaires servent à maintenir les emplois et réduire le taux de chômage. Il aura fallu faire admettre que les clubs ont été confrontés à une expropriation du droit d’exploiter et qu’ils devaient être indemnisés sur la base de leurs pertes, comme les bars et les restaurants.» Associés à «Qui va payer l’addition» et à Gastro Lausanne, Vaud et Suisse, les professionnels de la nuit ont obtenu des indemnités qui tiennent la route. Basées sur une moyenne du chiffre d’affaires 2018-2019, elles calculent la perte d’exploitation 2020. «Selon nos homologues, Genève a été moins bien traité que Vaud et pas du tout sur le même mode de calcul. En revanche, l’interdiction de servir au bar nous oblige à faire du service à table. Il faut le double de personnel. Le chiffre d’affaires n’a pas trop bougé dans le cas des Arches, mais nos charges salariales ont doublé.»
Toucher au porte-monnaie
Aujourd’hui, la santé de la plupart des clubs semble plutôt bien aller, mais au prix d’un dialogue permanent avec les autorités: «La problématique actuelle est la décision fédérale de rendre les tests antigéniques payants. La position des faîtières est claire: éviter l’obligation vaccinale qui est discriminatoire, mais aussi à tout prix le reconfinement. Cela serait un échec très coûteux.» Toucher au porte-monnaie pourrait aider à passer le cap. Mais les jeunes ne voudront pas payer le test à chaque fois en plus de l’entrée au club. Le test antigénique payant pourrait réduire le chiffre d’affaires des clubs, car les clients pourraient trouver d’autres manières de s’amuser: « A la place du Conseil fédéral, est-ce que j’aurais fait différemment? Rouvrir les clubs en juin comportait un risque. On l’a fait. Fermer les clubs n’est pas une solution. Les jeunes organiseront des fêtes sauvages. Nous faisons le job: scanner, contrôler, vérifier. Mais il serait bien de pouvoir participer plus en amont aux décisions sur les incitations à la vaccination des jeunes. Etant sur le terrain, nous pouvons arriver avec des idées.»
Vie de couple
Avec l’écrivaine et directrice de théâtre (l’Octogone à Pully), la Franco-Libanaise Yasmine Char et Thierry Wegmüller ne partagent pas le monde de la nuit: «Elle est fantastique. Cela fait près de trente ans que nous sommes ensemble avec deux garçons de 20 et 23 ans. Dans certains domaines nous sommes sur la même longueur d’onde et d’autres pas. J’aime faire la fête et en plus c’est mon métier. J’aime la vie sociale, elle moins. Récemment, elle a bien voulu m’accompagner à un festival de musique électro à Verbier. Montre en main, elle a tenu sept minutes et elle est redescendue avec la prochaine cabine! La solution? Pour vivre en harmonie, il faut pouvoir évoluer et permettre à l’autre d’évoluer ensemble. Comme l’a écrit le philosophe Khalil Gibran: Tenez-vous ensemble, mais pas trop proches non plus; les piliers du Temple se tiennent à distance, le chêne et le cyprès ne croissent pas à l’ombre l’un de l’autre …»
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