La navigatrice genevoise Justine Mettraux a fini 8e et première femme du Vendée Globe Challenge. Un exploit historique. Elle raconte son périple autour du monde.

Fin janvier, la Genevoise Justine Mettraux (38 ans) est définitivement entrée dans l’histoire de la voile en finissant 8e et meilleure femme du Vendée Globe, le tour du monde en solitaire et sans escale, la plus extrême, la plus prestigieuse des courses au large, signant même un nouveau record féminin. Revenue du bout du monde, après deux mois et demi en mer, elle fut, entre interviews et rencontres avec ses partenaires, littéralement happée dans un tourbillon, un tout autre monde. Une transition pas trop difficile à vivre? «C’est vrai que je n’ai pas eu une seconde, j’ai enchaîné, mais la tête y était préparée. Le Vendée a beaucoup plus d’impact qu’une transatlantique par exemple», nous glisse Justine depuis Paris, quatre jours après son arrivée.

Sur les derniers kilomètres de son périple, devant un public enthousiaste amassé autour du chenal des Sables-d’Olonnes, la Genevoise a été accompagnée par ses deux sœurs, Lauriane et Élodie, qui l’ont rejointe sur son bateau le TeamWork Snef. Des retrouvailles très émouvantes.

Son tempérament assez réservé cache chez Justine un mental inoxydable, une formidable force intérieure sans lesquels un tel exploit n’aurait pas été possible. «S’il y a une femme qui a la capacité de gagner un jour le Vendée Globe, c’est bien Justine», a déclaré Franck Camas, star de la voile française. Flattée, la Genevoise relativise, bien dans son style. «C’est chouette que Franck ait dit ça, mais dans quatre ans, il y aura des jeunes navigatrices ambitieuses avec des projets compétitifs. Dans cette édition nous n’étions que six femmes sur quarante concurrents».

Six mois, selon les experts, sont nécessaires pour se récupérer d’une telle aventure. Justine en est parfaitement consciente. «Je sens que je vais en avoir besoin. Physiquement ça va, mais je ressens une grande fatigue mentale. Il me faudra du temps pour retrouver l’envie, la fraîcheur».

Bravant les tempêtes, des vagues en forme d’énormes normes montagnes russes, la native de Versoix est passée par tous les états d’âme, le stress, l’inquiétude, mais elle a aussi vécu d’indicibles moments de bonheur, de sérénité. «Le plus fort émotionnellement c’est quand, après un mois dans la grisaille des mers du Sud où on ne voit rien ou presque, le ciel se dégage au large de l’Argentine et qu’on aperçoit à nouveau les étoiles et la Lune».

Dans son journal de bord, publié régulièrement durant la course. Justine Mettraux, outre la voile évidemment, a évoqué des sujets plus personnels, plus intimes. «Si un jour j’ai des enfants, tant mieux; sinon j’apprécie la liberté que cela me laisse. Il faut se satisfaire de ce que l’on a», a-t-elle écrit par exemple. Seule, si longtemps en mer, on pense forcément, malgré la concentration et les efforts requis par une telle course, à soi, à sa propre vie. «La mer est un formidable espace de réflexion», glisse Justine. Durant 76 jours, elle a souvent encouragé de vive voix celui qui fut son seul compagnon, son bateau. «On forme une sorte de binôme, j’avais une entière confiance en lui. À la fin, je l’ai félicité d’avoir si bien tenu le coup».

Chaque jour, en ouvrant les petits sacs contenant son ravitaillement, la Genevoise découvrait une nouvelle surprise que lui avait réservée sa famille, ses proches, les membres de son équipe, des photos, des petits mots de réconfort, un calendrier de Noël, qu’elle a passé pour la première fois seule en mer. «C’était un peu comme si j’avais emmené mes proches avec moi  au large».

Pour se ressourcer, Justine Mettraux a choisi d’aller passer quelques jours à la montagne plutôt qu’à la plage, loin des vagues. Elle en avait besoin.

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