Cinquante-et-un ans après l’ouverture de sa première boutique, le roi de l’optique transmet l’entreprise à ses enfants. Aujourd’hui âgé de 75 ans, Alain Afflelou aspire à des jours paisibles et c’est à Genève qu’il a choisi de vivre.
Alain Afflelou est un visionnaire, un homme qui a compris qu’il fallait casser les codes pour réussir. En 1972, quand ce fils de boulanger, rapatrié d’Algérie, ouvre à Bordeaux une boutique d’optique, il ne veut pas faire comme ses concurrents. Ses collègues sont en blouse blanche derrière des vitrines peu attrayantes, mais lui est convaincu que porter des lunettes ne signifie pas être malade. À 24 ans, il comprend qu’il faut changer les idées reçues: «J’ai vu des mères pleurer quand elles poussaient la porte du magasin avec leurs enfants.» Alain Afflelou tient aussi à ce que les montures soient en libre exposition. «Pour moi, c’était une évidence, les gens devaient comparer les formes et les couleurs sur leur visage», explique l’homme d’affaires. Même si aujourd’hui, cela semble courant, à l’époque, c’est du jamais vu! Autres coups de maître, ses apparitions dans les publicités. Son métier d’opticien l’a sûrement poussé à être visible, mais lui l’est plus que les autres. Son audace et sa modernité payent. En 1984, des professionnels du marketing lui proposent le slogan «On est fou d’Afflelou», il n’hésite pas une seconde. Le succès est impressionnant et dans son élan, il lance le concept des franchises. Pour se faire voir, la marque Afflelou devient sponsor dans le foot. Alain, le fan du ballon rond, est même nommé président des Girondins de Bordeaux, poste qu’il occupe pendant cinq ans. Les idées de génie d’Alain Afflelou ne s’arrêtent pas là. Le self-made-man sait que pour réussir, il faut prendre des risques et il n’a pas froid aux yeux!
En 1999, il crée l’offre «Tchin Tchin», la seconde paire pour 1 franc de plus et c’est un carton. Puis en 2011, il estime qu’il est temps de se diversifier et le groupe se lance dans l’acoustique. Douze ans plus tard, le réseau constitue le premier réseau de franchises de produits d’optiques et d’aides auditives en France avec 891 magasins et au total ce sont 1446 points de vente implantés dans 19 pays dont 20 boutiques en Suisse. Mais bien avant le succès de sa marque, Alain Afflelou a une priorité dans sa vie. Père de quatre garçons et grand-père de cinq petits-enfants, il a depuis toujours de grandes valeurs familiales et il n‘y a qu’à l’entendre parler pour comprendre que ses fils sont la prunelle de ses yeux. «Je pense que l’amour qu’on donne à ses enfants est primordial pour leur épanouissement. J’ai toujours été très proche d’eux». Aujourd’hui et après avoir fondé un empire, l’entrepreneur, parti de rien, prend du recul. «Je me dis que rien n’a été facile dans cette aventure. J’ai construit la boîte brique par brique et je n’ai pas vécu que des bons moments». À présent, il s’occupe toujours de la stratégie de développement et la communication, mais il a passé la main à la nouvelle génération Afflelou. En novembre dernier, son quatrième et dernier fils, Anthony, est devenu PDG du groupe. Ce grand sentimental a dû faire un choix pour assurer la relève de son entreprise: «Mes quatre fils ont chacun des vies différentes et nommer Anthony à la direction générale de l’entreprise était une évidence. Concrètement, Romain ne travaille pas dans la structure, Laurent ne voulait pas changer de fonction (ndlr: il est chargé du développement de la marque en France et à l’international). Quant à Lionel, qui vit à Genève, il n’avait pas envie de déménager, ni d’abandonner son poste actuel.» À 31 ans, Anthony, le fils cadet, a donc pris les rênes et a de grandes responsabilités. Loin de lui l’idée de révolutionner la marque, mais de continuer à la développer sur les bases que son père a su mettre en place. «L’entreprise a été fondée grâce à un ADN très solide, à savoir le respect du client, comprendre ses besoins, innover grâce à notre expertise dans l’optique et communiquer de façon forte et impactante. Il y a le savoir-faire et le faire-savoir. Après on a deux priorités, la première est d’entretenir notre force de proposer à travers nos franchisés toutes les marques et meilleurs produits du marché et d’avoir notre indépendance avec notre propre label. Il y a aussi tout le marché audio. On est une marque référente dans l’optique et on veut parvenir à atteindre le même niveau dans l’acoustique». Ce garçon, à la tête bien faite, reconnaît que c’est grâce aux valeurs inculquées par son père qu’il est arrivé à de telles fonctions. «Il a toujours été très présent, affectueux et pour ce qui est du travail, il nous a appris à nous surpasser. Sa réussite, sa persévérance et son talent sont un exemple extraordinaire. Il est un génie créatif. Quand il a une idée, il l’imagine directement en pub, c’est incroyable». Romain, qui vit à Londres et qui a lancé une start-up dans la mobilité et la sécurité «Cosmo Connected», souligne aussi que son père a cette force d’être à l’aise avec tout le monde. «Il est épatant, remarquable, inspirant et à l’écoute de ses clients, employés et franchisés. Depuis toujours, il a compris que savoir vendre et communiquer ne suffit pas, il faut savoir s’entendre avec les autres». Les fils d’Alain Afflelou ont, comme leur père, le contact facile et l’intelligence de pouvoir identifier les besoins des clients. «Nous sommes partis du constat que le délai d’attente pour décrocher un rendez-vous chez un ophtalmo peut prendre des mois et donc c’est un vrai souci pour la clientèle. Pour pallier ce problème, nous avons mis en place dans les magasins des téléconsultations pour réaliser des examens de vue. Cette initiative permet aux clients de se simplifier la vie», raconte Lionel 47 ans, qui dirige le pôle créatif. Dans l’entreprise, nous voulons sans cesse progresser. «Les points de vente sont de plus en plus nombreux. Le dernier inauguré est à Abu Dhabi», précise Laurent. Concernant les zones qui fonctionnent le mieux, c’est la Suisse qui obtient le chiffre d’affaires le plus important par magasin et en Suisse comme ailleurs, les lunettes «Magic» sont notre grande force, il s’agit du produit le plus vendu. Lancée depuis cinq ans seulement, cette gamme est l’équivalent des huit meilleures ventes de licences dans nos magasins. «Avant tout, c’est le concept qui plaît. Il s’agit d’une paire de lunettes qui se transforme d’un seul geste pour changer de look ou d’usage, se protéger du soleil ou de la lumière bleue par exemple», poursuit Lionel, qui excelle dans le domaine de la créativité. «Le design est évidemment l’un des succès de la marque. Les lunettes sont toutes imaginées à Genève et nous devons toujours surprendre». Aujourd’hui, Lionel vit à moins de dix kilomètres de son père et c’est pour lui un grand bonheur de l’avoir à ses côtés. C’est d’ailleurs Lionel qui a insisté pour qu’Alain vienne s’installer au bord du lac Léman. «Lionel me disait que ce serait une excellente idée d’être réunis et de profiter de deux de mes petits-enfants et je me suis décidé», précise Alain. D’autres raisons l’ont convaincu de venir se poser dans la Cité de Calvin. Après avoir vécu neuf ans dans la ville trépidante de Londres, Alain Afflelou voulait se retrouver dans un lieu plus calme. «J’avais déjà habité à Genève de 1998 à 2001. Je me sens bien ici. Je récupère des années de sommeil et j’évacue tout le stress». Heureux, il l’est! Avec sa bande de copains, il organise de grandes tablées dans des lieux qu’il découvre ou des institutions qu’il aime fréquenter. Quand il ne souffre pas de son dos, il fait du sport dans la salle qu’il s’est aménagé au premier étage de sa maison située sur la rive gauche. Alain Afflelou y vit seul. Après trois mariages, il n’a pas retrouvé la femme idéale mais il avoue ne pas être fermé à l’idée de tomber amoureux. La passion, c’est ce qui l’anime. C’est d’ailleurs ce qui a donné envie au réalisateur français, Alexandre Arcady de faire un film sur son ami. On y découvre la formidable success story du lunetier bordelais, l’homme aux qualités humaines indéniables et à la personnalité remarquable. Il n’a pas été le patron préféré des Français pour rien. Il est clair qu’il est tout sauf fou Afflelou!
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