Un Buddha-Bar Beach éphémère prendra ses quartiers d’été au Grand Hôtel du Lac, à Vevey, durant la Fête des Vignerons. Il s’agira de l’unique enseigne en Suisse de la marque française gérée par Tarja Visan. Rencontre à Vevey.

 

Paris Match Suisse. Tarja Visan, comment est né ce projet à Vevey?

     Tarja Visan. Le directeur et la directrice marketing du Grand Hôtel du Lac, partenaire officiel de la Fête des Vignerons, nous ont contactés. Ils cherchaient à marquer le coup durant la manifestation. C’est un honneur pour nous d’y prendre part! Nous offrirons une oasis de calme au cœur de la Fête avec tous les piliers de la marque: les cocktails, la musique, la déco et la cuisine asiatique avec des touches françaises, mais aussi locales. Notre mixologue a créé pour l’occasion des cocktails avec les vins en compétition à la Fête. Le chef du Grand Hôtel du Lac, Thomas Neeser, reproduira aussi les plats signatures de Wagner Spadacio, notre chef à Monte-Carlo et vice-champion du monde de sushi. Il y a un énorme travail en amont, nous avons même dû construire une seconde cuisine! Si le succès est au rendez-vous, on pourrait imaginer répéter l’expérience chaque été.

Connaissiez-vous déjà Vevey? 

     Non, mais pendant dix ans je voyais la ville depuis Evian où nous avions un spa. (Rires). En Suisse, je connaissais Genève (ndlr: le seul Buddha-Bar suisse, à Genève, a fermé en 2015), Zurich et Gstaad. Vevey est une ville superbe, calme. J’aime beaucoup. Je me réjouis de revenir cet été.

Vous êtes sur tous les fronts avec de nombreuses inaugurations cette année…

     Oui! On vient d’ouvrir un Siddharta Lounge à Ras Al Khaimah. On ouvre un Buddha-Bar à Belgrade en septembre, un au Kazakhstan en fin d’année, un lounge au Qatar et un Barfly à Dubaï. Mais je ne suis pas une superwoman: le Buddha-Bar Beach qui devait ouvrir fin avril en Crète a eu un peu de retard. 

 A quel point vous impliquez-vous auprès de vos franchisés?

     Je supervise tous les premiers pas. Je visite les locaux, je travaille avec mes architectes sur le style. J’écoute toutes les idées de mes collègues. Mais la décision finale, c’est moi qui la prends. Je vais régulièrement sur les chantiers. Puis, je passe encore 3-4 jours sur place pour la formation des employés et pour tester les menus. Et il m’arrive de rester pour la soirée d’ouverture. 

Avec un agenda aussi chargé, comment vous ressourcez-vous?

     Fin mars, nous sommes parties avec mes deux filles, leurs conjoints et mes deux petits-enfants en Laponie, faire du ski de fond, du spa, nous baigner dans les lacs gelés. J’ai besoin de ça pour garder les pieds sur terre et reprendre des forces.

Combien de personnes travaillent pour vous aujourd’hui?

     A Paris, j’ai une trentaine d’employés au bureau et une centaine dans nos établissements. Au bureau de Dubaï, ils sont une dizaine. Je collabore avec deux architectes à Paris, deux à Londres et deux à Dubaï. J’ai une super-équipe. Je travaille depuis 10-15 ans avec les mêmes personnes et depuis vingt ans avec notre mixologue Matthias Giroud. Ce sont les colonnes de l’entreprise. Moi je suis l’ADN. 

Avez-vous songé à vendre la société quand vous vous êtes retrouvée seule à tout gérer, après la disparition de votre époux en 2010?

     Non. Tout le travail accompli, toute la sueur, les bagarres, l’énergie qu’on y a mise: je ne pouvais pas laisser tomber. Je connaissais le job, j’étais là depuis le début. Et je n’étais pas seule: notre fille aînée Ilona travaillait avec nous. C’est elle qui a lancé les hôtels. Pendant douze ans, elle a été un pilier de la société. C’est la seule personne dont j’ai peur! (Rires). Ilona a lancé sa propre boîte il y a deux ans, Picky Spring. Elle travaille énormément, en plus d’élever ses enfants. J’ai beaucoup de respect pour elle.

Comment avez-vous, vous-même, concilié vie de famille et travail?

     Ce n’était pas toujours facile. Il y a eu quelques disputes avec Raymond! Il fallait être très organisés, avoir des jeunes filles au pair. La restauration, c’est surtout un travail de nuit. Je faisais souvent deux dîners: un avec les filles à 19 heures, puis un second dans notre restaurant. Les filles ont beaucoup voyagé avec nous. C’était le seul moyen d’être ensemble et d’être des parents à peu près normaux. Quand elles étaient petites, elles en avaient marre de nos restaurants. Aujourd’hui, à 26 et 29 ans, elles adorent y aller avec leurs amis.

Comment expliquez-vous que les Buddha-Bar soient toujours à la mode?

     Je cherche toujours à les renouveler. J’assiste aux Fashion Weeks pour repérer les tendances de couleurs, de tissus. Je vais voir un maximum d’expos, je me rends dans les foires pour voir les nouveautés en matière de vaisselle, de déco. J’ai aussi la chance d’être informée par mes filles. La cadette, Lenita, est photographe et fashion editor styliste. Elle me conseille beaucoup. 

Qu’est-ce qui fait un bon chef d’entreprise?

     Il faut beaucoup de courage et de positivité, même quand ça va mal. Se lamenter ne sert à rien. J’aborde ma vie privée comme cela également. Je pense aussi qu’en tant que femme, il faut travailler trois fois plus. On ne vous pardonne rien. Je dois toujours être bien préparée. Mais c’est ma nature. Je suis extrêmement organisée et j’ai une très bonne mémoire visuelle. Une fois que j’ai lu un texte ou des chiffres, ça reste dans ma tête. Par contre, je n’ai aucune mémoire des noms, c’est une catastrophe.

Que rêviez-vous de devenir plus jeune?

     Je voulais être médecin et travailler en Afrique. A 16 ans, grâce à un concours, j’ai débuté dans le mannequinat à Paris, tout en poursuivant le lycée en Finlande. Après le bac, j’ai fait une année sabbatique à Paris pour gagner de quoi financer ma médecine. C’est là que j’ai rencontré mon mari, en 1983. Je ne suis jamais rentrée. En 86, on a ouvert un fast-food de produits frais, en 94, le Bar Fly et en 96, Buddha-Bar. Je ne changerais rien à ma vie. La manière dont on a mené le tout était très amusante.

 

Buddha-Bar Beach au Grand Hôtel du Lac, du 1er juillet au 11 août 2019, rue d’Italie 1, Vevey, ghdl.ch, 021 925 06 06

 

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