Elles sont des milliers en Suisse à diriger, sans se faire remarquer, des pme, des start-up, des fondations, des projets personnels. Alors que le 8 mars approche, nous avons voulu mettre en avant 5 femmes exemplaires. 

Véronique Besson-Rouvinez La passion du terroir

Elle est ingénieure, diplômée de l’EFFZ, présidente de «Valais Excellence». Elle a 41 ans et trois enfants. Quoi encore? Ah oui! elle est à la tête, avec ses deux frères, de l’un des plus importants domaines viticoles de Suisse, les Caves et Domaines Rouvinez, à Sierre en Valais. C’est chez elle que, chaque année, 1200 propriétaires amènent leurs vendanges. Qu’elle transforme en vin. Une passion! «Pour faire du bon vin, il faut aimer la gastronomie. Et il se trouve que j’adore ça. Et puis j’aime les ceps, la couleur dorée des raisins, l’odeur de la terre, tout ce qui touche la nature et la vigne.» Véronique Besson-Rouvinez fait partie de la troisième génération d’une entreprise familiale, fondée en 1947 par Bernard Rouvinez, son grand-père. Son père, sa mère, ses frères, son oncle et sa tante, tous ont travaillé au domaine. Un monde qu’elle connaît et respecte. Véronique Besson-Rouvinez cultive le terroir, mais sait aussi faire bouger les fronts, à pas lents, réfléchis, en fixant un cap et s’y tenant. Récemment, elle se trouvait à Martigny, devant une salle de 300 vignerons, pour les appeler à renoncer aux produits phytosanitaires. «Partout où c’est possible». Les retours ont été bons, dit-elle, sans fausse modestie. C’est que dans le milieu, on fait confiance à cette femme «comme eux», à l’allure simple, qui sait séduire en restant authentique. «Nous avons anticipé un changement inéluctable, voulu par les consommateurs, mais aussi la nature, qu’il faut protéger.» Son domaine est déjà largement converti au bio. À preuve, le fameux «Nez noir», du nom des moutons du Haut-Valais, que l’on voit brouter dans les vignes du domaine, dès les premiers bourgeons du printemps, et qui est connu loin à la ronde. Professionnelle et efficace, Véronique Besson-Rouvinez semble avoir trois vies et affiche en tout temps un air tranquille et disponible. Comme si l’agitation du monde lui était étrangère. Elle suit d’ailleurs en ce moment un CAS en gouvernance d’entreprise, à la HES de Sierre. «Je sais créer un bon vin ou racler un fromage. Il me manquait des compétences en gestion», dit-elle en riant. Mais comment fait-elle? L’assurance des gens de la terre sans doute. 

Aude Pugin L’excellence en héritage

Aude Pugin est une héritière. Mais du genre à mériter son destin. Elle dirige APCO Technologies, à Aigle, partenaire majeur des projets de l’agence spatiale européenne. Et préside la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, première femme à le faire. «J’ai appris», dit cette avocate de formation, qui s’est préparée à reprendre les rênes de la PME, fondée par son père, l’un des fleurons de l’industrie romande, active également dans l’énergie et l’industrie naval. «J’ai commencé par être directrice financière, en 2009, avant de participer, au fil du temps, aux décisions stratégiques de l’entreprise. L’avantage d’être actionnaire, c’est que l’on vous ouvre toutes les portes», dit-elle. Lorsqu’on lui fait remarquer qu’on ne voit pas forcément une femme élégante et séduisante négocier les transports de satellite, les attaches de fusée d’appoint ou les sous-systèmes structuraux et thermiques, elle répond avec grâce que les petites filles sont aussi excellentes en maths. Et on s’en veut de cette remarque d’un autre siècle! Aude Pugin est convaincue: «Les femmes doivent oser se mettre en avant et s’investir davantage dans les fonctions dirigeantes, afin d’être représentées partout.» Elle montre la voie.

Charlotte de Senarclens La touche élégante qui fait mouche

Charlotte de Senarclens préside le Conseil de la fondation de l’Orchestre de la Suisse romande, qui est, dit-elle, «dans une belle phase de son histoire». Des salles qui ne désemplissent pas, trente pour cent d’abonnés en plus en deux ans, un niveau musical exceptionnel et pour couronner le tout, un contrat avec le chef d’orchestre Jonathan Nott, reconduit sans limite de fin. Les étoiles sont alignées. L’aura gracieuse de Madame la présidente y est sans doute pour beaucoup. Charlotte de Senarclens a 42 ans, trois enfants, un master en Art contemporain, un passé dans les galeries, maisons de vente aux enchères et la communication, notamment au Musée d’art et d’histoire de Genève, dont elle a présidé durant six ans la Société des amis. Elle n’est que la deuxième femme à la tête du prestigieux orchestre, fondé en 1918 par Ernest Ansermet. «Le travail du Conseil est de définir les grandes orientations, fédérer autour de l’institution, insuffler une énergie positive et pousser chacun à donner le meilleur de lui-même», précise-t-elle. «Il faut savoir rester humble. Il n’y aucune dimension personnelle. Lorsqu’il sera temps de m’en aller, je le ferai avec le bonheur d’avoir pu contribuer au rayonnement de l’OSR.» Nul doute, Charlotte de Senarclens apporte à l’institution vieille de plus de 100 ans, cette élégance qui lui va bien.

Anne Brunner Relier son passé à une noble cause

La discrétion est sa seconde nature et pourtant son parcours est exemplaire. Anne Brunner est directrice de «Fond’Action contre le cancer», l’importante fondation romande, qui, depuis 1999, soutient la recherche en oncologie. Elle l’a connue, de près, cette «longue et pénible maladie», qui a emporté son mari, à 45 ans, «après plus de vingt ans de bonheur partagé», la laissant avec 4 enfants, de 3 à 11 ans. C’est l’équipe du professeur Serge Leyvraz, grand spécialiste des nouveaux traitements anticancéreux, au CHUV, puis à l’hôpital de la Charité à Berlin, qui soignait son époux. Ainsi se croisent les chemins. Anne Brunner avait une formation en sciences politiques et en études européenne. Elle change de voie. «Je ne vis pas avec les fantômes, mais je cherchais un travail qui donne du sens à ma vie. M’engager dans Fond’Action contre le cancer était une manière d’être en lien avec mon passé.» La fondation, que le professeur Leyvraz a rejoint comme président, distribue chaque année plus d’un million de francs à des projets de recherche contre le cancer. Un comité de haut vol, composé de professeurs de toute la Suisse, décide des attributions. Fond‘Action organise aussi un gala de soutien, devenu une institution à Lausanne. «Je ne cherche pas à briller, j’aime les gens altruistes et modestes.» Vous l’êtes, chère Madame!

Nicole Gillioz Faire de la montagne, son métier

Elle ressemble à ces milliers de femmes, entrepreneures dans l’âme, qui n’hésitent plus aujourd’hui à lancer leur projet. Son domaine à elle, c’est à la montagne. Normal, Nicole Gillioz a été professeure de ski, aspirante guide de montagne, sportive de compétition, deuxième de la grande Patrouille des Glaciers, troisième de la Pierra Menta, excusez du peu! Et elle escalade régulièrement les pics du massif du Mont-Blanc. En 2019, elle lance sa société qui organise des trekkings et balades épicuriennes dans les Alpes, entre le Valais où elle est née et la vallée d’Aoste où elle vit en partie, avec son ami, le fameux guide de montagne, Giovanni Bassanini. Les paysages alpins sont dans son cœur et elle veut les faire aimer. Spécialiste en RH et en marketing digital, elle a travaillé plus d’une dizaine d’années dans un bureau d’architecte, qui a lancé les très gros projets de la région de Nendaz. Mais cette vie est derrière elle, tout comme celle faite de compétition. Ce qu’elle veut aujourd’hui, c’est vivre le plaisir d’une forêt de montagne, d’un bon vin du pays ou d’un fromage de tradition. «Je viens d’organiser un anniversaire, autour d’une table apprêtée par un chef à domicile, avec des produits du terroir. La famille voulait une journée exceptionnelle. Elle avait des étoiles dans les yeux. Et moi aussi!»

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