Les JO de Paris, si uniques, ont enflammé la planète. Quatre Romands y ont décroché des médailles. Quelques jours plus tard, ils nous racontent leurs émotions. Leurs familles, fidèles soutiens, témoignent aussi de ce qu’ils ont vécu sur place.
Zoé, Steve, Roman et Audrey nous ont fait chavirer de bonheur. Ce sont les quatre Romands qui ont remporté des médailles lors de ces JO de Paris incomparables, disputés sur des sites historiques en forme de carte postale et dans une ambiance folle, à la fois chauvine et bon enfant. Personne n’attendait un tel triomphe. «Je n’avais jamais connu cela, témoigne le professeur Jean-Loup Chappelet, auteur de plusieurs ouvrages sur l’olympisme et qui a suivi plus de vingt éditions depuis Munich en 1972. Des JO uniques, difficiles à reproduire qui ont eu un effet libératoire pour les Français».
À 42 ans, le cavalier jurassien Steve Guerdat est définitivement entré dans la légende en s’adjugeant, douze ans après l’or à Londres en 2012, l’argent lors du concours individuel avec sa jument Dynamix de Belheme. Il est ainsi devenu le deuxième cavalier le plus titré derrière le Français Pierre Jonquières, vainqueur à Helsinki en 1952 et à Tokyo en 1964. «II faut savoir profiter de moments pareils», nous glisse-t-il quelques jours plus tard. Dans sa carrière si riche en victoires, il a toujours privilégié les Jeux olympiques. «Paris, par exemple, je m’y suis préparé depuis deux ans, en renonçant récemment à des concours très lucratifs».
Époux de Fanny, une très belle cavalière française, jeune papa d’Ella, une fillette de 3 ans, Steve Guerdat est réputé pour son caractère franc et direct, dénué de toute langue de bois. Quand on lui demande quels sont les messages qui l’ont le plus touché, il répond «ceux provenant de supporters qui écrivent aussi quand cela va moins bien». Après sa médaille, il a déclaré, la voix vibrante d’émotion, la dédier aux proches qu’il fait souffrir tout au long de l’année». De qui au juste parlait-il? «Ma femme, ma famille, ma groom. Ce sont eux qui doivent me supporter quand je n‘ai pas été au niveau et que je reste de mauvaise humeur pendant deux ou trois jours en me torturant l’esprit». De même, quand on lui parle de cet écrin sublime de Versailles tant vanté, au lieu des banalités d’usage, il n’hésite pas à émettre des réserves. «Certes, c’était un cadre fabuleux, très beau pour la photo. Mais avec un quart du budget de Versailles, on aurait pu disputer les concours à Fontainebleau, le cœur de l’hippisme français, en renouvelant les infrastructures pour les cinquante prochaines années».
Après l’échec du concours par équipe, cet amoureux des chevaux qui, selon les experts, sait leur parler mieux que tout autre a passé trois jours à redonner confiance à sa jument en la promenant dans les bois en tête-à-tête et cela a porté ses fruits. «Je n’avais jamais senti Dynamix de Belheme aussi stressée, nerveuse que lors de cette première épreuve; elle n’était pas comme d’habitude. Cela a été notre pire parcours ensemble. Mais en individuel, métamorphosée, elle aurait mérité l’or». Quelques semaines plus tôt, profitant d’un concours à Dinard, le Jurassien était allé voir Nino des Buissonnets, le cheval avec lequel il a tout gagné ou presque, à la retraite en Normandie. A-t-il le sentiment qu’il l’a reconnu? «Oui, je crois».
À 21 ans, la jeune Jurassienne Audrey Gogniat (21 ans) a libéré le camp suisse, après quelques jours de disette, en remportant la première médaille, le bronze au tir à la carabine à 10 mètres, ce qui l’a projetée d’un jour à l’autre sous le feu des projecteurs. Dans ce sport si mental, elle a réussi cet exploit grâce à son truc à elle pour entrer dans sa bulle, à savoir dessiner des aquarelles peu de temps avant le concours. «C’était incroyable, cette médaille, j’y repenserai toute ma vie», nous confie-t-elle depuis l’université du Mississippi aux États-Unis qu’elle a rejointe juste après les JO. Ayant reçu une bourse, elle y restera quatre ans en conjuguant études de sport et entraînements de tir. «Dans la vie, j’ai une devise: chaque fois qu’une porte s’ouvre, je la prends et pour celle-là je n’ai pas hésité». Le plus beau message qu’elle a reçu? Paradoxalement, elle cite celui que sa sœur aînée lui a envoyé juste avant le début des compétitions. «Elle m’a écrit: Audrey, quoi que tu fasses, on sera fier de toi.» J’ai pleuré en lisant cela. À Paris, elle était soutenue par une bonne trentaine de Jurassiens, dont son papa Raymond qui lui a donné le goût ce sport depuis toute petite. «Je l’emmenais avec moi sur les stands à travers tout le pays. À 10 ans, Audrey avait déjà une carabine dans les mains», raconte-t-il. À la réception de la médaille, lui et son épouse ont eu des larmes de bonheur et quand Audrey est venue vers eux, son papa lui juste fait un clin d’œil, ça voulait tout dire.
Étudiant en droit, le nageur genevois Roman Mityukov a réalisé le rêve de sa vie en s’adjugeant une médaille de bronze à Paris sur 100 mètres dos. «Quand à 7 ans, j’ai commencé la natation, je ne pensais même pas me qualifier un jour pour les JO. Alors décrocher une médaille, c’est fou; encore aujourd’hui je n’ai pas les mots. Je ne suis que le quatrième nageur suisse médaillé olympique dans l’histoire». Il nous raconte cela de retour d’une semaine de vacances en Grève et avant de repartir en Croatie. «Je me suis baigné mais sans nager», rigole-t-il. Il s’est accordé un mois de congé après une préparation si intensive.
Son moment le plus fort à Paris, c’est quand il a pris sa maman Tatyana dans les bras juste après la cérémonie des médailles. «Je faisais mon tour d’honneur et elle est descendue des gradins, c’était très émouvant». Déjà deuxième en début d’année des Mondiaux de Doha, le Genevois s’est sublimé le jour J, là où tant d’autres craquent. «J’étais très nerveux, mais j’ai réussi à contrôler mes émotions. La pression, si tu ne l’a ressens pas aux JO, c’est que tu n’es pas au bon endroit». L’ambiance de feu régnant à la piscine de La Défense l’a boosté. «Je suis ensuite allé voir l’athlétisme et le basket, mais je n’ai pas retrouvé une telle folie. Comme un Français se trouvait dans chacune de mes séries, il y avait un bruit incroyable, ça donnait des frissons. J’ai pris ça pour moi et cela m’a donné de l’énergie». Cette médaille constitue la plus belle des récompenses pour ce stakhanoviste qui se coltine dix séances par semaine dont six le matin à 7h à la piscine des Vernets. Ce qui ne l’a pas empêché de décrocher son bachelor récemment.
La Vaudoise Zoé Claessens (23 ans), deux fois vice-championne du monde de BMX a su comme Roman répondre aux attentes en se parant de bronze elle aussi à Paris. «Ma plus belle médaille», a-t-elle déclaré. Elle est partie se reposer en Guadeloupe après les jours de folie qui ont suivi. Elle a notamment été accueillie par plusieurs centaines de personnes dans son village d’Échichens où Philippe Jubin, le syndic, lui a lancé: «Zoé, tu es un modèle, une source d’inspiration pour nous tous.» À Paris, sa grande famille était là presque au complet pour la soutenir, ses deux sœurs, trois de ses quatre frères, tous sauf l’aîné Bastian (27 ans) dont l’épouse est enceinte. Vincent, le papa, a eu très peur quand sa fille a failli être éliminée en quarts de finale. «D’habitude, elle fait la course en tête, mais là elle s’en est sortie lors de la dernière ligne droite. Heureusement, en finale, elle s’est totalement reprise», nous glisse-t-il. Et d’ajouter: «Pour elle, cette médailles est une délivrance, un soulagement. Quand elle est venue vers nous, sa smala, nos visages en disaient plus que les paroles». Dans les années 80, ce génial créateur d’entreprises fut un des pionniers du BMX en Suisse en creusant avec des amis la première piste du canton de Vaud. Il a transmis le virus à tous ses enfants, sauf la fille aînée. Et Zoé lui a apporté le plus beau des cadeaux.
Ces JO de Paris et leur ambiance unique, même les Suisses qui n’ont pas décroché le résultat espéré en garderont un souvenir à part. Comme l’escrimeur valaisan Alexis Bayard, 15e mondial, mais éliminé dès le premier tour dans l’écrin mythique du Grand Palais qui n’avait jamais connu une telle transe collective. «Il y avait 7000 spectateurs qui chantaient la Marseillaise, on se serait cru à un match de foot; ça me restera à vie, même si je n’ai pas performé. Comme à la cérémonie d’ouverture, il pleuvait mais on s’en foutait». Même enthousiasme chez la cycliste genevoise Elise Chabbey, 18e alors qu’elle visait une médaille, mais qui a eu des frissons lors du final dans les rues bondées de Montmartre. «Inimaginable, on ne s’entendait plus».
Hors compétition, un autre Suisse a crevé l’écran le jeune et génial styliste valaisan Kevin Germanier (32 ans) qui a dessiné les costumes de la cérémonie de clôture, ce qui lui a valu les éloges unanimes de la presse mondiale. Jusqu’à dimanche, les Paralympiques prolongeront la magie de ces JO de Paris. Pour Los Angeles, la barre est placée très, très haut.
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