Pascal Meyer, le fondateur du site QoQa avec le soutien de la Vaudoise Assurances et du Groupe Mutuel, lance en urgence une plate-forme de soutien pour les commerçants en difficulté: «La situation est grave, il faut agir dès maintenant.»

«Nous lançons un appel à la solidarité de la communauté Qoqa pour soutenir les commerces locaux en achetant directement chez eux, clame Pascal Meyer, le champion romand de la vente en ligne. Le but est de mettre en place un carnet d’adresses des marchands qui  restent ouverts ou  ceux que l’on peut soutenir malgré leur fermeture durant le confinement», explique le fondateur de cette communauté d’achat de 700 000 membres. Un trentenaire qui ne se prend pas trop au sérieux, n’hésitant pas à signer ses messages du titre de «loutre en chef». Marié à la fille d’André Borschberg – un habitué du confinement après son tour du monde en avion solaire –, il est père d’une petite fille de 4 ans.

La plateforme QoQa qui compte 117 employés a été lancée en 2005 avec pour devise: «On fait n’importe quoi, mais on le fait pour toi.» Il a vendu des voitures comme une Fiat 500, une Mini, une Porsche 921 et une Tesla avec 30% de rabais, voire à moitié prix. Il a écoulé des séjours dans des palaces au prix d’un trois-étoiles. Il a fait acheter un Picasso à 25 000 internautes qui ont acquis ensemble le tableau «Buste de mousquetaire» datant de 1968 pour 2 millions de francs. En trois jours, ils se sont arraché 40 000 parts à 50 francs. Au-delà du «buzz»  dont Pascal Meyer est passé maître, l’idée de départ était de démocratiser le monde de l’art. La société a ajouté des filiales spécialisées sur la nourriture (Qooking), le sport (QSport) et le vin (QWine). Nouvelle étape, la construction d’un siège à Bussigny, un projet à 50 millions de francs qui accueillera 400 personnes sur 15 000 m2. La recette de QoQa est sans faille: «Notre clientèle est disparate et ne compte pas que des jeunes de 20 à 30 ans, mais aussi des sexagénaires, notamment dans les domaines du vin et de l’hôtellerie.»

Soutenir les petits commerçants

Aujourd’hui, avec les dégâts collatéraux du Covid-19, Pascal Meyer a pris le parti de ne pas rester les bras croisés: «L’équipe QoQa a planché tout un week-end. Il a fallu que tout le monde y croie et adhère, c’est ainsi que fonctionne la communauté», commente le Lausannois d’origine jurassienne. «C’est un projet complètement désintéressé. A la base, nous voulions créer un annuaire pour recenser les commerçants et utiliser notre visibilité pour leur faire de la pub.» Puis l’on s’est dit: «Mais est-ce qu’on ne pourrait pas trouver un moyen de les aider encore plus? D’où l’idée de proposer à la communauté Qoqa d’acheter des bons permettant de les soutenir encore plus efficacement. Elle paie 90 francs pour un bon de 100 francs. S’y ajoute un montant supplémentaire de 20 francs.» Pour cela, Pascal Meyer s’est tourné vers la Vaudoise Assurances à Lausanne et le Groupe Mutuel à Martigny. Cela s’est joué en 48 heures. Les deux concurrents nous ont dit: «Dans une situation hypercritique, il faut unir nos forces pour injecter de l’argent directement dans l’économie. On leur a proposé de mettre un million chacun dans l’opération. Ils ont d’abord toussé, puis ont acquiescé d’un commun accord.»

«Tout le monde y gagne»

Pour Pascal Meyer, la réaction de la communauté QoQa comme celle des commerçants locaux a cartonné: «Plus de mille d’entre eux ont manifesté leur intérêt en trois jours.   Nous avons ainsi pu aider David Lizzola, le patron de LéguRiviera qui approvisionne notamment les hôtels de la région lémanique. Il se retrouve avec des tonnes de marchandises sur les bras. Qoqa a décidé de promouvoir un panier de maraîcher de 10 kilos livré à domicile, qui s’est vendu en moins de trente minutes.»

Pour les commerces qui sont fermés, en revanche, comme les restaurants, QoQa ne peut pas proposer des bons à valoir plus tard, pour des questions juridiques en cas de faillite: «Mais il est possible de leur accorder un soutien sous forme de dons sur lequel nous ajoutons 20% supplémentaires», promet Pascal Meyer avec l’idée que le jour où l’établissement rouvrira, ceux qui le souhaiteront pourront le convertir en bons ou autres avantages en nature: «Le lancement a été une réussite; en deux heures, le site a réalisé le chiffre d’affaires qu’il pensait boucler en un week-end.»

Ainsi tout le monde y gagne, même si ces bons sont 100% virtuels: «Cela a quand même  un coût énorme pour QoQa: en une semaine, nous avons dû mettre au point le développement de la plate-forme. Nos techniciens ont bossé jour et nuit, c’est un truc de taré. Sans compter que l’on paie tous les frais de transaction des cartes de crédit. Mais la situation est tellement grave maintenant: si l’on ne veut pas perdre tous ces petits commerçants, il faut vraiment que l’on se bouge aujourd’hui. C’est peut-être mon côté tête brûlée de Jurassien, mais il faut absolument agir sans tarder.» 

Action de Pâques pour les hôpitaux

Reine du chocolat lausannois, la Maison Manuel a lancé une action de solidarité pour les établissements hospitaliers et leurs patients, telles que le CHUV, l’Hôpital de Morges, la clinique La Source et des EMS: «Grâce aux dons recueillis auxquels nous ajoutons 25%, nous avons commencé à leur livrer notre chocolat, et notamment des lapins de Pâques», assure le directeur Alexandre Manuel.

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