Il ne figurera certainement pas parmi les favoris à la présidence opérationnelle de l’Organisation mondiale du commerce à Genève (OMC). Mais le Suisso-Egyptien a des arguments. Et il attend de la Suisse qu’elle le soutienne.

Abdel-Hamid Mamdouh a passé une bonne partie de sa carrière dans le comité de direction de l’OMC. Il oeuvrait déjà dans la maison à la grande époque du multilatéralisme commercial des années 1990. Il en connaît tous les mécanismes.

C’est précisément ce qu’il faut pour entamer de manière efficace les réformes que tout le monde attend aujourd’hui, proclame-t-il. En fin de cycle néolibéral, il ne s’agit pas de liquider la mondialisation. Il faut en réaménager les règles en tenant compte des nouveaux (dés)équilibres économiques, et de la révolution numérique.   

C’est pourtant peu dire que cette candidature n’est pas favorite. L’Afrique, qui ne l’a jamais eue, revendique cette importante direction du commerce mondial. Le continent africain a plusieurs candidats de haut niveau, dont deux candidates d’Afrique subsaharienne. On la voit mal soutenir autrement que pour la forme un Egyptien en fin de trajectoire. Surtout face à l’Union Européenne, qui a aussi des visées sur cette organisation internationale hypersensible en période de crise du multilatéralisme.

Dans une interview au Temps (mardi 9 juin), Hamid Mamdouh fait savoir qu’il attend également de la Suisse, son pays d’adoption et celui de ses enfants (qui font leur armée ici), qu’elle le soutienne. Ce sera bien difficile dans les circonstances du moment : la Suisse, dont la politique européenne exaspère, ne semble pas en état actuellement d’avoir des positions politiques susceptibles de déplaire à Paris, Berlin et Bruxelles. En plus, elle a déjà eu un directeur de l’OMC (GATT à l’époque) en la personne d’Athur Dunkel (1980-1993).

Sur le fond, le pays hôte ne cesse pourtant de se présenter comme défenseur d’un multilatéralisme global qui lui a remarquablement réussi. Le binational égyptien n’a guère de chances de s’imposer ? Le soutenir serait néanmoins une manière de profiler davantage, et surtout plus concrètement, ce que défend la Suisse à l’échelle planétaire. Contre le retour, même partiel, des superpuissances, des rapports de force et du protectionnisme. Une phase dont 190 puissances secondaires et petits Etats dans le monde ont déjà hâte qu’elle se termine. Le moins mal possible.                

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