Jasmine Audemars préside Audemars Piguet, créée par son arrière-grand-père au Brassus en 1875. Plus que jamais la marque cartonne aujourd’hui. Rencontre avec «la grande dame de l’horlogerie suisse».
En 1875, Jules-Louis Audemars et Edward-Auguste Piguet, copains depuis l’école primaire, fondaient la marque Audemars Piguet au Brassus. Depuis 1992, Jasmine Audemars, l’arrière-petite-fille de Jules Louis, préside le Conseil d’administration de la marque, symbole s’il en est de la haute horlogerie suisse. Près de 150 ans ont passé, quatre générations se sont succédé. Aujourd’hui, Audemars Piguet reste la seule société horlogère en mains des familles fondatrices. Jasmine Audemars y voit à la fois une fierté et une responsabilité. «Une responsabilité vis-à-vis de ceux qui nous ont précédés, de nos collaborateurs. La marque a surmonté les crises, les guerres. Nous essayons d’écrire un nouveau chapitre et le pari est excitant.
Celle qu’on appelle la «grande dame de l’horlogerie suisse» nous reçoit, avenante et cordiale, dans la très chic boutique genevoise, située au pied de la Vieille Ville, place de la Fusterie. 2019 est une année marquante pour Audemars Piguet. La Royal Oak reste bien sûr le produit phare de la marque. Son lancement en 1972 avait été un pari audacieux: la montre était de forme octogonale et pas ronde, en acier et pas en or, comme c’était la norme.
Aujourd’hui, la Royal Oak représente la majorité des ventes. Mais en janvier, grand événement, Audemars Piguet a lancé une nouvelle collection baptisée «Code 11.59, by Audemars Piguet», 13 modèles d’une montre urbaine ronde, qui a nécessité sept ans de conception et de mise au point. 11.59 autrement dit une minute avant un nouveau jour, le symbole d’une marque toujours tournée vers le futur.
Jasmine Audemars se dit satisfaite de débuts «conformes à nos prévisions». «Les amateurs de la marque sont très intéressés. C’est une opération à long terme, on va se donner le temps. La marque évolue, nous ne nous endormons pas sur nos lauriers.»
Economiquement, Audemars Piguet se porte à merveille. Depuis 2012, le chiffre d’affaires a doublé, passant même le cap du milliard en 2018. «C’est effectivement une très belle progression mais le principal est de rester solide, sain financièrement, d’y aller pas à pas» relativise Jasmine Audemars, avec la légendaire modestie des Combiers, les habitants de la vallée de Joux. La stratégie consiste notamment à maîtriser au maximum le réseau de distribution afin d’améliorer l’expérience client, mais aussi de créer des boutiques en franchise avec des partenaires. Dès 2025, si tout va bien, Audemars Piguet emménagera au Brassus dans un nouveau centre regroupant toutes les activités, des ateliers au marketing, éparpillées sur une douzaine de sites jusque-là. Le campus favorisera les échanges entre les collaborateurs. L’hôtel et le musée seront quant à eux destinés à améliorer l’accueil des clients. Le Brassus, éternel point d’ancrage. «Nos racines profondes sont ici et j’adore les hivers à la Vallée. Mais, plus que jamais, nous restons ouverts sur le monde.»
Jasmine Audemars n’a pas son connu Jules-Louis, son glorieux aïeul, fondateur mais elle en a souvent entendu parler. «Il avait, paraît-il, un caractère très prononcé et sa femme était une sainte» souligne-t-elle, sur le ton de la plaisanterie. De son enfance passée au Brassus, elle garde des souvenirs éblouis. «On faisait les fous à vélo. J’ai baigné dans l’horlogerie depuis toute petite. J’entendais parler technique tous les jours. J’adorais aller à la manufacture et fouiller les tiroirs. J’étais fascinée pas ces mille parties fines, certaines invisibles à l’œil nu.» A 16 ans pourtant, elle quitte Le Brassus pour Londres. «J’avais envie de découvrir le monde, de passer les montagnes.»
Sa vie professionnelle a été partagée entre deux passions, le journalisme puis l’horlogerie. Elle a passé pas moins de 23 ans au «Journal de Genève», dont les douze dernières comme rédactrice en chef. «J’ai adoré le journalisme. Il n’y a jamais deux jours qui se ressemblent. J’ai pu faire éclore de nombreux talents.» Fidèle lectrice du «Financial Time» et de l’«Economist», elle se dit très préoccupée par la crise qui frappe la presse. «La pub qui se déplace vers les réseaux sociaux, la pression est terrible. Et pourtant entre l’avalanche des fake news et la montée des nationalismes, nous avons plus que jamais besoin d’un journalisme solide.»
C’est au début des années 90 que son père lui a demandé de prendre la tête du Conseil d’administration. «J’ai demandé une année de délai pour m’organiser. C’était le moment de changer de vie. J’ai vécu l’âge d’or de la presse.» A ses yeux, les deux milieux ne manquent pas de parallèles. «L’horlogerie a aussi besoin de talents, de curiosité, d’enthousiasme. A 90%, tout dépend de l’être humain. Je suis fascinée par la capacité de nos équipes à résoudre des problèmes apparemment impossibles.»
Côté sponsoring, Audemars Piguet se concentre notamment sur le golf, sport que Jasmine Audemars ne pratique pas. «Je n’aurais pas la patience» sourit-elle. Mais la marque restera à jamais associée à la double victoire d’Alinghi à la Coupe de l’America. «Le contrat avait été gribouillé sur une feuille. On avait pris le risque et cela a payé, c’était fou.»
Parmi ses activités, Jasmine Audemars préside aussi la Fondation Audemars Piguet, créée en 1992, forte d’une une double vocation: soutenir la conservation des forêts et sensibiliser les enfants à l’environnement. «C’est du concret, nous sommes présents dans 44 pays» conclut la présidente, visionnaire mais les pieds sur terre. Comme tout Combier qui se respecte.

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