Maradona, l’icône absolue du ballon rond, est décédé mercredi provoquant une onde de choc en Argentine et dans le monde entier. Trois personnalités incontournables du football suisse, lui rendent hommage. Chacun dans son style.

«J’ai pleuré», Nestor Subiat, d’origine argentine, sélectionné 15 fois en équipe suisse

Nestor Subiat se définit lui-même, en rigolant, comme le plus «argentin des Suisses». Originaire de ce pays d’Amérique du Sud, il a ensuite été naturalisé et porté 15 fois le maillot de la Nati, notamment lors de la Coupe du monde en 1994. Il a pleuré mercredi en apprenant la mort de son idole. «Cela a été un choc pour moi comme pour 45 millions d’Argentins. Alors, oui, je n’ai pas pu retenir mes larmes et j’en suis fier. Diego nous a donné tellement de joie et de fierté. Diego, pour moi comme pour tous les Argentins, c’était plus qu’une personne, c’était un sentiment qu’on éprouve à l‘intérieur de soi.» Nestor Subiat a rencontré une fois Maradona dans sa vie, pour de vrai, en chair et en os. C’était en 1987, à Zurich, à l’occasion d’un match amical Argentine-Italie, et cela restera comme il le dit, comme «le plus beau moment de ma vie». J’avais 20 ans, j‘avais même pu monter dans le bus de l’équipe argentine, Diego faisait le fou tout derrière. Quand il a appris que j’étais aussi joueur pro, il a tapé du poing sur son cœur et m’a dit: «C’est comme cela qu’on doit jouer quand on est Argentin.» Nestor Subiat a toujours eu autant d’admiration pour Diego le joueur que pour l’homme, si controversé parfois. «Avec un ballon, Diego était aussi habile qu’on l’est avec nos mains. Doté d’une technique parfaite, il était totalement imprévisible sur un terrain. Et j’aimais son côté insoumis, osant dire les choses sans filtre, qui était lié avec Chavez, avec Fidel Castro, qui assumait ses choix politiques.»

 

 «Un pur génie, comme Baudelaire ou Wagner», Bernard Challandes, entraîneur, champion suisse avec Zurich en 2009

«Bien sûr, j’ai adoré Cruyff, j’ai adoré Pelé, c’étaient des joueurs hors norme, mais que je qualifierai de normaux. Maradona était différent, je le place encore dans une autre catégorie. Sur le terrain il a réalisé des actions, des gestes uniques, venus d’ailleurs, qu’on ne reverra plus.» Champion suisse avec Zurich en 2009 et actuel entraîneur du Kosovo, le Neuchâtelois Bernard Challandes, personnalité incontournable du football suisse, se trouvait dans le stade Aztèque à Mexico lors du Mondial 86 quand l’Argentin a signé le plus fameux but de sa carrière, ce slalom pour l‘éternité, où il avait éliminé cinq Anglais avant de tromper le gardien Shilton. «Tout le monde s’est levé dans le stade en voyant cette action, même les supporters anglais. Cela reste peut-être le plus grand moment de l’histoire du football.» Les frasques, les dérives de l’Argentin qui l’ont fait partir trop tôt, Bernard Challandes préfère les ignorer. «Wagner, Rimbaud, Hemingway, eux aussi ont mal fini, c’étaient des artistes maudits. Baudelaire buvait, Toulouse-Lautrec fréquentait les filles de joie. Au même titre qu’eux, Maradona était un pur génie. Tout ce qui importe chez de tels personnages, c’est ce qu’ils ont créé, le reste on s’en fout. Maradona laissera une trace à jamais, je le regrette déjà.»

 

«Il s’amusait avec le ballon», Stéphane Chapuisat, plus grand joueur suisse de l’histoire, vainqueur de la Ligue des Champions avec Borussia Dortmund en 1997

Fort de 103 sélections en équipe suisse et d’une victoire en Ligue des Champions avec le Borussia Dortmund en 1997, Stéphane Chapuisat reste l’attaquant suisse le plus prestigieux. La disparition de Diego Maradona l’a évidemment beaucoup touché. «Il m’a tellement fait rêver, je garde tellement de souvenirs liés à lui. Oui, pour moi, cela a été une très triste nouvelle.» Dans un éternel débat, considère-t-il le génial Argentin comme le meilleur joueur de l’histoire? «Il est toujours difficile de comparer les périodes, mais une chose est sûre, c’était un pur génie.» Qu’est ce qui en faisait, à ses yeux, un joueur si unique? «Sa technique hors norme. Déjà à l‘échauffement, cela sautait aux yeux, contrairement aux autres, il s’amusait avec le ballon, il jonglait, il réalisait des trucs incroyables. Il avait tout, un super pied gauche, la vision du jeu.» Quant à ses démons intérieurs qui lui ont été fatals, Stéphane Chapuisat se refuse de juger. «Je pense que dans sa vie d’après, il n’a pas été entouré par les bonnes personnes.»

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