Découverte d’une œuvre foisonnante, celle d’un écrivain qui aime à passer du stylo au pinceau.

Dans ses peintures, Jacques Chessex faisait-il la chattemite? Autrement dit, selon le dictionnaire, affectait-il «des manières hypocrites et doucereuses» pour séduire, voire tromper son monde? Loin de là. Son œuvre captive de manière franche, directe, voire provocante. Et c’est la Chattemite, mi-ange mi-démon, qui en est le cœur. A Buchillon (VD), la galerie Aarlo u Viggo donne à voir un large aperçu – une dizaine d’années – du travail pictural de l’auteur de «L’Ogre», Prix Goncourt 1973, du «Vampire de Ropraz» et des «Yeux jaunes». Plume ou pinceau, Chessex couche sur le papier ses désirs et ses obsessions. Il a de prestigieux devanciers. Victor Hugo, Friedrich Dürrenmatt et, dans un autre registre, Federico Fellini ont également démontré la multiplicité de leurs talents au gré d’innombrables expositions et publications.

Jacques Chessex fait de tout son miel. Encre, aquarelle, gouache, acrylique… page de journal, enveloppe, voire beau papier Arches… Chat et chattemite, chien parfois, minotaure s’y imposent dans une profusion de couleurs. Bien sûr, l’influence de Picasso, voire d’Antonio Saura peut s’y lire. Chessex ne se considérait pas comme un peintre, lui qui savait si bien commenter la peinture des autres. C’est en poète qu’il traçait ces figures, qu’il étalait ses pigments. En poète maudit, qu’il multipliait les sexes ouverts ou dressés. Seins, sexes et sun… un soleil implacable irradie, en effet, nombre de ses images. Ce n’est que sous l’amicale pression de ses proches qu’il avait accepté d’exposer, d’abord en Espagne, puis à Soleure. Les cimaises de la galerie Aarlo u Viggo viennent à point nommé rappeler que l’œuvre peut être le miroir de l’artiste.

Galerie Aarlo u Viggo, Buchillon, jusqu’au 31 juillet. Pour les horaires d’ouverture: www.aarlouviggo.com

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