Retiré de la scène, le danseur étoile expose ses créations à base de chaussons, entre sculptures et installations.
Pour un danseur, le chausson est comme une seconde peau. C’est un témoin des succès et des doutes, un complice, parfois un bouc émissaire, à en croire Jean-Charles Gil. Danseur étoile international, ce Lausannois d’origine a entretenu un lien étroit avec ses demi-pointes. Son pied légèrement plat lui imposait chaque matin tout un travail pour maintenir le cambré qu’exige la danse classique. De cette relation, des œuvres conservent maintenant le souvenir. Ayant abandonné la scène, l’âge venu, puis la direction de compagnie, Jean-Charles Gil a trouvé une nouvelle forme d’expression: des compositions plastiques, entre sculptures et installations, entièrement constituées de chaussons de danse.
L’imagination de Jean-Charles ne connaît guère de limite. Jamais pareilles, ses œuvres témoignent d’un constant renouvellement. De par leur agencement, mais aussi parce que la gamme des chaussons est large: neufs, usés, d’enfant, d’adulte, demi-pointe, pointe (pour les ballerines), avec ou sans ruban, blancs, gris, roses, rouges, noirs… Il a commencé par utiliser les siens lorsqu’il était étoile des Ballets de Monte-Carlo, mais rapidement sans propre stock n’a plus suffi. Aujourd’hui, Jean-Charles recourt à ceux de ses amis, à raison de dix, vingt, voire cinquante paires par composition.
Si l’idée de ces tableaux plastiques lui est venue alors qu’il terminait son contrat dans la principauté, il ne l’a développée qu’il y a cinq ans. Après avoir fondé et dirigé le Ballet des Jeunes d’Europe, devenu le Ballet d’Europe. Formé à Lausanne par Simone Suter, engagé après une audition au Théâtre de Beaulieu par Roland Petit lors d’une tournée du Ballet national de Marseille, Jean-Charles Gil en dépit d’innombrables voyages autour du monde s’est trouvé une seconde patrie dans le Sud de la France. Voire une troisième puisqu’il est né en Espagne. Avec la région aixoise pour port d’attache, il mené une prestigieuse carrière du Ballet de San Francisco à celui de la Scala, du Béjart Ballet Lausanne à l’Opernhaus de Zurich. Sans oublier de flatteuses invitations à l’Opéra de Paris, au Ballet national du Canada et au Metropolitan Opera de New York où, comme le rappelait naguère Roland Petit, il fut avec Patrick Dupond «la star de la saison et la coqueluche des New-Yorkais».
Contre toute attente, Jean-Charles gère un domaine agricole avec chevaux, vaches, poules, oies… au cœur de la Provence, au bord de la Durance. «Gentleman-farmer, c’est bien, nous explique-t-il, mais la stimulation artistique a fini par me manquer». Comment s’en étonner? Le chorégraphe qu’il est également a éprouvé le besoin de renouer avec la création. Dans l’atelier qu’il s’est aménagé dans une annexe de la propriété il s’est remis à l’œuvre, face à ces demi-pointes qui ont longtemps constitué son quotidien, face aux pointes récoltées auprès de ses partenaires. L’originalité de ce travail n’a échappé ni aux galeristes ni aux collectionneurs. «Jusqu’à maintenant, je ne souhaitais pas vendre trop de pièces. Elles sont uniques. Et comme je débutais, j’avais envie qu’elles soient vues avant qu’elles ne partent, comme celle-ci dans un appartement de Paris ou comme celle-là dans un chalet de Megève.»
L’historienne d’art Marie-Joëlle Bonnefoy-Lefeuvre, en marge d’une de ses expositions, voit dans les créations de Jean-Charles «une œuvre immergée dans une étonnante alchimie d’ordre et de désordre, de mouvement et d’immobilisme décomposant et recomposant à l’infini des tableaux à la fois pareils et dissemblables, vus sous le prisme d’un surprenant kaléidoscope, avec, à la manière d’un bouquet final, un mandala de chaussons de danse, irradiant et secret». On ne saurait mieux dire.
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