Photos: Valdemar Verissimo
Jean Reno, acteur, icône du cinéma français, ses films ont marqué les esprits, en France et à l’international. Il s’est fait remarquer dans «Le Grand Bleu» en 1988, «Nikita» en 1990, «Les Visiteurs» en 1993 comme dans «Léon» en 1994 et tant d’autres depuis lors. L’acteur s’est jeté depuis peu avec une certaine exaltation dans l’écriture et signe un premier roman passionnant, «Emma» sorti aux Éditions XO. Le succès a été immédiat.
La rencontre a lieu dans une suite du Beau Rivage Palace, une fin d’après-midi brumeuse. Jean Reno invité par son ami Renaud Capuçon et l’Orchestre de Chambre de Lausanne, pour réciter «Pierre et le loup», nous reçoit avec une gentillesse extrême. Son charisme et sa prestance touchent d’emblée. Sa femme Zofia l’accompagne. Une beauté naturelle, un charme et une douceur en harmonie avec son chevalier. Elle veut rester discrète. Nous insistons pour une photo du couple. Ils sont si parfaits, si complices que les immortaliser s’imposait. Zofia finit par céder avec cette grâce qui la caractérise.
Jean Reno, comment avez-vous vécu votre prestation dans «Pierre et le loup» hier soir?
J’avais le trac. Je me posais la question: «Qu’est-ce que je fais là?» Mais une fois le spectacle commencé, je me suis senti bien…» Le chef d’orchestre reste pour moi un mystère. J’admire sa gestuelle qui emporte et fait le lien de façon imperceptible avec ses 40 musiciens. Je crois que les gens ont beaucoup aimé. Les retours sont très bons.
Être invité et dirigé par Renaud Capuçon, un bonheur…
Renaud est un ami. Je vis cette expérience comme si j’avais 16 ans et ça me ramène à mon enfance. Le frère de ma mère était chanteur d’opéra. La musique a toujours été présente dans ma vie.
«Emma», votre roman, a reçu d’excellentes critiques. Comment est né ce désir d’écrire?
Le désir s’est fait sentir lors d’un séjour à Quiberon. Nous avions été massés, Zo et moi, par une jeune fille. L’inspiration est venue de là. Emma dont les mains sont magiques se trouve plongée dans une incroyable affaire d’État. Et cette femme se révèle. Forte, redoutable et intrépide. Le livre est donc l’histoire d’une femme. Une romance qui met en lumière la relation à l’être humain.
Dans votre livre vous parlez d’un chat. À n’en point douter, vous les aimez et reconnaissez leur côté souverain?
Des chats ont aussi croisé ma vie. Je les connais. Aujourd’hui nous avons deux chiens, des bergers australiens qui font notre bonheur. Je suis fidèle, je suis sensible à la fidélité en amour et aussi en amitié. J’aime la constance. Je suis fils d’immigré, la constance est un acte de foi.
Quelle a été la plus dure épreuve de votre vie?
Si on parle d’épreuve, je la ressens maintenant; la maison de Laetitia Hallyday vient de brûler. Face à l’épreuve, j’ai une croyance. Avancer, faire autre chose. Je suis continuellement dans le projet. Dernièrement j’ai appelé Marc Levy, il est le détenteur de kyrielle de choses, de peines, d’espoirs… En 2026, je serai seul sur scène au Japon. Mon projet.
Vous vous êtes marié trois fois, romantique, vous croyez donc au mariage, pourquoi?
Je ne me suis jamais rêvé seul! L’âme sœur, cette personne qui vous complète sans vous ressembler, c’est Zo pour moi. On échange, elle rebondit avec moi, j’adore. Avec elle, c’est simple, pas compliqué. Nous habitons New York, j’ai traversé un continent par amour pour elle. Et quand on veut sortir du brouhaha new-yorkais, on se retire aux Baux-de-Provence. Nous y sommes merveilleusement bien et parfaitement intégrés. J’y suis même conseiller municipal.
Vous êtes l’homme d’une seule femme…
Papillonner, ce n’est pas mon style. Je ne critique pas ceux qui le font. À chacun son état d’esprit. Ma femme a changé ma vie. J’ai plus écouté, plus entendu. Je ne me pose pas de question, j’ai des réponses. Avant, dans mes autres vies maritales, j’étais souvent dans le pourquoi.

Et si on parlait de vos rêves…
Mes enfants représentent mes rêves. Ce que je souhaite, partir d’un coup sans les embêter,
Aujourd’hui, êtes-vous un homme accompli, en harmonie avec votre être profond?
Nous ne sommes jamais accomplis! C’est comme faire l’amour ou manger. Ça revient… mais c’est peut-être cela l’harmonie, vivre sans angoisse. Et j’en ai connu des angoisses existentielles! Même Johnny Hallyday avec qui j’étais très lié avait le trac. C’était inimaginable après 60 ans de moments intenses et de concerts.
Quelles sont les qualités dont vous pouvez vous féliciter?
Le désir incessant de continuer. Si on fait un bilan, on s’arrête. Et quand on est pleinement satisfait, on s’imagine que tout est immuable, éternel. Alors que la seule constance est le changement. Lors de notre passage à Cannes, à la sortie du «Grand Bleu», Luc Besson nous a cachés en nous habillant tous en bleu. Nous avons ainsi monté les marches en parfaits inconnus. Et cela me convenait bien d’être caché, j’étais heureux. Je ne voulais pas de lumière sur moi.
Le succès vous faisait peur?
Mon père qui avait le flamenco dans l’âme, disait toujours: «On ne sait jamais de quoi demain sera fait. Alors réjouis-toi.» Acteur musicien, l’important? Ne pas perdre le goût. Après le «Grand Bleu», j’ai perdu le goût, certainement étourdi par le succès et le battage autour de ce film incroyable. Je n’avais plus le goût. Et plus d’argent. Il me restait deux vestes Agnès B.: une bleue, une noire, les deux élimées aux manches. J’ai été hébergé par Eric Serra à Pigalle. Je passais mon temps à jouer au billard. Un jour, Luc Besson est passé et m’a lancé: «Tiens! T’es joueur de billard professionnel maintenant?» Ça m’a fait un déclic. On a tourné «Léon».
Pourtant le succès vous attendait au tournant, mais ne semble pas vous avoir grisé…
Alors que j’étais jeune, j’ai compris beaucoup de choses, lors d’une rencontre fortuite avec Jacques Brel à Casablanca. Il était au fond du restaurant avec une cour autour de lui qui acquiesçait ou riait au moindre de ses propos. Des rires qui sonnaient faux. Ça m’a frappé. Lui et Johnny Hallyday s’adoraient. Deux Belges au destin incroyable.
Êtes-vous croyant?
Je suis croyant par moments. Je ne fréquente pas l’église et je ne demande jamais de l’aide ou d’accomplir un souhait. En revanche, je remercie toujours Dieu.
Parlons de votre enfance, quel serait votre plus beau souvenir?
J’ai vécu une enfance très heureuse à Casablanca. Vivre l’hiver en pull est un cadeau. En mai 68, quand j’ai dû partir faire mon service militaire en Allemagne, les choses ont changé…
Votre double culture française et espagnole, vous en avez fait une force…
Je me sens français, pas vraiment espagnol même si je suis devenu le fils préféré de Séville. L’Andalousie, je la ressens sans la vivre.
Vos parents ont assisté à votre réussite?
J’ai perdu ma mère à 17 ans. Cela crée une fragilité. Pouvoir jouer a certainement renforcé ma personnalité. Mon père a pu vivre mon succès, mais de loin. J’étais toujours à l’étranger.

Tissot: top chrono depuis 1853
Il y a du culot et du savoir-faire dans l’histoire de Tissot, l’horloger du Locle devenu maître du temps sur les parquets de la NBA et chronométreur officiel du Tour de France. En 1853, les Tissot père et fils fondent leur entreprise horlogère au cœur des Montagnes...

Stupéfiante crise de vocation
Conseil fédéral: que faut-il penser du désintérêt pour la succession Amherd? Séquence surréaliste de politique fédérale: présidée par la Fribourgeoise Isabelle Chassot, du parti du Centre, la Commission d’enquête parlementaire sur la disparition de Credit Suisse rend...

Exploit historique après 76 jours de solitude
La navigatrice genevoise Justine Mettraux a fini 8e et première femme du Vendée Globe Challenge. Un exploit historique. Elle raconte son périple autour du monde. Fin janvier, la Genevoise Justine Mettraux (38 ans) est définitivement entrée dans l’histoire de la voile...
