Elue Miss Suisse en 2014, la Vaudoise Laetitia Guarino (27 ans aujourd’hui) avait marqué les esprits par sa joie de vivre, son sourire rayonnant et son intelligence. Devenue médecin depuis deux ans, elle travaille aujourd’hui aux urgences de l’hôpital Pourtalès de Neuchâtel. Victime cet hiver d’un grave accident de ski, elle n’a repris son travail qu’à mi-avril, en pleine crise du coronavirus. Elle raconte l’ambiance à l’hôpital, ses peurs et ses espoirs mais aussi à quel point elle a souffert pour l’Italie, son pays d’origine.

Qu’est-ce qui vous a marquée à votre retour à l’hôpital?

L’impression d’une grande fraternité. «Merci aux soignants» proclame une grande banderole à l’entrée. Sur les murs de l’hôpital, il y a plein de dessins d’enfants qui rendent hommage au personnel. On reçoit des chocolats provenant d’entreprises en signe de soutien. C’est très touchant.

Fin mars, sur le site «Paroles de Doc» vous aviez, sur un ton solennel, exhorté le Conseil fédéral à imposer un confinement total pour que «la liste de nos morts arrête de monter». Vous n’y étiez pas allé un peu fort?

C’était au moment où on voyait ces images terribles venues du nord de l’Italie, le Tessin commençait aussi à être durement touché. On pouvait craindre que ça flambe aussi chez nous, il fallait agir et vite mais heureusement cela s’est tassé. Pourtant, même si les chiffres baissent, restons prudents, sur nos gardes.

Avez-vous peur pour vous, pour votre famille?

Je ne me lève pas tous les matins en me disant: «Mon Dieu, ça va me tomber dessus.» Mais je reste prudente. Si la majorité des cas graves ont plus de 65 ans, je connais aussi des jeunes qui sont intubés aux soins intensifs. Je suis aussi un peu inquiète pour maman qui a 50 ans et qui travaille comme aide-soignante aux soins à domicile. Dès le début, nous lui avons dit de porter un masque, de tout désinfecter y compris sa tablette. Et puis il y a ma sœur qui est enceinte et qui s’est totalement autoconfinée.

Vous êtes d’origine italienne, l’un des pays les plus touchés au monde.

Quand au début de l’épidémie, j’ai vu ces camions transportant des morts, j’en ai pleuré. J’ai de la famille près de Naples, avec qui je garde beaucoup de contacts. Plusieurs de leurs voisins ont été touchés mais pas eux. Généralement, on les rejoint sur place pour les fêtes de Pâques. Je leur avais acheté des lapins en chocolat comme d’habitude, mais je les ai mis à la cave, en espérant pouvoir les apporter cet été. Si le Sud avait subi une crise aussi violente que le Nord, cela aurait été une catastrophe car les infrastructures hospitalières sont nettement moins développées.

La vie sociale est à l’arrêt. Qu’est-ce qui vous manque le plus?

Les grands repas de famille autour de la table, qui sont vraiment une tradition chez nous. J’aimerais aussi pouvoir aller voir ma sœur. Je rencontre moins mes amis mais je ne vais pas me plaindre, car c’est temporaire. C’est à nous tous de faire un effort. Et puis il y a le téléphone, zoom, plein d’autres manières de garder le contact.

Vous étiez très demandée dans les galas à travers toute la Suisse romande. C’est aussi à l’arrêt.

Oui, en ce moment, il n’y a plus rien sur mon agenda, mais c’est secondaire.

Depuis deux ans, vous êtes ambassadrice de la Croix-Rouge suisse. Quelle mission vous a le plus marquée?

C’était un voyage dans des villages reculés du Laos pour apporter de meilleurs moyens contraceptifs, vacciner les enfants. Grâce au soutien de la Croix-Rouge, une usine de savon y a été créée. Aujourd’hui, les enfants peuvent se laver les mains à l’eau potable. Les résultats ont été très concrets. Pour moi, devenir ambassadrice de la Croix-Rouge, c’était un rêve de petite fille qui se réalisait.

Vous êtes en couple avec Stefano depuis près de dix ans, toujours pas de mariage en vue?

Quand ce sera le cas, on vous le dira (rires).

Quels souvenirs gardez-vous de votre année de Miss Suisse?

J’ai pu rencontrer des gens exceptionnels, faire plusieurs voyages humanitaires. Comme Miss Suisse, votre message a beaucoup d’impact et, à mes yeux, c’était très important.

 

Photo: © Marie GALA de TENA

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