Il y a 40 ans disparaissait l’Obwaldien Johnny Hess, fou de rythme et de swing, en duo à ses débuts avec Charles Trenet

C’est à Stefan Eicher qu’Engelberg doit d’être connu en France. Est-ce en souvenir des agréables conditions de travail offertes par le Kursaal local ? C’est là qu’a été enregistré l’album portant le nom de la station obwaldienne et qui comprend notamment « Déjeuner en paix », l’un des plus grands tubes d’Eicher. Engelberg aurait pu être associé aussi à l’un ou l’autre des innombrables disques de Johnny Hess, autre chanteur alémanique ayant fait carrière à Paris. Disparu il y a tout juste 40 ans, John, Lawrence, Andreas Hess, dit Johnny, était né à Engelberg et y avait maintenu des liens étroits au fil de nombreux séjours.

Si le compositeur-interprète est quelque peu oublié aujourd’hui, ses débuts avec Charles Trenet sont entrés dans l’histoire de la chanson française. Le duo Charles et Johnny est né d’une rencontre fortuite, en 1933, dans un cabaret de Montparnasse, le College Inn. Charles, 20 ans, écrit les paroles. Johnny, 17 ans, compose les musiques. À deux, ils peaufinent les quatre chansons qui leur permettent de faire leurs débuts à l’Alcazar de Paris. C’est l’époque des duos masculins : Gilles et Julien, Pills et Tabet, bientôt Roche et Aznavour… Ils sont sémillants, pleins de fougue et d’humour. Fou de jazz, Johnny introduit le swing dans leur répertoire marqué au sceau de la poésie et de la fantaisie. Ainsi naissent « Quand les beaux jours seront là », « Sur le Yang-Tsé-Kiang », « Sous le lit de Lili », voire « Rendez-vous sous la pluie » et « Vous qui passez sans me voir », deux grands succès dans l’interprétation de Jean Sablon…

« C’est une histoire de femmes qui nous a séparés », expliquera plus tard Johnny. La femme ? Marianne ! Charles est convoqué sous les drapeaux en 1936. Le duo ne se reformera pas, chacun menant ensuite sa propre carrière. Celle de Trenet est évidemment beaucoup plus brillante. Mais Hess n’en reste pas moins une vedette des années quarante et cinquante. Ses tours de chant sont accompagnés par de fabuleux jazzmen tels le violoniste Stéphane Grapelli et le guitariste Django Reinhardt. Ses enregistrements de « Je suis swing » et de « J’ai sauté la barrière » se vendent à près de deux millions d’exemplaires. Il lui arrive aussi d’écrire pour les autres : Edith Piaf, Tino Rossi, Georges Guétary… Il se produit en Angleterre, aux Etats-Unis. Il signe la musique du film « Amour et cie » (1949) et celle de l’opérette, « C’est écrit dans les étoiles » (1953). Directeur artistique du cabaret Jimmy’s, il fait débuter Henri Salvador, notamment.

Mais à compter du mitan des années cinquante, le succès se fait désirer. Désormais quadragénaire, Johnny Hess est en décalage avec les goûts d’une partie du public. Il décide de prendre un peu de champ. Charles Trenet connaît d’ailleurs le même purgatoire. L’heure est au rock, au twist. Un autre Johnny H. se fait connaître, à la tête des yéyés : Johnny Hallyday ! Le compositeur de « Rythme » et de « Ils sont zazous » qui a fréquenté, adolescent, une école de commerce se lance alors dans les affaires. Il vend des tunnels de lavage pour voitures… Et déprime. Il divorce de Dove de Montalais après 25 ans de mariage et épouse Geneviève Kats à Engelberg, bien sûr. Mais ses tentatives de retour à la scène sont vaines. Du moins a-t-il le plaisir de retrouver Charles Trenet sur un plateau de télévision vers 1970. Jouant à quatre mains et chantant de concert, ils interprètent avec un évident plaisir « Sous le lit de Lili » que Johnny ponctue d’onomatopées inspirées par Cab Calloway, l’idole de sa jeunesse. Une crise cardiaque l’emporte le 14 novembre 1983.

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