Prononcée sans avertissement, la fermeture prochaine de l’institution créée par Béjart laisse les élèves dans le désarroi. Que vont-ils devenir?

«On éprouve un sentiment d’abandon.» C’est Jasmine, une élève de Rudra Béjart Lausanne, qui parle. Comme ses camarades, elle a appris il y a une dizaine de jours que cette école-atelier ne rouvrirait pas ses portes en septembre. Que faire dès lors? Obtenir de finir sa formation dans une autre école internationale? Entrer dans une compagnie professionnelle? Le problème, c’est que la plupart des auditions se font en début d’année. «Quatre mois pour trouver une solution, c’est peu. Mais c’est mieux que les dix jours de l’année passée!» Explication: fermée le 13 mars 2020, en raison de la pandémie, Rudra était censée rouvrir en septembre de la même année. C’est fin août seulement que les élèves, étrangers pour la plupart, de retour à Lausanne, ont appris que l’école resterait portes closes. Cela, alors même que les autres académies de danse reprenaient leur activité dans le respect des normes sanitaires. Résultat: l’année dernière, les «Rudristes» n’ont bénéficié que de deux mois et demi de cours en présentiel. Défaut d’information, culture du secret. «Lorsqu’on nous a dit, en février dernier, que Michel Gascard était écarté de la direction de Rudra, on nous a recommandé de ne pas en parler. Aucune information officielle ne nous a été donnée. Nous en étions réduits aux bruits de couloir.» Ce n’est que le 30 mai que Solange Peters, la présidente de la Fondation Béjart Ballet Lausanne, a expliqué à la RTS qu’au nombre des «faits et comportements révélant de graves manquements de la part de la direction», il y avait l’humiliation publique d’une élève. «Un lynchage, comme au Moyen Age», selon un témoin. Comment en est-on arrivé là? Comment comprendre le «harcèlement psychologique» dénoncé aujourd’hui? Michel Gascard, le directeur, personnalité charismatique, aurait-il viré dictateur? Magnifique danseur naguère, remarquable professeur, il s’est tant investi dans cette école confiée par Béjart en 1992 qu’il a fini par croire qu’elle était à lui et à son épouse, Valérie Lacaze, engagée comme régisseuse et promue chorégraphe. Il a commencé par déposer à son nom, en décembre 2007, la marque «Rudra Béjart» auprès de l’Institut fédéral de la propriété intellectuelle. Et c’est sous cette dénomination – et non sous celle de Rudra Béjart Lausanne – qu’il a pris l’an dernier, dans le plus grand secret, des contacts avec les municipalités françaises de Saint-Fons et de Lyon pour une éventuelle installation de l’école. Interrogé par le quotidien «Le Progrès», il avait répondu: «Je ne mens pas et je ne démens pas.» L’attention de la Fondation BBL a été attirée à plusieurs reprises, dès 2012, sur la nécessité de mieux intégrer Rudra. Un règlement a été imposé à Michel Gascard en 2014. De même que deux séances de recadrage avec le syndic Daniel Brélaz. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Ce brillant artiste a continué à n’en faire qu’à sa tête. Et à mettre des obstacles à toute ouverture sur l’extérieur, vouant l’enseignement au circuit fermé. On aimerait connaître sa version des faits. Mais il se mure dans le silence. La Fondation Béjart Ballet Lausanne dit vouloir rouvrir Rudra l’année prochaine, après douze mois d’interruption, «dans le respect des valeurs pédagogiques qui président à sa mission et au renforcement de ses liens avec le BBL».

Chez Maman

Chez Maman

En ce début d’automne, voici l’adresse genevoise idéale pour s’abriter des premiers frimas, dans les effluves appétissants du nid douillet d’une maison de famille. À la lisière du quartier industriel des Acacias, on vient nombreux se réfugier dans le giron de «Chez...

lire plus

Pin It on Pinterest

Share This