À l’âge où beaucoup préparent leur retraite, Florence Faure redouble d’ambition pour sa Danse Académie Vevey. Avec elle, le futur se conjugue au présent.

Plus que jamais, Florence est déterminée à faire un pôle d’excellence de son école. Voilà douze ans qu’elle enseigne, huit ans qu’elle forme des préprofessionnels dans le cadre de la filière Danse-Études de l’Est vaudois avec horaires scolaires aménagés (en lien avec les filières de Lausanne et d’Yverdon). Boostée par la pause Covid, elle repart de plus belle, un spectacle à la clé. Aux centaines d’élèves qu’elle a vu passer dans ses classes, elle a jouté un petit Arthur – 25 ans aujourd’hui! – qui, s’il n’a pas suivi les traces de ses parents danseurs, a tout de même entamé une carrière artistique en tant que réalisateur et comédien.

«J’ai eu la chance de l’avoir tard. J’avais 37 ans, pratiquement l’âge où les danseuses quittent la scène. Arrêter de danser n’a donc pas été une frustration. Et peu à peu ma vie privée a pris le pas sur ma vie d’artiste.» Encore qu’à cette époque, ayant quitté le Béjart Ballet Lausanne, elle codirigeait avec Serge Campardon la Compagnie Nomades, à Vevey déjà! Et qu’en 1999, elle interprétait la déesse Palès lors de la Fête des vignerons de François Rochaix. Car la directrice de la Danse Académie de Vevey, nouvelle appellation de l’Atelier Le Loft, a une brillante carrière à son actif. Chez Roland Petit, elle a eu l’occasion d’avoir pour partenaires Mikhail Baryshnikov et Patrick Dupond. Chez Maurice Béjart, Jorge Donn, notamment. Silhouette élancée, traits fins, technique impeccable, elle a marqué de son charisme nombre de rôles. Et n’a pas hésité à quitter une position enviable au sein du Béjart Ballet Lausanne pour l’incertitude d’une compagnie indépendante, avec Serge Campardon pour chorégraphe.

Et puis est venu l’enseignement, insensiblement, comme une évidence. «J’ai saisi une opportunité, des locaux qui se libéraient. Et, maintenant, à voir les élèves progresser, j’éprouve autant de satisfactions que lorsque j’allais en scène. Je sais pourquoi je fais cela et je sais à quoi je sers. Mon utilité dans la vie, c’est cette mission de transmission.»

Sans doute la sympathie que dégage Florence Faure explique-t-elle comment elle a su si rapidement s’intégrer à Vevey, jusqu’à en devenir l’une des figures. «Il faut dire que j’ai été longtemps… nomade. Je suis née en Algérie, j’avais trois ans lorsque mes parents se sont installés en France et quinze lorsque je les ai quittés pour rejoindre le Centre de danse Rosella Hightower, à Cannes.» Premier engagement à Marseille, puis Lyon, Nancy, Bruxelles, Lausanne. Vevey, enfin. «Je suis devenue Suissesse. Je me sens d’ici, même si je suis aussi d’ailleurs. À Vevey je me suis construit une seconde famille.»

De par les contacts qu’elle a gardés dans le monde de la danse, elle est en mesure d’inviter de grandes étoiles pour des stages. C’est évidemment tout bénéfice pour ses élèves, ceux de l’école – ouverte à tous publics – et ceux surtout de la filière Danse-Études. Les résultats ne se font pas attendre. Nombre d’entre eux, lauréats de concours internationaux, ont remporté des bourses leur permettant de compléter leur formation à l’étranger. Florence est bien placée pour savoir qu’un haut niveau est indispensable pour envisager une carrière. «Il y a aujourd’hui beaucoup plus de danseurs en quête d’emploi que lorsque j’ai débuté, et moins de postes disponibles!» Raison de plus de se donner à fond.

 

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