La finance serait-elle l’apanage des hommes ? Pas selon ces trois femmes de tête passionnées et inventives, pour qui la gestion fait partie intégrante du quotidien.

Sandra Huber-Schütz, responsable de Personnel Financial Affairs et Women’s Wealth chez l’UBS

Le monde de la finance, elle connaît! Sandra Huber-Schütz a étudié l’économie et la gestion d’entreprise et travaille depuis plus de vingt ans chez UBS. Elle y dirige le département Personnel Financial Affairs et est également responsable de Women’s Wealth au sein d’UBS Wealth Management Suisse, où elle siège aussi à la direction exécutive. C’est un fait: les femmes gèrent leur argent différemment des hommes. «Près de 69% des femmes laissent les décisions financières à long terme à leur partenaire masculin, pensant que les hommes sont plus experts en la matière. Elles privilégient la sécurité, par exemple pour financer l’éducation de leurs enfants, mais elles sont plus réfractaires à prendre des risques dans leurs investissements», précise Sandra Huber-Schütz. Les femmes se retrouvent pourtant toutes, à un moment de leur vie, obligées d’affronter des problématiques financières à long terme (placements, retraite, divorce, etc.). D’autant plus qu’elles vivent en moyenne jusqu’à 85,2 ans (contre 81,2 pour les hommes). «C’est pourquoi nous voulons inciter les femmes à prendre en main leurs finances», explique Sandra Huber-Schütz. UBS a ainsi lancé la Women’s Wealth Academy, une plate-forme en ligne de planification patrimoniale et financière spécialement dédiée aux femmes, même si les hommes n’en sont pas exclus. «Nous mettons à disposition des informations et des outils précieux sur divers sujets financiers, avec un contenu (événements, thématiques, conseils, etc.) présenté sous une forme attrayante», ajoute Sandra Huber-Schütz, qui utilise aussi le canal de la vidéo afin de proposer des contenus didactiques et interactifs. «L’objectif est d’inciter les femmes à acquérir des connaissances, de les encourager à être plus actives et plus confiantes dans la gestion de leurs finances. Nous avons été enchantés par les réactions très positives, notamment sur les réseaux sociaux, je me réjouis vraiment de ces retours encourageants», se félicite la dynamique responsable de la Women’s Wealth Academy. 

 

Women’s Wealth Academy

Il s’agit d’une plate-forme dédiée aux femmes. Créée au printemps 2020, on y trouve des informations et de nombreux outils sur divers sujets financiers. Le contenu, – conseils, articles –, est orienté sur des questions pratiques. Patrimoine, prévoyance, retraite, famille, toutes les thématiques y sont abordées.

Sofia de Meyer, directrice générale et cofondatrice d’Opaline

Sofia de Meyer a cocréé la marque de jus de fruits écoresponsables, basée à La Rosière, en 2009. Un nectar pressé frais, sans colorants ni conservateurs, à base de fruits et légumes suisses, et désormais aussi des limonades. Son background? Une expérience de sept ans en tant qu’avocate dans un cabinet londonien spécialisé en droit international, fusions-acquisitions. «J’y ai beaucoup appris sur l’aspect légal, financier et en matière de stratégie», explique Sofia de Meyer. Elle a alors le déclic et se lance dans un projet qui allie le sens (Opaline a remporté le Prix de l’Ethique en 2014 et elle est certifiée B Corp) à l’écologie et la pérennité financière. Le but: valoriser les savoir-faire traditionnels et la biodiversité locale. «Je pense que gérer les finances n’est pas une question d’hommes ou de femmes; il s’agit d’activer la partie rationnelle du cerveau, un chiffre reste un chiffre», développe la directrice d’Opaline. Elle pense néanmoins que les femmes apportent une touche féminine en alliant l’aspect financier à une dimension plus vertueuse, liée par exemple à la sauvegarde de l’environnement ou à la quête de sens, valeurs qui, par ailleurs, peuvent tout à fait être aussi partagées par les hommes. «L’argent est à l’économie ce que l’eau est à la nature: idéalement, il devrait adresser les besoins vitaux de tous les membres de l’écosystème» affirme Sofia de Meyer, qui avoue avoir eu la chance d’être très bien entourée par une équipe aux tâches très bien réparties et d’avoir bénéficié de bons conseils dès la création d’Opaline. «Je n’ai aucun regret, même si ce n’est pas facile tous les jours; je crois très fort à l’intelligence collective, cela permet d’avancer plus harmonieusement, même si l’on est toujours très seul pour décider», conclut Sofia de Meyer, une femme qui a su mettre la nature au cœur de son activité.  

 

Sophie Dubuis, présidente de Genève Tourisme & Congrès

Elle se définit comme énergique et résistante: c’est ce qui lui permet d’assumer de multiples responsabilitésD’origine valaisanne, Sophie Dubuis a grandi dans la campagne fribourgeoise. Après une école de tourisme, puis un MBA en management, elle occupe différents postes, dont la direction du CICG, et celle de Bucherer Genève jusqu’en octobre 2019. En parallèle, elle est présidente des femmes PLR (Les Libéraux-Radicaux Genève) et de la FCG (Fédération du commerce genevois). Actuellement présidente de la fondation Genève Tourisme & Congrès depuis le 1er janvier 2019, elle prend son rôle de porte-parole du conseil de fondation très à cœur. Depuis 2020, elle cumule ainsi les mandats au sein de conseils d’administration (BCG, Migros Genève), et une activité de consultante indépendante, où elle accompagne entreprises et particuliers, et recrute aussi des dirigeants et cadres. Ses vingt ans d’expérience dans le domaine public et privé lui ont permis de développer à la fois ses compétences en gestion et son intuition. Si les femmes sont encore réfractaires à plonger dans les finances, il s’agit sans doute avant tout d’acquérir des connaissances: «C’est la clé pour impliquer les femmes. Or rien ne vaut la pratique; c’est en me confrontant aux difficultés et aux écueils, notamment au CICG (Centre international de conférences Genève), que j’ai le plus appris», développe la jeune femme, mère d’un enfant de 9 ans, qui a toujours géré et assumé. Elle est optimiste sur la capacité des femmes à développer la confiance en leurs capacités. «Je m’appuie désormais plus sur les femmes, car j’en rencontre de plus en plus dans les postes à responsabilité; et les hommes ont aussi changé.» A 46 ans, Sophie Dubuis, toujours aussi passionnée par l’accueil, le tourisme, la Suisse et l’économie de demain, avoue se sentir désormais plus légitime et sereine. 

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