Cette grande dame s’est éteinte cet été. Elle a fait venir Mère Teresa à la Cathédrale de Lausanne en juin 1985. Nous nous sommes penchés sur son destin incroyable avec la complicité de Bernard Nicod.

Et ne pas l’honorer ne nous honorait pas! Comme nous aimons le faire à Paris Match, nous allons vous raconter une histoire, retracer une vie, jalonnée de petites anecdotes. Et l’homme qui les raconte le mieux n’est autre que Bernard Nicod, le grand manitou de l’immobilier qui, malgré sa vie au pas de course, a toujours trouvé un moment pour lui rendre visite à la Résidence La Gottaz où elle a séjourné aux derniers temps de son existence.

Il raconte: «Nonette, c’est comme ça que l’appelait son mari Louly. C’était un couple phare, mythique, qui s’admirait mutuellement. Leur Rolls les accompagnait partout dans le grand monde. Elle était imaginative au possible. La preuve, lors de la venue du pape Paul VI à Genève, alors que le parc des Eaux-Vives bouillonnait de 100 000 croyants et que le premier rang était réservé aux grands de ce monde, Nancy Chopard a réussi à s’y imposer en déclarant que son mari avait une lettre personnelle à transmettre au cardinal qui accompagnait le pape.

Durant des décennies, Nancy avait ses entrées au Palace de Gstaad. Je me rappelle que lors d’une course de ski interclubs, à laquelle elle n’a évidemment pas participé, elle m’a expressément demandé de lui remettre le dossard numéro 82. Mais pourquoi ai-je demandé, plutôt étonné? Parce que j’ai 82 ans aujourd’hui!, a-t-elle répondu, rieuse».

Évidemment, le moment qui restera à jamais gravé dans l’histoire de notre canton est la venue de Mère Teresa en juin 1985. Nancy, les larmes aux yeux, dira que cette rencontre a transformé sa vie. Bernard Nicod, ému, parle lui d’une des plus belles journées de son existence. Il se souvient d’une cathédrale archipleine. Devant le porche, des centaines de couples tenant par la main, deux, trois, quatre enfants, tous adoptés et de couleurs différentes. Ce qui à l’époque, se voyait très peu. Le promoteur s’enflamme: «Sitôt sortie de sa voiture, la terre s’est arrêtée de tourner et on a vécu un moment exceptionnel, presque un miracle! Cette sainte que Nancy Chopard accompagnait, lui arrivait à la hauteur de la taille, mais en quelques secondes elle a irradié la Cathédrale de Lausanne! C’est difficile à décrire, mais pour ceux qui ont vécu cette rencontre, elle restera à tout jamais gravée dans nos yeux et nos cœurs.»

Après la mort de son mari en 1987, Nancy a vécu des années noires. Résiliente et élégante, avec courage et modestie, elle a affronté l’adversité. Elle vivait à Londres, dans une chambre modeste, loin de la brillance et du luxe qu’elle connaissait. Par bonheur, la famille Adler, des joailliers de grande renommée, une famille formidable sont venus la secourir. «Voulez-vous devenir notre ambassadrice?», lui ont-ils proposé. Et dès lors, à Gstaad, on ne parlait plus que de cela. Nancy a fait briller la beauté des bijoux Adler. Un geste de générosité de la famille Adler qui s’est transformé en une vitrine des plus enviées.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là et l’amour s’est glissé joyeusement dans la vie de cette belle dame qui a succombé avec délice à la déclaration enflammée d’Aristide. Le 18 novembre 1996, les deux amoureux se sont mariés. Aristide a veillé sur sa dulcinée avec beaucoup de générosité, même après avoir rejoint les étoiles.

Bernard Nicod s’est lui aussi déclaré à l’Église du Sacré-Cœur de Lausanne lors de la messe d’adieu: «Nancy, tu as toujours été une grande dame. Tu n’as eu tout au long de ta vie que des amis, que des admirateurs. Tu n’as jamais eu d’âge. On t’aime tous et on ne t’oubliera jamais.» La dame avait plus de cent ans. Et chacun se souvient des fêtes qu’elle présidait. Et comme nous croyons que la vie est une fête, l’étoile continuera à briller.

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