Toutes au dépistage! Une femme sur huit peut être confrontée à la maladie. Il y a urgence.

Pourquoi «octobre rose»? Car il est urgent de sensibiliser les femmes aux dépistages et aussi de récolter des fonds pour la recherche. Un ruban rose symbolise cette action.

Les statistiques annoncent qu’une femme sur huit peut être confrontée au cancer du sein et qu’il représente la première cause de mortalité féminine. Il faut communiquer pour sauver des vies! Le Réseau Cancer du Sein a 20 ans cette année et se bat avec une ardeur sans cesse renouvelée. Ce chiffre: une femme sur huit touchée par cette maladie m’a semblé édifiant. J’ai donc voulu en savoir plus. Et à cette occasion, j’ai découvert un livre tout juste sorti de presse «Ma meilleure amie a un cancer du sein» écrit par Charlotte Pascal aux Éditions Flammarion. Petit guide pratique pour celles et ceux qui accompagnent leur amie ou leur proche dans le combat contre la maladie. L’entourage, les amis sont souvent choqués. Car la vie de l’être qu’on aime est remise en cause. On sait bien que la vie est une aventure dont on ne ressort pas vivant. Mais cette évidence-là, on la range souvent dans un tiroir! Pour connaître le chemin, j’ai aussi interviewé le docteur Didier Jallut, oncologue et directeur médical du Réseau lausannois du sein. D’emblée, il a associé son rôle de médecin à une passion professionnelle. Une passion pour l’oncologie, est-ce possible, me suis-je étonnée? «Depuis 25 ans, je fais cohabiter discipline et enthousiasme. De nouvelles thérapies voient le jour, des anticorps performants sont mis en place. Les progrès sont immenses, ils s’emballent. Et les taux de mortalité chutent d’une façon vertigineuse. Mon rôle est à la fois compliqué et passionnant.» Difficile pourtant ce rôle-là lorsque les patientes oscillent entre peur, souffrances et espoir? «J’adore communiquer avec les gens et essayer de leur rendre ce moment nouveau de leur vie, le meilleur possible. Cela me remplit tout simplement. Je suis loin de l’esprit académique parfois prétentieux. Je cherche à être humainement le meilleur possible. On doit annoncer des choses difficiles, préparer nos malades à ce qui va se passer. La compassion et l’empathie sont indissociables des soins.» Le docteur Jallut regrette que face au Covid et le confinement, certaines femmes aient retardé leur dépistage. Il dénonce les médecins qui auraient encouragé leurs patientes à ne pas faire cet examen. Didier Jallut a été confronté sur le plan personnel au cancer. Son épouse a dû affronter cette maladie il y a six ans. Il a tout connu, le moment où elle a perdu ses cheveux. «Mais qui l’a rasée?», me suis-je interrogée. «Je l’ai fait moi-même», avoue humblement l’oncologue. Ne serait-ce pas un des moments les plus violents du traitement? Tant de déchirement, de douleur, de symboliques! Cela semble si cruel. La femme devient une autre. Elle porte sur sa tête l’image d’une cancéreuse. Et cette image la suit inéluctablement jour et nuit. Je lui ai demandé: «Mais on ne pourrait pas découvrir le moyen de l’éviter?» «Le jour où un chercheur permettra aux femmes de ne pas perdre leurs cheveux, il aura le Prix Nobel!», s’est exclamé le docteur Jallut.

À l’issue de cet entretien, j’ai eu la chance de rencontrer Carole son épouse, aujourd’hui guérie. La croiser, jolie, rayonnante et pleine de vie a donné un bel éclairage à cet échange. Selon le docteur Didier Jallut mais aussi le docteur Khalil Zaman, médecin adjoint au département d’oncologie UNIL CHUV et médecin responsable du Centre du sein, aucune femme ne réagit de la même manière aux traitements. Très difficile pour certaines, d’autres continuent même à travailler et à faire du sport. Mais évidemment, rien n’est une évidence! Et ces mois de lutte sont douloureux. Une de mes amies que je porte en haute estime, directrice de théâtre en France, s’est nourrie de ses activités artistiques pour mieux combattre la maladie. Cela s’est passé il y a vingt ans. Elle en parle aujourd’hui avec humour et drôlerie. J’ai compris à travers ses récits, combien cette belle femme aime la vie et combien la vie l’aime! Arme fatale contre tous les maux de l’humanité… Mais surtout que ces beaux témoignages et ces espoirs magnifiques ne retardent en aucun cas votre rendez-vous de dépistage. Il y a toujours urgence!

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