Comme l’illustre ce beau livre, le monde du papier découpé est en plein renouvellement.

Loin d’être une exclusivité helvétique, le papier découpé est pratiqué aussi bien en Chine et au Japon qu’au Mexique et en Pologne. Mais la tradition qui s’est développée entre Préalpes et Alpes reste particulièrement vive. Au point qu’un Centre suisse du papier découpé, adossé au Musée du Pays-d’Enhaut, a été ouvert à Château-d’Œx. Au point aussi que des galeries, telle la Galerie Hüsy, à Gstaad, exposent œuvres récentes et « historiques ». En dépit de leur fragilité, bien des découpages des XVIIIe et XIXe siècles ont résisté aux outrages du temps.

Si de nos jours de véritables professionnels portent haut l’art du papier découpé, par le passé nombre de paysans de montagne occupaient leurs soirées d’hiver en maniant acrobatiquement scalpels et ciseaux. Rien d’étonnant à ce que les poyas, montées à l’alpage ou désalpes, aient pu constituer des sujets de choix. Mais l’imagination des découpeurs n’a jamais cessé d’embrasser d’autres domaines : fête au village, vie au chalet, paysage, bouquet de fleurs, animaux… Au noir et blanc est venue s’ajouter la couleur, à la stricte symétrie des compositions plus audacieuses, au figuratif l’abstraction. Renouvelant la tradition, sortant des cadres éprouvés, certains découpeurs sont devenus d’authentiques artistes plasticiens.

Dans cet ouvrage magnifiquement illustré, à la fois encyclopédie et guide, Monique Buri met l’accent sur les découpeurs majeurs dont les œuvres sont accrochées depuis des décennies aux cimaises des collectionneurs. Qu’il s’agisse des valeurs sûres du XXe siècle comme Christian Schwizgebel (1914-1993) et David Regez (1916-1984) ; des précurseurs comme Hauswirth (1809-1871) et Saugy (1871-1953) ; ou des très contemporains tels Anne Rosat, Doris Henchoz, Henriette Hartmann ou Bruno Weber.

Monique Buri, « Papier découpé », éd. Favre, 168 p., CHF 48.-

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