Au moment où le Conseil fédéral communique son plan de déconfinement, le constat est sans appel: les rues et routes de Suisse romande sont déjà bien plus animées que ces trois dernières semaines.

Une fois l’effet de surprise et de terreur passé, le niveau d’activité «physique» des entreprises s’est de toute évidence et spontanément relevé. Bien que l’on ne parvienne pas à l’évaluer précisément. Et même si l’on est encore loin du compte.

De son côté, la Confédération fait de la planification extra-fine de déconfinement. En continuant, avec une belle conviction, de consulter cantons, collectivités privées et publiques. Il n’est donc pas étonnant qu’on sente parfois le gouvernement dépassé. Ou dans un rôle d’accompagnant plutôt que de guide.

Alain Berset l’a répété trois fois: ce sont d’abord aux branches les plus sensibles de l’économie de s’organiser. Pour que l’activité puisse reprendre sur des bases sécurisées. Et à leurs organisations faîtières de convaincre les autorités qu’elles sont prêtes.

 C’est surtout la restauration qui était visée, puisque sa rentrée n’est toujours pas datée. Mais aussi le tourisme, les musées ou encore l’événementiel sportif et culturel. On l’a compris après la conférence de presse d’aujourd’hui : le méga concert très attendu de Céline Dion le 20 juillet à Nyon était plus que compromis. Paleo s’est d’ailleurs sabordé peu de temps auparavant. Il ne sera pas possible d’attendre la veille pour le maintenir ou l’annuler.

La rechute est le risque inassumable que le Conseil fédéral veut éviter à tout prix. La persistance du danger viral ne reste-t-elle pas une immense inconnue? Sachant en plus que le pays est encore loin d’avoir les moyens logistiques du dépistage et du traçage systématiques. Un reconfinement d’urgence en plein été serait le pire des scénarios.      

L’économie a été ralentie, mais pas autant que le laissent penser ses versants les plus visibles. Commerces et transports en particulier. Le marché intérieur en général, surtout lorsqu’il est basé sur la consommation. Tout repartira le 11 mai si tout se passe bien. La date-clé. Lorsque les surfaces de vente rouvriront. C’est aussi à ce moment-là que l’école obligatoire libérera bien des parents impatients de se remettre «vraiment» au travail. Dans plus de trois semaines. C’est énorme.  

Le Conseil fédéral a rappelé à ce sujet qu’il n’avait jamais «fermé» les crèches. Il a surtout confirmé avec une belle assurance ce que l’on entend depuis quelque temps: les enfants ne sont pratiquement pas atteints ni contagieux. Les cantons pourraient donc rétablir entièrement les capacités d’accueil préscolaires en y ajoutant des mesures prudentielles pour les adultes.

En tout état de cause, l’industrie sera encore pénalisée de longs mois par le ralentissement de ses partenaires dans le monde. Clients et fournisseurs en premier lieu. Et l’on ne sait pas encore à ce stade quel sera le plus dommageable économiquement. Entre blocage sanitaire local et ralentissement de la conjoncture mondiale…

Ex Rédacteur en chef de L’Agefi, quotidien de l’Agence économique et financière à Genève, François Schaller a effectué des premières formations de photographe et d’agriculteur. Il effectue ensuite une formation en sciences humaines (philo, histoire, théologie, anthropologie, science politique). Il possède une licence en Lettres de l’Université de Lausanne. Il est journaliste professionnel depuis 1988 (La Presse), spécialisé en économie et finance depuis 1992 (L’Agefi, L’Hebdo, PME Magazine).

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