Dix-sept ans après la disparition du chorégraphe, ses ballets sont toujours aussi demandés. À Lausanne comme au bout du monde.

Le calme après la tempête. Les polémiques dont le Béjart Ballet Lausanne a fait l’objet ne sont plus qu’un vague souvenir. Sous la nouvelle direction de Julien Favreau, la compagnie a retrouvé son équilibre. La reprise du «Presbytère», un de ses spectacles phares, en ce mois de décembre rappelle que si le répertoire doit régulièrement s’enrichir de nouvelles pièces –tels, en juin dernier, «Hamlet», de Valentina Turcu, et «Rhapsody in blue», de Giorgio Madia –, le répertoire de Béjart reste heureusement le socle du BBL.

Au fil de ses nombreuses tournées, la compagnie porte au loin l’œuvre du chorégraphe. Ces derniers mois, par exemple, elle s’est produite à Sapporo, Nishinomiya et Tokyo comme à Nankin et Pékin, Gênes et Bologne, Vilnius et Bruxelles, Bonn et Dortmund. Elle est chapeautée depuis l’été par une nouvelle présidente, Sylvie Buhagiar, avocate spécialisée dans le droit des affaires, et qui fut membre des conseils de l’Orchestre de la Suisse romande, du Conservatoire de musique de Genève et de Photo Élysée, à Lausanne. Une autre femme de talent et d’expérience est à la tête de la structure jumelle, la Fondation Maurice Béjart. Naguère directrice des Opéras de Lausanne, Genève et Marseille, Renée Auphan a repris cette présidence au départ de Gil Roman.

«La Fondation Maurice Béjart est totalement indépendante de la Fondation Béjart Ballet Lausanne, précise-t-elle. Elle est seule héritière des droits concernant l’œuvre de Béjart.

C’est elle qui permet au Béjart Ballet d’interpréter ses chorégraphies. Et les compagnies ou les danseurs désirant mettre à leur répertoire soit un ballet, soit un solo ou un pas de deux doivent nous en demander l’autorisation et, par la suite, nous verser les droits qui vont avec.»

 

Preuve que l’œuvre de Béjart reste actuelle, de nombreuses demandes parviennent au secrétariat lausannois. Le Tokyo Ballet a obtenu «Casse-noisette»; le Ballet de Munich, le Ballet de Shangaï et le Ballet de l’Opéra de Paris vont pouvoir danser «Boléro»; l’École de danse de l’Opéra de Paris reprend «Sept danses grecques» et le Stuttgart Ballet «Chants du compagnon errant». Pour ne citer que les requêtes les plus récentes. Pour régler ces chorégraphies, la Fondation Maurice Béjart peut compter sur les excellents répétiteurs du BBL, sur d’anciens danseurs menant carrière ailleurs, ainsi que sur Gil Roman.

«Il est temps de démentir que Gil Roman ait été démis de ses fonctions pour «harcèlement», tient à préciser Renée Auphan. Ce terme est apparu dans la presse à diverses reprises, alors que Gil n’a jamais été accusé dans l’audit qui a occasionné sa chute, de quoi que ce soit d’autre que son caractère emporté et sa manière d’envisager le métier de danseur sans aucune concession.»

C’est la raison pour laquelle un contrat de consultant lui a été proposé par la Fondation Maurice Béjart, à charge pour lui de remonter, au coup par coup, certains ballets qu’il connaît mieux que quiconque, tel «Casse-noisette» récemment à Tokyo. Gil Roman a à son actif 45 années de service, à compter de son engagement comme danseur en 1979, puis comme co-directeur et enfin comme directeur. Une haute fidélité envers celui qu’il a toujours tenu pour son maître.

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