Star atypique du cinéma français, sollicitée par les plus grands metteurs en scène, Marina Hands tient le rôle principal de « Hors Saison », série tournée en Valais et réalisée par Pierre Monnard, valeur montante du cinéma suisse. L’actrice parle en toute liberté, avant la diffusion de la série la série dés le 31 mars sur la RTS.
«Hors saison» une nouvelle série policière franco-suisse, tournée sur les hauteurs de Champéry, sera diffusée dès le 31 mars sur la RTS. Le cadavre d’une femme assassinée est découvert à la fonte des neiges et la policière chargée de l’affaire est amenée à enquêter sur son propre fils. Le rôle est tenu par l’actrice française Marina Hands, sur le devant de la scène depuis plus de vingt ans au cinéma comme au théâtre, couronnée par le César de la meilleure actrice en 2006. En exclusivité, elle nous a accordé cette interview où elle parle de tout: du tournage en Valais, de son métier d’actrice, de son amour des chevaux, du temps qui passe.
Pour le tournage de «Hors saison», vous avez passé quelque six semaines sur les hauteurs de Champéry, dans le val d’Illiez. La région vous a plu?
Oui, c’était magnifique. On a tourné à la fin du printemps quand les dernières neiges fondaient et alors que les télécabines étaient fermées. Il n’y avait quasi personne, mais nous avons été très bien accueillis. Souvent, dans cette quiétude, je me suis dit à quel point ma vie pouvait être épouvantable à Paris. (Rire). En plus, j’ai souvent pris le train qui longe le lac Léman pour rejoindre l’équipe et chaque fois, j’ai été éblouie par les paysages. D’autant plus que c’était pour le travail et non pour les vacances.
Vous avez goûté les spécialités valaisannes, la raclette, le Fendant?
Oui, mais j’ai choisi mes soirs. Quand les premières prises étaient prévues à 5 heures du matin, je faisais attention la veille, pour que cela n’affecte pas mon travail. En revanche, quand l’horaire prévu était plus souple, je me suis laissé aller, notamment côté vin blanc. Pour moi, tout a été une belle découverte.
Qu’avez-vous appris sur la Suisse?
J’ai eu de nombreuses discussions avec l’équipe sur le fonctionnement de votre pays que je ne connaissais pas. Vous avez la chance de faire des choix, vous votez sur quasi tous les sujets importants. Vous n’êtes pas un peuple soumis comme tant d’autres et je trouve cela très intéressant.
Le réalisateur, le Fribourgeois Pierre Monnard (46 ans) est une valeur montante du cinéma suisse. «Les enfants du Platzspitz» sorti en 2020 avait fait un carton en salle avec plus de 300 000 entrées. Quelles relations avez-vous eues avec lui?
C’est un homme de fer avec un gant de velours. Il est très exigeant, il ne lâche rien, mais cela toujours avec classe, élégance, politesse. Et sur les tournages, croyez-moi, je n’ai pas rencontré beaucoup de réalisateurs comme lui.
Dans «Hors saison» vous jouez une femme de loi amenée à enquêter sur son propre fils, soupçonné de meurtre. Qu’avez-vous pensé de ce rôle?
C’était passionnant, tout en nuances. Cette femme par amour est contrainte de bousculer son ordre moral, de bafouer l’éthique qui a guidé toute sa vie. Elle se pose plein de questions très fortes.
Votre mère Ludmila Mickaël fut une grande actrice, votre père Terry Hands a dirigé la prestigieuse Royal Shakespeare Company. Le métier d’actrice vous est venu tout naturellement?
Non, car les relations avec mes parents n’ont pas toujours été faciles, je n’aime d’ailleurs pas en parler. Contrairement à ce qu’on peut imaginer, ce ne sont pas eux qui m’ont donné le goût de la scène. Ce goût m’est venu sur le tard à 20 ans, à travers des rencontres.
«Jouer, avez-vous déclaré un jour, me donne le sentiment d’hypervie, comme les toxicos.» Qu’est-ce que vous aimez tant dans ce métier?
C’est très addictif. Dans la vie de tous les jours, je suis quelqu’un de calme, de très positive. Jouer me permet d’exprimer des émotions comme la colère, la violence, de laisser libre cours à ma part d’ombre, d’interdit. Et de me préserver ainsi de ces émotions-là au quotidien. Jouer m’apporte un vrai équilibre entre le cinéma, le théâtre et la vraie vie.
Théâtre, TV, cinéma, vous avez tout fait, vous avez même créé l’an dernier, grande première, une comédie musicale à la Comédie française dont vous êtes pensionnaire. Vous avez tourné avec les plus grands comme Claude Miller ou Danièle Thompson. Qu’a représenté pour vous le César de meilleure actrice remporté en 2008 pour «Lady Chatterley»?
J’ai été très touchée. Le cinéma est un milieu très dur, très douloureux où on passe souvent beaucoup de temps sans travailler. Quand on est jeune, comme je l’étais à l’époque, le besoin de reconnaissance des professionnels, du public est d’autant plus important. Ce César a été très encourageant pour la suite de ma carrière.
Dans ce milieu très narcissique, vous n’avez jamais joué la carte de votre physique et vous le revendiquez. «Je n’ai jamais fait le choix de l’image, je n’ai jamais eu par exemple envie de surveiller mon poids et tant pis si je ne suis pas parfaite esthétiquement», avez-vous déclaré un jour.
J’ai démarré le cinéma à une époque où les actrices devaient correspondre au stéréotype de la jolie fille sexy. Or, je ne correspondais pas à ce stéréotype. Je n’ai jamais voulu être un objet de désir, j’ai toujours eu envie qu’on regarde mon travail comme celui d’un homme. Mais les choses heureusement sont en train de changer. Aujourd’hui, bien au-delà de leur physique, de plus en plus de jeunes actrices revendiquent leur identité, leur originalité. Et je leur suis très reconnaissante.
Vous êtes atypique?
Je n’ai jamais eu le goût des grandes robes, des mondanités, des cocktails. Je ne me maquille pas. J’adore jouer, mais le reste du temps je préfère faire autre chose, même si j’ai toujours assuré la promotion de mes films de la manière la plus professionnelle possible. Plutôt que me regarder moi, je préfère regarder les autres, le monde. Le cinéma est un métier qui laisse beaucoup de temps et j’essaie d’en profiter.
En montant à cheval, par exemple, votre autre passion? Vous aviez joué dans Jappeloud, l’histoire de ce petit cheval chouchou du public devenu champion olympique en 1988.
Dès que j’ai un jour off, je pars me promener dans la campagne avec Copy, mon cheval. Mon premier rêve, quand j’étais petite fille, était de devenir cavalière professionnelle, de pratiquer l’équitation au plus haut niveau. J’ai d’ailleurs fait partie de l’équipe de France junior et je me souviens d’avoir participé à un concours international à Lausanne. Malheureusement, cela n’a pas marché et au fond, c’est pour cela que je suis devenue actrice. Mais cette passion, je la garderai toujours cette passion. Avec un cheval vous devez être à l’écoute de l’autre. Il faut apprendre à le comprendre.
Vous possédez aussi deux chats et un petit chien et pendant le confinement vous avez donné un coup de main à une amie qui possède un refuge. Les animaux ont toujours fait partie de votre vie?
Depuis mon enfance, j’ai toujours été proche des animaux. Pendant le confinement, il y a eu saturation dans les refuges, car aux abandons habituels s’est ajoutée l’interdiction d’adopter. C’est pour cela que je suis venue en aide à cette dame, bénévolement, cela va de soi.
À un moment, vous avez été la compagne de Julien Doré, le chanteur. Mais on sait peu de choses sur votre vie privée. Vous rechignez à en parler?
Au contraire. Autant je n’aime pas évoquer mes parents, autant je n’ai aucun problème pour parler de mes petits copains. Avec Julien, c’est une vieille histoire. Aujourd’hui, je suis très heureuse et très amoureuse. Mon compagnon est un acteur et j’aime mêler vie privée et vie professionnelle. En revanche, je n’ai pas d’enfant.
Vous avez 47 ans. Vous avez souvent évoqué la crainte du temps qui passe, la difficulté pour une femme de plus de 40 ans de trouver des rôles au cinéma. Vieillir pour une actrice?
Sur ce sujet, mon avis a changé. Plus jeune, j’ai fini par toujours jouer toujours un peu les mêmes rôles et cela est devenu monotone à la longue. Aujourd’hui, je trouve très intéressant d’incarner des personnages qui ont vécu beaucoup de choses, qui sont marqués par la vie, qui ont des inquiétudes. Quant au temps qui passe, je ne suis pas ravie à l’idée que la vie s’arrête un jour. Car j’aime la vie, sincèrement.
Quelle est votre actrice préférée?
Kate Winslet. J’ai grandi avec elle. Souvent, on change de modèle au fil de sa vie quand on a 20, 30 ou 40 ans, moi pas. Contrairement aux actrices qui vendent du rêve, Kate Winslet a pratiquement toujours incarné des femmes qui racontent la vraie vie, très inspirante, très contemporaine.
Et votre film préféré?
«Autant en emporte le vent» avec Scarlett O’Hara, l’histoire de cette mauvaise fille, anti-héroïne, imparfaite, pleine de défauts, à l’opposé des princesses de chez Disney à l’époque. Un film romanesque, génial.
Un grand rêve en vous?
Avec les rêves, je suis très prudente, car j’ai peur qu’ils ne se réalisent pas. Plus simplement, j’aime l’aventure, les surprises, je suis toujours curieuse d’aller vers ce que je ne connais pas.
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