En lien avec le Centre Pompidou, la Fondation Gianadda célèbre l’œuvre multiforme de Jean Dubuffet.
Une superbe exposition, une de plus. La Fondation Pierre Gianadda se voue, ce printemps, à l’œuvre multiforme de Jean Dubuffet (1901-1985). Conçue par Sophie Duplaix, la conservatrice en chef des collections contemporaines du Centre Pompidou, cette rétrospective présente une sélection de pièces majeures dont certaines sont issues du fameux cycle L’Hourloupe. Structuré chronologiquement, le parcours comporte chefs-d’œuvre picturaux et travaux sur papier. On peut voir dans sa propre production un reflet de l’intérêt du peintre pour ce qu’il appelle «l’art brut», à savoir les réalisations artistiques d’individus évoluant hors de tout contexte culturel. La Collection lausannoise éponyme en est issue. Comme le précise la commissaire d’exposition, Dubuffet chercha lui-même «à atteindre ce déconditionnement afin de changer la perspective proposée, le regard porté sur les choses, sur le monde». Un portrait de 1947 «est emblématique de ce renoncement à tout ordre esthétique: frontalité, maladresse du dessin, liberté de la couleur et recours à des matériaux inusités le caractérisent». Au fil des années, Dubuffet évolue singulièrement. Sa peinture se minéralise, au cœur des années 1950, livrant la toile à des textures rocheuses ou sablonneuses. La figure retrouve toutefois une place vers 1960. Mais les alvéoles colorées laissent bientôt place aux cellules de L’Hourloupe, qu’elles soient en deux ou trois dimensions. Puis à «Coucou Bazar», sorte de ballet de sculptures et de peintures. Et enfin à la série des «Non-lieux» qui met un point final à «une œuvre radicale, parmi les plus audacieuses de l’histoire de l’art du XXe siècle». Comme toujours chez Gianadda, le nombre limité de pièces exposées a pour corollaire une extrême qualité.
Exposition «Jean Dubuffet, rétrospective», Fondation Pierre Gianadda, Martigny, jusqu’au 6 juin, gianadda.ch
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