Coup double! Comédien et metteur en scène, Robert Bouvier présente simultanément deux spectacles à Morges et Neuchâtel.

Qui peut le plus peut le moins. Avec «Les Merveilles», spectacle pour une dizaine de comédiens, chanteurs, danseurs avec fanfare en prime, dont il a signé texte et mise en scène, et avec «François d’Assise», d’après Joseph Delteil, dont il est l’unique interprète, Robert Bouvier fait le grand écart! «Les Merveilles», ce samedi 9 mars, à Morges. «François d’Assise», en cette fin de semaine, à Neuchâtel. Cela, dans la foulée des trois représentations biennoises de son solo «Ça veut jouer ou bien?» Avec Robert Bouvier, ça joue! À la tête du Passage depuis 2000, il n’a de cesse de programmer représentations de théâtre, d’opéra, de chanson, de danse, de cirque, d’humour… Avec son entregent, ses multiples contacts et le soutien des autorités, ainsi que des mécènes et sponsors, il a même pu inviter à Neuchâtel la Comédie-Française, l’Opéra de Pékin et le Ballet Mariinsky, entre autres compagnies prestigieuses. 

L’heure n’est pas encore venue de faire le bilan de ses deux décennies de direction bien que Robert Bouvier ait déjà fait part de son vœu de quitter le Théâtre du Passage à fin janvier 2025. Le processus de recrutement de la future direction est d’ailleurs en cours. Mais il n’est pas interdit de jeter un regard rétrospectif sur la brillante carrière de cet enfant du cru. Né sous le signe du Taureau d’un père anglo-suisse et d’une mère italienne, il a tôt compris que le spectacle était son avenir. Danse comme sa cousine Joëlle Bouvier? Cinéma? Théâtre? Tout le tentait et il a tout tenté. La danse en participant à un spectacle du chorégraphe français François Verret. Le cinéma en tournant lui-même courts et longs-métrages, voire en jouant sous la direction des Tanner, Reusser, Resnais, Chéreau… Le théâtre surtout dont il a fait l’apprentissage à Strasbourg avant de jouer dans des mises en scène de Matthias Langhoff, Jean-Louis Hourdin, Irina Brook, Hervé Loichemol, pour ne citer qu’eux.

Une riche trajectoire qui bien évidemment n’a pas été exempte de difficultés et de revers. «À Paris, dit-il, personne n’a besoin de vous.» Mais là où d’autres seraient rentrés sagement au pays, il s’est accroché jusqu’à se faire une place. C’est en 1994 déjà qu’il adaptait avec Adel Hakim «Le Discours aux oiseaux par saint François d’Assise», de Delteil. Cinq cents représentations en ont été données depuis lors, sur près de 120 scènes de par le monde. S’il s’est intéressé à la direction du flambant neuf Théâtre du Passage, il y a près d’un quart de siècle, c’est qu’il souhaitait être décideur à son tour. Le moins que l’on puisse dire est que les autorités neuchâteloises ont été bien inspirées de retenir sa candidature. Ses programmations diverses et variées ont séduit les publics les plus larges, un million de spectateurs au total.

Avoir tenu la barre du Passage pendant aussi longtemps pourrait avoir érodé la vitalité, la curiosité, la créativité de l’artiste. Eh bien! pas du tout. Sitôt refermée, en janvier prochain, la porte du passage Maximilien-de-Meuron, il s’attellera à une nouvelle mise en scène. D’ailleurs, sa fascination pour les arts du spectacle s’exprime ces jours-ci, à Morges, dans la reprise de ses «Merveilles», un formidable spectacle où se retrouve beaucoup de lui et qui lui tient particulièrement à cœur. «“Les Merveilles” se présente, explique-t-il, comme la dilatation du moment de panique vécu par le comédien assailli de questions, de doutes et de visions intérieures.» Le trac le submerge. Mais il n’y a pas à reculer. Une épatante fantaisie «entre songes et mensonges».

«François d’Assise», d’après Joseph Delteil, avec Robert Bouvier, Théâtre du Passage, Neuchâtel, les 7, 8, 10 et 12 mars, theatredupassage.ch; «Les Merveilles», de Robert Bouvier, Théâtre de Beausobre, Morges, le 9 mars, beausobre.ch

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