Photos : Charlotte Schousboe 

L’animateur préféré des Français, le plus célèbre des agents immobiliers cartonne sur M6 avec «Maisons à vendre» mais pas que… Il sera à l’affiche du Théâtre de Beausobre à Morges dans «Un couple magique» les 1er et 2 novembre 2022.  Rencontre avec un homme aux multiples talents qu’on n’a qu’une envie: aimer.

Stéphane Plaza nous reçoit chez lui. Sur son balcon. Le comédien, homme d’affaires et animateur se dévoile peu à peu… son hypersensibilité, son humanité et sa générosité transparaissent au fil de l’interview. Sa mère était l’amour de sa vie. Aujourd’hui disparue, Stéphane ne veut pas passer «à côté» de son père. «Le plus précieux que l’on peut donner à une personne est le temps». Il avoue être enfin heureux en amour. La vie et les épreuves lui ont appris l’essentialité de l’existence. L’homme croit en Dieu, prie, le remercie ou lui demande de l’aide.  À 52 ans, il est devenu ce qu’il est. Une si belle personne.

Stéphane, avez-vous un lien particulier avec la Suisse?

J’aime beaucoup venir en Suisse. Quel pays agréable! Les gens sont très respectueux des célébrités. Je suis aussi séduit par leur enthousiasme pour le théâtre et leur côté chaleureux. Et j’ai le sentiment qu’ils apprécient le moment présent.

Il y a 10 ans, après un séjour à La Réserve, vous projetiez de vivre à Genève. 

Si je prenais la décision de venir en Suisse, on imaginerait que ce n’est pas pour les bonnes raisons! Inutile de vous faire un dessin.

Quels sont vos projets à court terme?

Une nouvelle émission «tout changer ou déménager» et quelques autres projets que je me dois de garder secret.

Quel sens donnez-vous à votre vie aujourd’hui?

Je pense avoir acquis une certaine sérénité. Des évènements m’ont fait évoluer comme la mort de ma maman. J’ai fait mon deuil aujourd’hui, mais la souffrance est toujours aussi vive. Sans compter cette épidémie qui a touché le monde. Tout cela m’a renvoyé aux choses essentielles de la vie. J’ai appris à dire non, j’assume mes décisions, je ne m’intéresse pas aux gens qui parlent derrière mon dos, je privilégie ma famille, mon frère, mon père, mon beau-père…  J’ai une famille en or! J’ose leur dire: «Je t’aime.» Dans le tourbillon de ma vie, même si je n’ai jamais oublié mes proches, j’ai conscience que je ne prenais pas assez de temps pour eux. J’ai appris que la plus belle chose que l’on pouvait donner à une personne est le temps ! Et dans le don du temps et de soi, je privilégie aujourd’hui les associations pour lesquelles je m’engage. Je suis en paix avec moi-même.

Le théâtre une passion qui ne vous a jamais quitté…

Comme chantait Dalida: «J’aimerais mourir sur scène.» Je peux être superfatigué, je donne tout. Et à la sortie, je signe des autographes. Je n’oublie pas pourquoi je suis là. Peut-être un peu grâce à moi, mais beaucoup grâce au public!

Peut-on parler de la plus dure épreuve que vous avez traversée?

La mort de ma maman est la plus dure des souffrances. Je faisais des allers-retours presque journaliers entre Paris et Bordeaux où elle était hospitalisée. Par bonheur, on m’avait accordé un pass et je pouvais ainsi rester avec elle une heure tous les matins. En accord avec mon frère et la famille, nous avons décidé de ne pas faire d’acharnement thérapeutique. Maman pensait qu’elle allait sortir de l’hôpital, je lui disais: «Je t’aime», mais sans trop d’intensité pour qu’elle n’imagine pas qu’elle allait mourir. Je devais « doser » mes déclarations d’amour. Et c’était la personne que j’aime le plus au monde! Avant qu’elle ne parte, je lui ai dit ce que j’avais à lui dire. Mais un sentiment de culpabilité m’a tout de même étreint. Je ne cessais de penser: J’aurais dû partir avant elle! J’avais pleinement réalisé ma vie alors que pour elle tout avait été plus difficile. Et c’est au moment où la maladie s’est déclarée (un cancer) qu’elle aurait pu profiter de l’existence.

Stéphane, donner tant d’amour à une maman, c’est un cadeau pour elle…

Elle est partie trop vite! Mais sans se dégrader. Je n’aurais pas voulu la sentir affaiblie chez elle. Sur scène, je sens qu’elle est avec moi. Même épuisé, je me sens survolté. Comme si elle m’envoyait l’énergie vitale. Je sais aujourd’hui à quel point la santé est la chose la plus importante du monde. Il y a quelques années, j’ai dû subir neuf opérations des jambes. Je suis resté longtemps à l’hôpital et on ne savait pas si j’allais pouvoir remarcher. Quand vous sortez d’une épreuve pareille, tout s’ouvre devant vous!  

Est-ce que cette douleur a changé votre regard sur la vie?

Cela m’a aidé à relativiser. On sait que lorsqu’on devient «célèbre» on peut vous juger sur tout: un rire, une parole, un geste. Dans ce métier, on est à la fois entouré, mais aussi très seul.

L’amitié semble une valeur sûre pour vous. Notamment celle que vous partagez avec Karine Le Marchand. Une âme sœur ?

Karine et moi avons commencé en même temps. Nous étions tous deux autodidactes. On se comprend. Nous sommes effectivement des âmes sœurs. Elle sait que si je n’appelle plus, c’est qu’il y a un problème. Ma rencontre avec Karine est la plus belle chose qui me soit arrivée à la TV. Une amitié exceptionnelle. Nous avons deux méthodes de travail différentes. La mienne est basée sur l’improvisation. Karine, quant à elle, travaille énormément avant. On s’est beaucoup apporté l’un l’autre. Je me prépare davantage et elle laisse plus de place à l’improvisation. On a ainsi gagné en professionnalisme.

«Montre-moi ton habitation, je te dirai qui tu es», valable pour vous?

Je suis plus doué si la personne est en face. Mais je suis très sensible aux ondes. Au risque de vous paraître ridicule, certaines maisons me parlent!

Avez-vous toujours peur de l’obscurité?

Oui, j’ai toujours peur du noir. Il m’arrive d’allumer une petite lumière au moment de dormir. Et comme je suis presbyte et myope, j’ai d’autant plus besoin d’un petit repère la nuit, si je me réveille.

Vous menez plusieurs passions de front, certains pourraient dire que c’est une fuite en avant. Un besoin de s’étourdir, que répondez-vous à cela?

C’est plutôt un besoin de croquer la vie. Et cela est devenu plus fort encore quand j’ai imaginé que je ne pourrais peut-être plus jamais marcher. Il est vrai que je pris peu de vacances, peu de repos. J’ai eu de formidables opportunités. J’ai travaillé fort et vite! Et j’aime l’humain. Voir sourire une personne, pouvoir l’aider me remplit d’énergie. Et je repars à 100 à l’heure. Au début de ma vie de comédien, j’étais très mal à l’aise avec les applaudissements au moment du salut. J’étais gêné. Aujourd’hui, j’ose les prendre. Et je m’accroche à ce dicton «Donne et tu recevras».

Qu’est-ce qui pourrait vous empêcher de dormir?

Je dors généralement sur mes deux oreilles! La seule chose qui pourrait m’empêcher de dormir, c’est si on me disait que j’allais pouvoir revoir ma maman une minute. Une minute avec elle, ce serait un énorme cadeau.

Avez-vous des remords ou des regrets?

J’essaye de ne pas avoir de remords. J’apprends de mes bêtises. Et avec l’expérience, je suis devenu certainement plus diplomate.

En cas de conflits ou de disputes, comment les vivez-vous?

J’évite les conflits et les disputes. Avant, je prenais la fuite. Aujourd’hui, Je dis les choses simplement et je passe mon chemin. J’ai acquis un certain calme. Plus jeune, je jouais les coqs. Depuis peu, j’ai appris à dire pardon et à reconnaître mes erreurs.

L’amour de votre maman vous a donné une sacrée colonne vertébrale. Une force pour la vie?

Mes parents se sont séparés lorsque j’étais enfant, mais ils m’ont donné énormément d’amour. Ils m’ont inculqué les valeurs comme le travail, l’honnêteté, l’endurance. Mon père était cycliste professionnel, ma maman fleuriste et mon beau-père, professeur de mathématiques.

Vivre avec ses parents jusqu’à 30 ans, c’est rare. Une envie forte de garder le lien familial?

C’est vrai que je me sentais bien dans le cocon familial. C’est rassurant et doux. Et aussi plus joyeux. La famille c’est tellement essentiel. On vit dans des relations saines. Personne n’est dans le jugement.

Vous aviez déjà votre indépendance financière…

Durant cette période, j’ai joué les écureuils. J’ai commencé à travailler à 17 ans durant les week-ends. Je faisais des petits boulots, comme vendre des fleurs.

Vous ne doutez jamais de vous, vous vous faites confiance?

Je me fais confiance et je suis mon instinct. Je sais l’écouter. Je ne prends plus de décisions hâtives, à chaud, je laisse reposer. En tant que dirigeant d’un réseau d’agences, je fais souvent appel à mon intelligence rapide.

Aujourd’hui, vous êtes encore plus proche de votre père. La peur de passer «à côté de lui»?

Oui, ce lien est magnifique. Je suis parti 12 jours en vacances avec mon papa. Cela me fait du bien et ça m’apaise.

De votre enfance, une souffrance encore présente aujourd’hui?

Je ne peux pas vraiment parler de souffrance, mais en revanche je n’ai plus de souvenir de l’époque de zéro à 9 ans. Je me suis créé une armure et me suis blindé de beaucoup d’émotions.

8-9 ans, ça correspond peut-être à la séparation de vos parents…

Oui. C’est certainement pour cela qu’il m’est difficile de faire confiance et que je boude l’engagement total en amour.

Parlons d’amour justement. Vous en êtes où aujourd’hui?

Je suis heureux. J’ai énormément évolué dans ce domaine. Je sais ce qui est important. Mais j’y travaille encore. On connaît Stéphane Plaza, mais connaît-on Stéphane?

Comment vivez-vous vos chagrins d’amour? Vous vous enfermez dans votre bulle ou vous vous étourdissez?

Je m’enferme dans ma bulle. Je suis autiste quand il s’agit de mes propres sentiments. Ma pudeur m’interdit d’avouer que je suis malheureux. Et j’ai peur de déranger.

Êtes-vous croyant?

Je crois et je veux croire. Je suis catholique et j’ai eu ma période bouddhiste. Je prie et je demande pardon ou de l’aide au Seigneur. À la mort de ma maman, mon père m’a offert sa croix. Une très belle croix. Je lui ai rendue «garde-le». Je la recevrai bien assez tôt.

Pensez-vous entretenir une relation saine avec l’argent?

Je suis généreux tout en ayant conscience de la valeur de l’argent. J’aime inviter mes amis. Au restaurant, à part avec Laurent Ruquier, je me lève souvent le premier pour payer l’addition. Et depuis un peu plus d’un an, je me fais plaisir. J’ai fait quelques travaux chez moi et je me suis acheté des vêtements.

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