Sandra Menthonnex a derrière elle deux greffes cardiaques, qui n’ont pas entamé son amour de la vie. «Lorsque je raconte mon histoire», dit-elle, «plus personne ne doute qu’il faut dire oui au don d’organes, le 15 mai prochain».

Son destin est unique et elle en parle avec du soleil dans la voix. Nous sommes en 1999. Sandra Menthonnex a 32 ans, l’âge où l’on construit ses projets d’adulte. Mais elle, se trouve clouée au lit, avec des fibrillations auriculaires, des malaises continus et un cœur aux parois trop épaisses, qui ne lui laisse que quelques semaines à vivre. Une maladie héréditaire, qui a emporté son grand-père et son père, les deux à 43 ans. «Ils n’ont pas eu ma chance. Je savais que seule une greffe pouvait me sauver». Sandra attend un cœur nouveau de toute urgence, qui viendra le 17 décembre 1999, au CHUV. «Tout va se passer merveilleusement bien. C’était incroyable, trois mois après l’opération j’étais sur mes skis. Je crois que mon envie de vivre était telle, qu’elle emportait tout». Les années s’enchaînent, belles, Sandra se marie, épaule des malades qui attendent une transplantation et entend faire honneur à la personne, inconnue, qui lui a fait un cadeau merveilleux, en profitant de tout, avec passion. Mais en 2015, sa santé se détériore à nouveau, elle revit le cauchemar de ses 30 ans et le verdict de la faculté tombe: il faut un nouveau cœur! L’organe transplanté seize ans plus tôt, qui avait dû être trouvé dans l’urgence, avait une malformation de la valve. Pas de chance! «Cette nuit-là, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps». Le lendemain, Sandra se retrouve sur les listes d’attente pour une nouvelle transplantation et s’installe chez des amis durant près d’une année, à côté du CHUV. Finalement le téléphone sonnera à nouveau, le 8 janvier 2017, «le seul soir où mon mari avait dû s’absenter, en Italie. Je suis partie seule à l’hôpital». L’opération sera plus difficile qu’en 1999. Mais aujourd’hui, Sandra va bien, malgré les traitements lourds, fait de longues balades avec son chien et recommence à bâtir des projets avec son mari. «Quelque chose a grandi en moi», dit-elle. «À 55 ans, j’ai la foi et je crois encore plus en la beauté de la vie».Tous les malades n’ont pas eu la chance de Sandra. L’an dernier, 1434 personnes étaient inscrites sur les listes d’attente pour une transplantation et chaque semaine, une à deux personnes décèdent, faute d’organe en suffisance. Pour tenter de sauver plus de vies, le principe du consentement présumé a été introduit dans la nouvelle loi sur la transplantation. Seuls celles et ceux qui l’auront signalé expressément ne seront pas considérés comme donneurs. Les Suisses devront accepter la modification le 15 mai prochain. Lorsqu’on lui demande comment convaincre les personnes qui hésitent, Sandra Menthonnex répond tranquillement: «Lorsque je raconte mon histoire, les gens sont touchés. Il est très rare d’avoir deux greffes, je suis presque un cas unique. Le cœur c’est le symbole de l’amour. Deux personnes m’ont fait un don. J’ai su l’accepter. Je suis la preuve vivante que tout est possible.»

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