Depuis le 1er juin, Loïc Brunschwig de la 5e génération de la famille fondatrice de Bongénie et Paolo Pitton accèdent à la tête de la nouvelle direction du groupe Brunschwig. Ils dépendront hiérarchiquement des trois membres du Conseil d’administration qui resteront encore concernés et impliqués quant à l’avenir stratégique du groupe familial fondé en 1891. Interview croisée d’un binôme de choc.

Paris Match Suisse. 29 ans et déjà à la tête de grosses responsabilités. Prêt à les affronter? Cela ne vous fait pas peur?

L.B. Oui, il est vrai que c’est tout d’un coup d’importantes responsabilités. Mais y a-t-il vraiment un âge pour endosser des responsabilités et affronter un challenge entrepreneurial? Aujourd’hui, nous voyons de plus en plus de jeunes entrepreneurs lancer leur société pendant leur cursus universitaire ou à la sortie des études et qui lèvent des sommes colossales auprès d’investisseurs privés ou professionnels envers qui ils ont une pression importante. Dans mon cas, l’entreprise est déjà mature avec plus de 130 ans d’existence et 500 collaborateurs, contrairement à une start-up qui grandit progressivement. Il y a une année, les 3 associés et moi-même avons eu des discussions ensemble concernant une future transition exécutive.

Paris Match Suisse. Quels sont les challenges quand on intègre une société familiale en tant «qu’étranger»?

P.P. Les challenges importants sont nombreux et divers, comme comprendre et respecter les valeurs et la tradition de l’entreprise ou encore savoir interpréter la volonté des propriétaires. Il est aussi primordial de rassurer toutes les parties prenantes – partenaires externes, marques et collaborateurs – de la pérennité de notre groupe. L’intention est de rester fidèle à l’ADN de l’entreprise et à ses racines: ce qui signifie en premier lieu un développement continu pour maintenir notre leadership sur le marché et garder une longueur d’avance.

Paris Match Suisse. Pourquoi avoir choisi Paolo Pitton comme codirecteur?

L.B. En dehors du management familial, une autre particularité des 50 dernières années est que la société a toujours été dirigée par plusieurs membres de la famille et de manière collégiale. C’est dans ce contexte que j’avais notamment exprimé la volonté de ne pas être seul et que nous avons naturellement pensé à Paolo, déjà membre du comité exécutif depuis plusieurs années, pour assurer une direction bicéphale. Même si nous échangeons quotidiennement sur tous types de sujets, nous avons bien défini les responsabilités de chacun selon les différents départements (achats, retail, logistique, finance, IT, digital & marketing, restaurants, etc.).

Paris Match Suisse. Quels sont vos principaux atouts vis-à-vis de la concurrence?          

P.P. Nos atouts sont en grande partie les relations humaines, le conseil et le service. La confiance est aussi importante, surtout à l’air du numérique. Notre entreprise a plus de 130 ans d’existence et nous avons une quinzaine de magasins physiques. Durant toutes ces années, nous avons maintenu notre positionnement dans le haut de gamme sans changer de stratégie et nous avons construit notre réputation basée sur un certain niveau d’excellence. Mais tradition et réputation ne sont pas nos seuls atouts. Bongénie Grieder offre un service omnicanal très avancé. Nous ne vendons pas seulement en ligne, mais nous proposons des tendances, des «live-shopping», nous interagissons beaucoup avec nos clients. C’est une approche différente du service et cela plaît beaucoup.

Paris Match Suisse. Que pensez-vous de l’économie circulaire?

L.B. Je pense que l’économie circulaire fait énormément de sens dans notre industrie et dans notre société. En termes de modèle d’affaires, entre la location et la vente de seconde main, il y a un réel enjeu. D’une part, ce modèle s’inscrit dans une logique de management durable, ce qui semble assez cohérent pour une entreprise familiale. D’autre part ce modèle permet aussi d’attirer d’autres segments de clientèles, notamment une clientèle plus jeune et moderne dans son mode de vie. La famille a récemment investi dans une start-up basée à Hambourg dénommée «Unown» qui a développé un software permettant la location de vêtements, un des projets que nous pourrions intégrer dans nos magasins à moyen terme.

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