Janvier 2020, dans les rues des grandes villes suisses, les touristes se font plus rares. La clientèle chinoise a disparu et pour cause, la Chine se confine pour tenter de ralentir la propagation d’un certain «coronavirus». Petit à petit le reste du monde s’éclipse, les magasins de luxe dont ceux de l’horlogerie connaissent une chute de fréquentation de 60 à 80%. Le business des montres est en danger.

Voyant le virus se répandre à grande allure au nord de l’Italie et bientôt menacer la Suisse, les deux principaux salons horlogers, qui accueillent chaque année professionnels et passionnés, décident d’annuler. Le SIHH (Salon International de la Haute Horlogerie), nouvellement renommé «Watches & Wonders Geneva», porté par la Fondation de la Haute Horlogerie, devait se tenir en avril. Mais cette trentième édition n’aura pas lieu. Celle du Baselworld, qui regroupe des marques prestigieuses comme Rolex, est également annulée et sera reportée à janvier 2021. Puis le 14 avril dernier, 5 poids lourds du rendez-vous annuel, la marque à la couronne, Tudor, Chanel, Patek Philippe et Chopard, annoncent leur retrait définitif de la foire centenaire. Peu après, c’est au tour des manufactures horlogères suisses du groupe LVMH, comprenant la Division Horlogerie LVMH (TAG Heuer, Hublot et Zenith) et la Maison Bulgari, d’annoncer qu’elles ne prendront pas part à l’édition 2021 de Baselworld. Derrière ce divorce avec la plus grosse foire d’horlogerie du monde: mauvaise communication, perte de confiance, différences de perspectives d’avenir ou tout simplement le désir de réinventer le format et le contenu d’un enjeu commercial de taille pour l’horlogerie.

En parallèle, Rolex, Tudor, Chanel, Patek Philippe et Chopard, prévoient la création d’un nouvel événement à Genève, en collaboration avec la FHH, afin de porter les valeurs, le savoir-faire et la qualité de l’horlogerie suisse de prestige, et de répondre à leurs hauts critères d’exigence. Un projet dont les contours restent à définir.

Et puis qu’en est-il des nouveautés présentées généralement à cette période? Dans le contexte actuel, alors que le temps s’est arrêté aussi pour les manufactures horlogères, il y a l’éventualité que certaines marques ne dévoilent pas leurs nouveaux modèles cette année. On parle au conditionnel de Rolex, sa petite sœur Tudor et la maison Patek Philippe, même si aucune confirmation n’a été donnée. Un moyen de rattraper le retard de production ou de maintenir le désir de rareté? Qui sait… Il se pourrait en tout cas, que les marques horlogères les plus puissantes de la planète décident de transformer ce mauvais millésime en année blanche.

Enfin, à l’heure où la distanciation sociale est de rigueur, certains acteurs de l’horlogerie misent sur un rassemblement online inédit. C’est ainsi que la FHH s’adapte et accélère la digitalisation de son concept «Watches and Wonders», en lançant aujourd’hui 25 avril à midi, une nouvelle plateforme «watchandwonders.com». Le site offre des pages dédiées à chacune des 30 marques initialement participantes, pour découvrir leurs nouveautés et leurs univers respectifs. Une occasion unique de vivre des expériences instructives, avec des contenus sur mesure et des experts. Parmi les thématiques proposées: le décryptage des tendances, des analyses produits, une mise en avant des métiers d’art, les innovations technologiques, des discussions sur les grands enjeux de demain, et plus encore… le tout mis à disposition de la communauté horlogère et des aficionados.

 Il y a dans cette pause mondiale bien sûr, la question du présent et celle de l’après. Et on peut compter sur la gestion de crise, ferme, carrée, et visionnaire, du monde de l’horlogerie, pour maintenir le prestige et la santé de ce fleuron de l’industrie suisse, et faire de Genève, la nouvelle capitale horlogère mondiale…