Le Valaisan Yannick Buttet a à nouveau fait parler de lui, ces jours, pour des accusations de harcèlement. Cette fois-ci, la femme a évoqué, publiquement, immédiatement, des actes qui auraient été commis devant témoins.
Le politicien a renoncé à briguer la présidence de sa commune, tirant lui-même, ou contraint de tirer, les conséquences des événements. On ne peut s’empêcher de se demander si cet homme, à la si longue et brillante carrière, n’a pas bénéficié durant des années d’un silence complice. Trop longtemps les femmes ont dû se taire, de peur de n’être crues. Trop longtemps, les femmes violentées ont renoncé à porter plainte de peur de n’être écoutées. La remarque vaut d’ailleurs pour les hommes, harcelés par d’autres hommes. Ça existe! Il n’est pas dit que ces comportements-là aussi ne soient régulièrement couverts.
Depuis l’éclosion du mouvement #metoo, la parole s’est, un peu, libérée et les comportements sexistes sont dénoncés. En France, c’est la nomination de Gérald Darmanin à la tête du ministère de l’Intérieur qui fait problème. Un procès pour viol est ouvert contre lui, pour des faits dont il conteste la qualification. Un dossier explosif, car il touche au principe sacré de la présomption d’innocence, mais aussi au combat des femmes pour une reconnaissance des violences qui leur sont faites.
«La justice ne se rend pas dans la rue, ni sur les réseaux sociaux ou dans les médias», tempête le nouveau garde des Sceaux, Eric Dupont-Moretti. «La présomption d’innocence aujourd’hui est reléguée au rang d’accessoire. Tout le monde s’en moque!»
Le ministre de la Justice a raison de rappeler l’existence de l’article 11 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, adopté en 1948 et reconnu par la plupart des pays européens. «Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense ont été assurées». Il y a régulièrement des histoires douloureuses. Après «trois ans et demi d’enfer», Ibrahim Maalouf a été innocenté des accusations d’agression sexuelle sur mineure, le 8 juillet. «La couverture médiatique de ma relaxe a été microscopique à côté de celle subie en 2017 lors de la révélation de propos mensongers», relève, amer, l’illustre trompettiste et compositeur. Aux Etats-Unis, des républicains accusent Joe Biden de viol. On le sait, ce type de manœuvres fait partie du combat politique.
Alors oui, tout le monde a droit à la présomption d’innocence et il faut être prudent. Mais attention au symbole. Fallait-il vraiment nommer Gérald Darmanin, à l’un des postes les plus exposés du gouvernement français? Tout le monde a droit à la présomption d’innocence, mais le droit d’être ministre n’est pas acquis. En l’adoubant, sans attendre le jugement, le président Macron a donné un signal politique négatif à toutes les femmes, à tous les êtres humains, victimes de violences sexistes. Des comportements qui sont tout simplement la négation de l’autre, dans sa dignité. Et qui méritent d’être pris au sérieux. Partout. En Valais, comme en France ou ailleurs.
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