Le pas est alerte, l’allure sportive et le sourire radieux. Le conseiller fédéral Albert Rösti débarque avec sa garde rapprochée au restaurant Le Coucou sur les hauteurs de Montreux. L’ambiance qui se dégage de ce lieu pittoresque colle à l’esprit du politicien.

Chaleureux, ouvert sur le monde et ici, durant l’interview, sur le lac et les montagnes. Le ton est donné. L’homme d’État nous regarde dans les yeux, attentif à nos propos. Le français n’est pas sa langue maternelle, mais il la maîtrise parfaitement.  Peut-être une petite précision, par-ci par-là, que son attachée de presse lui donne de bonne grâce. Aucun stress n’émane du chef    du Département de l’environnement, des transports, de l’énergie et la communication. L’homme respire la zénitude. Et son rapport à la nature ne doit pas être étranger à cet état d’esprit. Aujourd’hui, l’homme continue à clamer son amour pour sa femme. Trente ans de mariage, ça se fête.

 

Monsieur le conseiller fédéral, la plainte des aînés pour le climat, la Suisse condamnée devant la Cour européenne, comment l’avez-vous vécu?

Assez sereinement. J’ai pris connaissance de la condamnation suite à la plainte des aînés avec un certain étonnement. Il faut dire que la plainte des ainés pour le climat avait été déposée en 2016. Entre-temps, après certaines décisions démocratiques, beaucoup de mesures ont été prises. Et d’ici 2050, nombre d’innovations vont voir le jour. Les engagements seront donc tenus.

Dites-nous ce qui vous passionne le plus dans votre fonction.

Je suis passionné par les aspects techniques, les approvisionnements d’électricité, les conditions-cadres relativement durables et leur influence sur la situation et la santé. J’aime aussi l’acquisition et la production d’électricité, je m’intéresse aussi aux énergies fossiles.

Le pouvoir politique vous stimule?

Le pouvoir d’un conseiller fédéral est limité, car très partagé avec mes collègues. La fonction est cependant intéressante, prenante, passionnante avec d’éternels rebondissements.

En dehors de la politique et du travail, qu’est-ce qui pourrait vous enthousiasmer?

La musique! J’aime la trompette, j’ai intégré la fanfare du coin. Tous les styles de musique m’ont toujours enchanté, que ce soit le jazz, la musique classique, la pop… Mais bon, comme je n’étais pas assez bon musicien, je suis devenu politicien. (Rires).

Et ce qui pourrait vous déstabiliser, voire vous contrarier…

Tout ce qui serait en lien avec la santé, pour moi ou mes proches. Je touche du bois. Pour l’instant, je suis du bon côté de la vie. Et comme chacun sait, la politique demande une bonne énergie «renouvelable» de chaque instant. Concernant l’électricité, une loi devrait passer en juin aussi.

Quelle a été votre plus belle rencontre, celle qui s’inscrira dans l’histoire de votre vie et dans votre cœur?

Sans aucun doute, ma rencontre avec Theres, mon épouse! Et le 7 mai, nous allons fêter nos trente-ans de mariage.

Être conseiller fédéral, c’est vivre au pas de course, quelle est votre recette pour maintenir le lien familial?

Communiquer est la meilleure recette. Notre fils André étudie aux États-Unis. Mais lors de mon investiture, il était présent. Pour mon plus grand bonheur. Nous nous téléphonons régulièrement. Ma fille Sabrina poursuit aussi ses études et elle est toujours dans le cocon familial.

Le lien avec votre épouse Theres est primordial. Pouvez-vous rester en contact avec elle tous les jours, comme vous le souhaitez?

Nous avons un lien très régulier. Mon épouse travaille, elle est hôtesse de l’air. C’est plus difficile de prévoir des petits moments à deux, mais on discute beaucoup et on organise nos rencontres: «Quelle soirée pouvons-nous prévoir d’être ensemble?» Il faut une sacrée organisation! Elle vient de temps en temps chez moi à Berne, c’est romantique de se retrouver ainsi comme au début de notre histoire d’amour.

Aime-t-elle vous accompagner lors de vos différents déplacements?

Cela fait plutôt partie des choses exceptionnelles. Mes déplacements se résument souvent aux pays de l’Europe. Et cela me permet de remarquer que les infrastructures, trains ou transports publics sont assez performantes.

André 26 ans, Sarina 22 ans, vos enfants sont fiers de leur père… comment ils le manifestent?

Mes deux enfants ont surtout un magnifique lien à leur papa. Le fait qu’il soit conseiller fédéral ne les impressionne pas.

Quelle a été l’épreuve la plus difficile de votre vie?

Je pourrais dire que j’ai été préservé. Je suis resté près du soleil. Je dois tout de même avouer que faire mes études, tout en travaillant assez durement à côté, s’est avéré bien difficile. Il m’a fallu beaucoup d’endurance et de ténacité. C’était aussi une période de doute. Quand on vient d’une famille paysanne on imagine devoir «redonner» à sa famille et marcher dans ses traces. Par chance, c’est mon frère qui s’en est chargé.

Et quel serait le plus beau moment de votre existence si vous deviez en choisir un?

Sans aucun doute mon mariage avec Theres! Nous nous sommes rencontrés au gymnase. Pour moi, c’était une évidence. J’ai essuyé quelques refus avant qu’elle accepte de sortir avec moi. Je me suis accroché.

Comment vivez-vous l’adversité, vous la gérez ou vous l’évitez?

Je vis l’adversité en frontal, je vais au-devant des problèmes à résoudre. Je n’ai de cesse d’y parvenir. Je suis quelqu’un de conciliant, toujours prêt à dialoguer et trouver le chemin pour apaiser les tensions et «rencontrer» l’autre.

Qu’est-ce qui pourrait vous empêcher de dormir?

Ma grande chance, être doté d’un bon sommeil. Évidemment tous les jours, je dois faire face à des problèmes et ceux du monde sont loin d’être évidents à gérer. Pourtant, ils me touchent. Mais dans une fonction comme la mienne, on doit se protéger, prendre de la distance sinon comment gérer toutes ces adversités sereinement? J’ai une grande résistance au travail et je suis toujours prêt à m’engager corps et âme. J’aime les gens et j’apprécie d’aller à leur rencontre. Leur opinion m’est précieuse et cela m’aide dans les décisions à prendre et dans les priorités. Même si les détails et la mise en procédure sont ensuite gérés par mon équipe.

Avouez-nous ce qui vous fait peur dans la vie.

La situation du monde! En tant que conseiller fédéral, je me sens responsable. Je mets de l’espoir dans la conférence pour la paix en Ukraine qui devrait se tenir au Bürgenstock.  Ces problèmes sont lourds. Je souffre d’imaginer que les hommes n’ont rien appris de l’histoire et qu’ils entrent encore dans des guerres sanglantes.

Parlez-nous de votre péché mignon. Et de votre madeleine de Proust?

Les pommes de terre avec la crème fraîche fondue me plongent immédiatement dans la douceur de mon enfance. Nous vivions à l’alpage où le lait et le fromage étaient roses.

Prenez-vous le train? Et la gare de Lausanne 2038, que dites-vous de cela…

Bien sûr, je prends le train régulièrement. Les lignes Berne et Zurich sont particulièrement pratiques. Pour la gare de Lausanne, je peux simplement vous dire que les délais seront tenus. Le projet est très compliqué, j’ai rencontré les CFF et je m’engage quant aux dates.

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