Spitzberg, rendez-vous avec le roi de la banquise

Paris Match Suisse |

 

Une contrée impressionnante qui recèle une faune et une flore d’une variété à nulle autre pareille. Entre glaciers millénaires et montagnes tailladées, le Spitzberg est un lieu où, en été, la nuit ne tombe jamais.

 

L’archipel du Svalbard est composé d’une dizaine d’îles qui telles des sentinelles se dressent majestueusement au milieu des mers. Au nord, l’océan Arctique, à l’ouest la mer du Groenland, au sud la mer de Norvège et enfin à l’est, la mer de Barents du nom de Willem Barents, premier navigateur à repérer, au XVIe siècle, cette terre aux rivages dentelés. Avec l’île aux Ours, le Spitzberg, «montagnes pointues» en allemand, est la seule zone habitée dans le Svalbard. Des terres à la beauté singulière et sauvage qui ont tour à tour attiré baleiniers, explorateurs, trappeurs, mineurs, chercheurs et scientifiques. Comme d’autres régions polaires, le Svalbard est devenu une destination touristique très appréciée des vacanciers amateurs d’extrêmes. Les temps changent mais la fascination pour ces somptueux paysages demeure.

Pendant longtemps après sa découverte par le navigateur néerlandais, l’archipel a été une terre internationale, une «terra nullius» où chacun pouvait s’installer et exploiter les richesses naturelles à sa convenance. Les XVIIe et XVIIIe siècles ont été le point de départ de chasse et de pêche intensive, notamment la pêche à la baleine. Ainsi, chaque été quelque 200 bateaux avec une centaine d’hommes à bord tuaient 1000 à 2000 baleines qui étaient chassées principalement pour leur graisse. L’huile était fondue sur place, conditionnée en barils et envoyée en Europe. Elle était utilisée pour la fabrication des savons, le graissage des machines mais elle était avant tout destinée à l’éclairage urbain alors en plein développement. C’était en quelque sorte le pétrole de l’époque. Les peaux de baleine quant à elles donnaient un cuir épais et résistant. Les trappeurs venus de tous horizons n’étaient pas en reste et tiraient profit de la faune abondante et surtout des animaux à fourrure tels les ours, les rennes, les renards ou encore les phoques et des animaux à ivoire tels les morses. Les trappeurs russes par exemple, s’installaient le temps d’un hivernage pour stocker peaux et ivoires qui étaient destinés aux monastères orthodoxes de Russie. Dans les années 1910, jusqu’à 3000 ours blancs étaient tués sur l’ensemble de l’archipel. Il faudra attendre 1973 pour que ces massacres cessent et que l’ours soit placé sous protection internationale.

Depuis sa découverte, le Svalbard est devenu au fil des siècles un terrain de la recherche scientifique polaire. Un grand nombre d’expéditions allemandes, néerlandaises, russes, anglaises, françaises ou encore suédoises se pressent sur l’archipel pour réaliser des études géologiques, biologiques, cartographiques, etc. Le prince de Monaco, par exemple, finança au début du XXe siècle de grandes expéditions océanographiques et météorologique à bord de son yacht «Princesse Alice».

Très vite, la découverte du charbon, richesse naturelle du sous-sol du Spitzberg a attisé toutes les convoitises et plusieurs nations y ont exploité des mines avec plus ou moins de succès. Pêche, chasse, industrie minière, toutes ces ressources ont été source de conflits de concurrence qui ont finalement débouché sur le Traité de Svalbard. A la fin de la Première Guerre mondiale, dans le cadre du Traité de Versailles et des accords de paix, un accord est signé par neuf pays (sans les Allemands qui ont perdu la guerre ni les Russes occupés par la révolution) qui ratifie l’appartenance de l’archipel à la Norvège. Ce traité entrera en vigueur en 1925 et d’autres nations le signeront par la suite. Les 42 pays signataires peuvent désormais y exercer une activité scientifique ou économique dans le respect de la législation. La «terra nullius», la «terre de personne» devient officiellement norvégienne.

En 1975, la création d’un aéroport à Longyearbyen au Spitzberg va donner un nouveau souffle à cette région du monde jusqu’alors accessible en bateau uniquement. La ville est le point de départ de croisières qui attirent de plus en plus de touristes. Ici pas de mastodontes des mers comme en Méditerranée mais des bateaux à taille humaine. Le périple commence toujours par une visite de la ville de Longyearbyen et de son musée où on découvre avec nostalgie les différents aspects de l’histoire de l’archipel. Vient ensuite le moment de monter à bord de l’«Ocean Nova» qui va nous faire vivre neuf jours de navigation, allant de découvertes en découvertes, d’émerveillements en émerveillements à travers les stations baleinières fantômes, les glaciers bâtis en cathédrales qui plongent dans la mer et la faune exceptionnelle dont l’emblématique ours blanc, le roi de la banquise.

Les journées se suivent et ne se ressemblent pas. La vie à bord est rythmée par l’observation et par les sorties en Zodiac, deux fois par jour, pour rejoindre la terre ferme. L’équipe d’expédition avec les navigants et les guides polaires est constamment à l’affût et en repérage. Une organisation bien orchestrée qui permet aux voyageurs de profiter pleinement de chaque instant. Des baleines qui plongent à quelques mètres du bateau aux bélugas par dizaines en passant par les colonies de guillemots nichés aux pieds des falaises, les phoques et surtout par les ours blancs, la liste des espèces qui s’offre à nos yeux est longue et impressionnante. Que dire des excursions à travers les vertes et luxuriantes toundras piquetées du blanc des linaigrettes? Elles sont tout simplement magiques. Et en mer comme sur la terre, le spectacle est permanent. En fin de journée, des conférences sont organisées pour prolonger ces instants de grâce absolue.

Amateurs de paysages époustouflants, de découvertes mystérieuses et authentiques, cette croisière inoubliable vous laissera sans aucun doute un souvenir vif et durable.

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