Tout ce que vous devez savoir sur… Lorenzo Stoll
Paris Match Suisse |

Directeur général de la compagnie SWISS pour la Suisse romande depuis 2013, Lorenzo Stoll a un bagage d’hôtelier.
Fils de médecins et trilingue
Formé à l’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL), le quadragénaire est un parfait trilingue grâce à un père zurichois et une mère tessinoise. Il a vécu à Zurich jusqu’à ses dix ans avant de déménager à La Tour-de-Peilz. Son père y avait ouvert un cabinet de gynécologie en 1981. Sa maman était psychiatre. Après des débuts professionnels à l’Office du tourisme de Montreux, puis douze ans passés à naviguer sur les eaux de Nestlé Waters à Henniez (VD), il a effectué son premier stage à L’Hôtel du Lac à Vevey, puis au Baur en Ville à Zurich et au Royal Savoy à Lausanne. Contacté par un chasseur de têtes, il a alors envie de changer d’horizon: retrouver la tradition d’accueil de l’hôtellerie et se tourner vers l’aviation, qui a toujours eu pour lui un côté magique.
Ses destinations préférées
La transition de l’hôtellerie à l’aviation n’a pas été de tout repos, mais il a pu s’appuyer sur une équipe de professionnels et d’experts. En ce qui concerne le service et l’accueil des passagers, le bagage acquis à l’Ecole hôtelière et ses expériences professionnelles lui ont été très utiles. Ses destinations préférées? Il avoue n’avoir pas vraiment de préférence car il aime la découverte, mais s’il devait choisir une région, ce serait le Maine et le Massachusetts. Il voyage dans toutes les classes de l’avion, d’éco en 1ère, en fonction des raisons de ses déplacements.
SWISS de nouveau bénéficiaire à Genève
Pour avoir choisi de se différencier en offrant une alternative aux offres à bas prix et en optant pour le renouvellement de la flotte, SWISS a retrouvé les chiffres noirs. Au printemps 2017, une flotte de Bombardier C a été basée à Genève. C’est la première compagnie aérienne au monde à opérer ce type d’avion, dont les performances opérationnelles et économiques lui permettent de réduire ses coûts de fonctionnement et offrir une expérience de vol nouvelle à ses passagers. Un autre élément est l’ajustement du réseau de destinations directes au départ de Genève: 36 destinations pour la saison d’été 2018, tout en augmentant certaines fréquences afin de mieux répondre à la demande.
Garder la compagnie à Genève
Lorsque Lorenzo Stoll a pris son poste en 2013, la compagnie était fortement déficitaire sur les routes court-courriers au départ de Genève. L’objectif fixé a été de retrouver les chiffres noirs à la fin de 2018. S’il ne devait pas être atteint, Lufthansa pouvait envisager toutes les options, y compris le recours à sa filiale à bas coûts Eurowings. Les perspectives de développement de SWISS à Genève sont surtout liées à la profitabilité des vols court-courriers. Sans l’arrivée d’Easyjet, Cointrin aurait-elle survécu après la disparition de Swissair? La compagnie orange est peut-être la «meilleure ennemie» de SWISS.
Que pèse SWISS Genève chez Lufthansa?
L’appartenance au groupe Lufthansa autorise beaucoup de synergies qui permettent de réaliser des économies d’échelle, par exemple pour l’achat de carburant. Les décisions stratégiques sont prises en fonction des besoins locaux, en collaboration avec la direction à Zurich et les orientations stratégiques du groupe. La compagnie va rénover entièrement les cabines des Airbus A340 et mettre en service l’internet à bord de toute la flotte court-courrier. Mais les mesures de sécurité coûtent de plus en plus cher. Pour le groupe Lufthansa, il appartiendrait à l’Etat de prendre en charge une partie des coûts.
La concurrence du Golfe est déloyale
Les compagnies du Golfe sont assimilables à des compagnies d’Etat, et non des compagnies privées, selon Lorenzo Stoll. Cela ne se joue pas tellement sur le carburant, mais sur les conditions-cadres. Dans leurs hubs d’origine, il n’existe pas d’interdiction des vols de nuit et elles n’appliquent pas les mêmes conditions sociales. Celles-ci ont un coût et influence sur la compétitivité. En Europe, les pouvoirs publics ont décidé de privatiser massivement les compagnies aériennes et c’était la bonne décision, estime-t-il. Dès lors, SWISS demande au pouvoir politique de prendre conscience que les compagnies du Golfe, tout comme Turkish Airlines, peuvent présenter un risque pour les emplois et l’industrie aérienne en Suisse.
