L’abécédaire de Paul-Olivier Dehaye

Paris Match Suisse |

Le Genevois qui a été entendu pendant quatre heures au Parlement britannique à propos du scandale Facebook n’en est qu’au début de son combat. 

IMMENSE SCANDALE C’était quelques jours avant l’audition, le 10 avril, du président de Facebook Mark Zuckerberg devant le Sénat américain. Le Genevois Paul-Olivier Dehaye était interrogé et entendu pendant quatre heures par une commission du Parlement britannique. Aux côtés de Christopher Wylie, le lanceur d’alerte aux cheveux roses qui a déclenché l’immense scandale planétaire Cambridge Analytica. Séance publique, filmée et accessible sur le web. Où l’on entend tout d’un coup que la masse des profils personnels que Facebook a laissé sortir de sa forteresse numérique dans le cadre du référendum sur le Brexit et les élections américaines pourrait tout aussi bien se trouver actuellement en déshérence. En Russie à tout hasard, ou ailleurs. Une autre audition aura bientôt lieu au Parlement européen.

ALERTE PRÉCOCE Mathématicien ayant grandi à Bruxelles et étudié à Stanford avant d’enseigner à l’Université de Zurich, Paul-Olivier Dehaye s’est d’abord fait remarquer il y a deux ans dans un article du périodique zurichois Das Magazin. Il y était question des méthodes et du rôle problématique de Cambridge Analytica dans l’innovation en matière de marketing politique. Cette alerte précoce n’avait pas suffi, mais son souvenir a tout d’un coup ressurgi ces dernières semaines.

ACTIVISTE CONSTRUCTIF Paul-Olivier Dehaye a commencé à s’intéresser à la protection des données numériques lorsque l’Université de Zurich s’est dotée d’enseignements à distance. Le peu de soutiens qu’il a reçus à l’interne pour faire en sorte que l’institution soit pionnière et si possible irréprochable en la matière l’ont incité à se réorienter vers une sorte d’activisme constructif à l’échelle internationale. Et à s’établir à Genève avec sa famille. Il s’est aussi associé avec un ami d’enfance basé à Lausanne pour développer la plateforme personaldata.io. Des personnes privées y sont accompagnées pour accéder à leurs données personnelles collectées par des sites et réseaux sociaux. Pour obtenir ensuite des modifications ou même la suppression pure et simple de ces données.

TOUR DU MONDE Conseillée par Paul-Olivier Dehaye, la journaliste française Judith Duportail a osé cette expérience mise en exergue sur personaldata.io et qui a fait le tour du monde: obtenir ses informations personnelles récoltées par le site américain et application de rencontres Tinder. Elle s’est finalement retrouvée devant un rapport de… 800 pages. Tinder  recommandant la synchronisation avec Facebook et Instagram, ses activités sur ces réseaux y figuraient également : fréquence des connexions, âge des personnes suscitant son intérêt, etc. Le choc. Deuxième révélation chroniquée: ce que Uber sait de ses utilisateurs. Très impressionnant et potentiellement déstabilisant. D’autres démarches exploratoires sont en cours, soutenues par des organisations non gouvernementales comme Privacy International à Londres.

DIMENSION NOUVELLE Les récents événements ont évidemment donné une dimension nouvelle et incomparable à cette thématique. Paul-Olivier Dehaye ne doute guère que tous les sites et applications devront un jour s’équiper de fonctions permettant à leurs utilisateurs d’accéder automatiquement à leurs données. D’en obtenir des copies, de pouvoir les caviarder, etc. Les chemins pour y parvenir sont encore longs. Applicable fin mai avec force obligatoire, le Règlement général européen de protection des données donne de nouveaux droits aux utilisateurs. Les exercer ne sera pas aisé, ce qui ouvre d’autres perspectives dans l’accompagnement des demandeurs. La plateforme personaldata.io va certainement évoluer en tenant compte de ce nouvel environnement. En Suisse, la finalisation de la nouvelle loi sur la protection des données devrait encore prendre un an ou deux. Elle ne sera guère différente. Rien n’empêche de s’adresser en attendant à n’importe quelle entreprise dans le monde pour accéder à ses données accumulées.

SOLUTIONS ÉMERGENTES Paul-Olivier Dehaye fait aujourd’hui partie des meilleurs experts de cette problématique dans le monde. Son objectif n’est pas de gravir davantage ce genre de sommet. Plutôt de contribuer à l’émergence de solutions et d’instruments susceptibles de faire évoluer les choses. Techniques en particulier, mais pas seulement. Durables ou plus transitoires, sachant en particulier que les réponses les plus efficaces peuvent être rapidement obsolètes. Du côté des utilisateurs, des ONG, ou sur le plan des entreprises les plus concernées. Le monde des entreprises est d’ailleurs très homogène par rapport aux exigences et aux risques. Les compagnies d’assurances ont un intérêt assez particulier à conserver et agréger des données personnelles. Sans parler des entreprises de profilage dans le domaine du marketing.

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