Salon de l’auto 2019 : «Pas plus de voitures, mais mieux les utiliser»
Paris Match Suisse |
Olivier Rihs est le nouveau directeur du Salon de l’auto à Genève. Pour 2020, il met en route sa vision de la mobilité du futur.
Des marques comme Ford, Jaguar et Hyundai ne seront pas présentes. Est-ce que cela vous inquiète?
Chacune de ces marques avance des raisons différentes. Jaguar Land Rover a annoncé une perte de plus de 3 milliards au 3e trimestre 2018, sans parler du Brexit, le constructeur sud-coréen n’a pas de nouveautés importantes, etc.
A l’heure du commerce en ligne, tous les salons d’exposition sont à la peine.
C’est le même problème que pour les horlogers, la MUBA à Bâle ou le Comptoir suisse à Lausanne. Un salon automobile doit avoir un historique très solide. C’est le cas à Genève, rendez-vous mondial. Il faut positionner Genève comme «la» plate-forme de l’automobile et de la mobilité. Développer par exemple des courses d’essais, qui sont très demandées par le public et les exposants, notamment pour les voitures électriques. auto-suisse prévoit 10% de voitures électriques en 2020. Mettez côte à côte un modèle à essence et une électrique, vous ne voyez pas la différence. Il faut les tester. Genève doit être l’endroit où l’on peut «vivre» la voiture et la mobilité. Si l’une marque n’est pas là, elle se dira: «Je dois y être!»
L’électrique va-t-elle vraiment faire disparaître les carburants fossiles?
Pour que l’électrique décolle, il y a encore pas mal de problèmes pratiques à résoudre: l’autonomie, la présence des bornes de chargement, le prix. Quand l’infrastructure ne suit pas, cela ne joue pas. Aujourd’hui, la plupart des ménages ont deux voitures. Je crois davantage à l’organisation de la mobilité, en jouant sur un réseau de voitures, les transports publics, le vélo électrique, etc. Les ménages devront s’organiser. A l’avenir, ils n’auront probablement plus qu’une voiture, mieux utilisée. Si la Suisse compte 10 millions d’habitants, je ne vois pas arriver un million de véhicules en plus sur les routes. Vous pouvez toujours agrandir les routes, cela ne suffira pas. Il faut organiser la mobilité de façon différente. BMW l’a bien compris. Il prévoit de fabriquer moins de voitures, mais de passer de 30 millions de possesseurs actuels à 100 millions d’utilisateurs. En achetant un logiciel de partage, des places de parcs, des bornes électriques, des partenariats train-avion, bref en organisant la mobilité de A à Z sur le plan mondial.
Vous croyez à la disparition des carburants fossiles?
Dans l’histoire il n’y a jamais eu de coupure nette. C’est faux d’y croire de la part des politiciens et du public en général. La voiture va vers une phase évolutive, mais seulement si vous donnez une alternative valable. Dans le passé, on a cru à la mort des forêts ou à la fin de l’humanité avec le sida. On a cru à l’atome propre sans voir pointer le problème des déchets. Qu’est-ce qui dit qu’il n’y aura pas de problèmes avec les batteries et le lithium? Pour combien d’années a-t-on des réserves? On peut en partie les recycler, mais il reste des déchets. Si tout le monde passe à l’électrique, il va falloir rouvrir Mühleberg! La Terre compte plusieurs milliards d’années. Vouloir renverser la vapeur en vingt ou trente ans? Impossible! Je suis pour tout ce qui fait sens et qui englobe l’ensemble des acteurs.