L’art de décoiffer en vendant la Suisse

Paris Match Suisse |

Directeur de Présence Suisse depuis 2011, Nicolas Bideau a l’art de faire parler de notre pays en osant des coups. Cet état d’esprit si créatif, il estime en avoir hérité de ses parents, de son père acteur et de sa mère metteur en scène. Portrait d’un passionné.

De son père, l’intarissable et facétieux acteur Jean-Luc Bideau, il a hérité de son côté beau parleur, extraverti. De sa mère Marcela, metteur en scène d’origine tchèque, il possède le sens du spectacle. Comme directeur de «Présence suisse», Nicolas Bideau, qui a le grade d’ambassadeur, est chargé de vendre l’image de notre pays à travers le monde depuis 2011. Et il le fait dans son style, si peu helvétique au fond, en inventant en permanence,  osant des coups, secouant les habitudes. Il est partout, à la TV, aux JO, payant de sa personne. Il croit profondément en sa mission, avec passion mais aussi avec humour, recul. Avant cela, il avait été notamment «Monsieur cinéma» et conseiller diplomatique du conseiller fédéral Pascal Couchepin. «Je suis un patriote, constructif et positif», sourit-il.

Grand, silhouette de sportif qu’il est, il arbore lors de notre rencontre une veste à l’effigie de la candidature de Sion 2026, dont il est membre du comité. «Notre pays a besoin d’un grand projet comme celui-là, dit-il. Les JO en Corée étaient en demi-teinte. Le pays a vibré pour le patinage de vitesse mais il n’y avait personne pour le ski. La Suisse est un vrai pays de sport, il n’y a qu’à voir le monde qui accueille nos médaillés à leur retour. Le sport fait partie de notre culture.»

A l’opposé des sceptiques, il pense que les Valaisans donneront leur feu vert aux JO lors du vote couperet du 10 juin. «Les Valaisans sont des fortes têtes, des grandes gueules, mais des grandes gueules positives, capables de dire oui pour montrer au reste de la Suisse à quel point il sont fiers d’être Valaisans.» Pourrait-il devenir, comme le colporte la rumeur, le «Monsieur JO» amené à conduire le projet jusque devant le CIO? «J’aimerais en tout cas y être associé» répond-il, sans démentir.

Un jour à Pékin, un autre à New York, quelle est sa stratégie pour vendre la Suisse? «La Suisse est l’un des 20, 25 pays au monde qui ont une image forte. Les clichés, le fromage, le chocolat, les montagnes,  sont primordiaux mais il faut savoir s’appuyer dessus mais pour montrer une autre Suisse moins connue, celle de l’innovation de la science.»

Avec ses idées décoiffantes, Nicolas Bideau a réussi à donner de notre pays, jugé souvent timide et renfermé, une image jeune et dynamique qui titille à l’étranger. Meilleur exemple, l’itinérante «Maison suisse», son bébé, qui, par ses animations, a attiré les foules aussi bien au Mondial de foot au Brésil qu’aux derniers JO de PyeongChang. «A un stade embryonnaire à mon arrivée, cette maison est devenue aujourd’hui une belle plate-forme de communication. Comme je viens d’un monde de saltimbanques, je sais à quel point ce qui est banal est voué à l’échec, que le bide est assuré si on ne prend pas de risque. Cette maison, je la dessine, j’en suis le directeur artistique. Le public qu’on vise, il faut le sentir, être créatif, s’adapter. C’est pour cela, que, connaissant le côté enfantin des Coréens, j’ai créé une Heidi géante en forme de manga, même si on m’a reproché de faire n’importe quoi, d’infantiliser le public. Résultat: tous les jours pendant les JO, il fallait faire la queue pour poser avec Heidi.»

Quand on dit Bideau, on pense forcément à Jean-Luc son père, acteur brillant et drôle qui a conquis la France avec son humour surréaliste, et dont Nicolas reste très proche. «Nous avons souvent de très intéressantes discussions politiques. A 76 ans, mon père a toujours sa carte du parti socialiste et il va aux assemblées. Son côté grande gueule, il en joue surtout.»

Durant son enfance, être le fils d’un acteur connu n’a pas toujours été facile. «Mon père, je le voyais dans les journaux, mais physiquement il était souvent absent. Mes vacances, je les ai régulièrement passées sur les tournages.  J’ai même joué le rôle de son fils dans «Ce fleuve qui nous charrie». Mais mon père était en début de carrière, les fins de mois étaient difficiles et c’était angoissant. Devenir acteur n’était pas mon truc, j’ai toujours été plus attiré par la mise en scène.»

A la scène comme dans la vie, son père et sa mère ont toujours formé un couple explosif. Metteur en  scène, Marcela a souvent dirigé Jean-Luc au théâtre. «Ma mère, c’est l’intellectuelle de la famille, qui a un peu souffert de la reconnaissance dont a joui mon père» raconte Nicolas, dont la sœur cadette est médecin à Genève. Les réunions dans le chalet familial de Vercorin sont, paraît-il, hautes en couleur. «Mon épouse chope parfois de l’urticaire» rigole Nicolas.

Après des études de sciences politiques à Genève et Paris,  Nicolas Bideau a vécu quatre ans à l’Université de Pékin, avec sa future épouse. «J’ai toujours été fasciné par les régimes politiques différents du nôtre et la Chine était déjà en plein développement.» De son année passée comme conseiller diplomatique de Pascal Couchepin, il garde une grande admiration pour le conseiller fédéral valaisan. «Derrière son côté hyperlocal, très attaché à son coin de pays et avec l’accent, c’est un homme d’une immense culture, un parfait connaisseur des civilisations. Chaque année, il invite une vingtaine d’anciens collaborateurs dans sa maison de maître de Martigny et il nous fait un discours de dix minutes  comme à l’époque. C’est une bête politique.»

A la tête du cinéma suisse, Nicolas Bideau a, durant cinq ans, bousculé  les habitudes d’un milieu très intello, quitte à être détesté par certains. Il avait notamment créé les «Swiss Film Awards», soirée à la cannoise où les invités devaient troquer leurs habituels pulls norvégiens contre un smoking.» «Il y a eu pas mal de résistance, mais je suis fier de mon bilan.»

Vladimir, Svetlana et Ludmila, il a trois jeunes enfants qui portent des prénoms tchèques comme sa mère. Dans son agenda surchargé, le sport reste pour Nicolas Bideau un indispensable bol d’oxygène. «Quand je suis à New York avec mes collaborateurs, nos déplacements se font à pied, quitte à énerver ceux qui ne sont pas fit». Le vélo et le ski alpinisme sont aujourd’hui ses disciplines de prédilection. «Des moments en pleine nature où tu peux réfléchir, une hygiène de vie.» Lui qui a participé à plusieurs Patrouilles des Glaciers possède son spot secret l’hiver: un sommet du val du Trient appelé le Bel Oiseau. «De Finhaut, il faut compter trois heures de montée et tu finis avec tes crampons et ton piolet. Puis tu dévales ce couloir frôlant les 50 degrés où je suis seul avec moi-même.»

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