L’interview impertinente de Franz-Olivier Giesbert

Paris Match Suisse |

 

Journaliste, éditorialiste au «Point», biographe, chroniqueur, écrivain, directeur éditorial de «La Provence», il a écrit une vingtaine de romans, une quinzaine d’essais. Dans son dernier livre «La dernière fois que j’ai rencontré Dieu» (Ed. Gallimard), il cite les philosophes, la chèvre Rosette de son enfance et nous dévoile les bienfaits du panthéisme, soit la réconciliation entre le cosmos et soi. Rencontre avec un homme contemplatif qui pratique l’optimisme au quotidien.

Quel est votre lien avec la Suisse?

J’aime la Suisse, sa douceur que j’ai envie de qualifier d’angevine. Je peux rester longtemps sur un banc, à contempler le lac de Genève. Dans le passé, je me suis souvent rendu dans votre pays pour passer quelque temps avec une tante éloignée à Vevey ou avec Claude Imbert, mon prédécesseur à la direction du «Point» qui passait ses étés et une grande partie de l’année dans sa maison près de Genève. La Suisse romande a donné beaucoup de grands écrivains à la littérature: Albert Cohen, Jacques Chessex, Michel Butor. Dans le passé, Benjamin Constant, Blaise Cendrars, Madame de Staël. C’est la même chose pour la Suisse alémanique avec des auteurs comme Martin Suter ou Max Frisch. Comme pour la banque ou les relations internationales, ce pays est une sorte de plaque tournante littéraire. C’est fascinant. De ce point de vue, je suis très impressionné par le travail effectué par la Société de Lecture de Genève, une institution énergique, exemplaire.

Vos nuits sont-elles plus belles que vos jours?

J’adore le jour, l’été, le soleil. Je me lève toujours dans la joie en pensant à la journée qui m’attend. La nuit, c’est mon jardin secret. Je me lève très tôt et j’écris. Sans la nuit, je n’aurais jamais pu écrire. Le jour, j’ai du mal à résister aux sollicitations du monde, de la nature.

Qu’est-ce qui pourrait vous empêcher de dormir?

Tout m’empêche de dormir. Le moindre bruit, des idées pour le roman en cours. Le cerveau travaille quand on dort. Souvent, je me réveille avec une idée ou une formule que je vais écrire immédiatement, pour ne pas l’oublier.

Avez-vous des remords ou des regrets?

Bien sûr. Ils peuvent aussi m’empêcher de dormir.

Qu’est-ce qui crée du stress en vous?

La vie. J’ai toujours peur de mal faire et je suis très impatient.

Votre truc pour décompresser?

Je marche beaucoup, presque à peu près 10 km par jour. Ça m’apaise.

Quelle force avez-vous tirée de votre enfance?

Je dois beaucoup à mon père, un Américain, ancien GI, qui a fait le débarquement de Normandie dans les premières vagues, le 6 juin 1944. Il avait un caractère extrêmement violent. Je me suis construit contre lui. Je le haïssais. Aujourd’hui qu’il est mort, je l’aime. Je lui dois beaucoup.

Est-ce une souffrance encore présente?

Non. De mon enfance, je n’ai gardé que de bons souvenirs, hormis les décès de mes parents et des autres.

Qu’est-ce qui vous ramène à l’enfance, votre madeleine de Proust?                                                       Les chèvres. J’ai passé mon enfance au milieu de chèvres, dans la ferme de mes parents. Ce sont des animaux très intelligents, très taquins.

Quelle place prend l’amour dans votre vie?

Toute la place et je m’en porte bien, même s’il est épuisant.

Pensez-vous qu’on peut trouver l’amour sur Internet?

Evidemment. On peut le trouver partout.

Vous avez évoqué certains chagrins d’amour dans vos livres. Comment les avez-vous surmontés?

Je ne les ai pas bien surmontés. J’ai fait du sport comme un fou, beaucoup de bicyclette notamment, quand je sentais la dépression me tomber dessus.

La fidélité, c’est important?

Je suis devenu fidèle sur le tard et je regrette de ne pas l’avoir été plus tôt. La vie est tellement plus belle et plus simple quand on n’a pas à mentir et tricher tout le temps.

Pensez-vous entretenir une relation saine avec l’argent?

Dans ma vie, je me suis toujours plus préoccupé du bonheur, le mien, celui des autres, que de l’argent. J’aime bien en avoir mais je m’adapte facilement. Je peux vivre avec peu.

Plutôt cigale ou fourmi?

Les deux. De ce point de vue, je suis un être hybride. Je suis fourmi quand les caisses sont vides et cigale quand elles sont pleines. En règle générale, je gère très mal mes affaires.

Des coups de folie?

Oui, deux ou trois pour des achats de livres anciens qui ont perdu beaucoup de leur valeur aujourd’hui.

Comment définissez-vous votre croyance et votre panthéisme?

Je suis toujours chrétien, mais je suis un chrétien qui a mal tourné. J’ai ajouté à ma foi initiale du bouddhisme et du panthéisme. Fasciné par saint François d’Assise, je crois à la formule de Spinoza: «Deus sive natura.» Dieu, c’est-à-dire la nature…

Croyez-vous en une force supérieure?

Dieu est partout. Dans la force comme dans la faiblesse. En nous et en dehors de nous.

La dernière fois que vous avez rencontré Dieu?

Au bord de la mer, l’automne dernier. Je ne l’ai pas revu depuis. Je l’attends…

Qu’aimez-vous dans votre physique?

Rien.

Que détestez-vous dans votre physique?

Tout.

Acceptez-vous de vieillir?

Cela dépend des jours. Je déteste vieillir quand je viens de perdre un ami et je reconnais que j’aimerais partir le plus tard possible. Ce n’est pas mourir qui m’embête. C’est ne plus vivre. Je tiens très fort l’assiette de la vie, de peur qu’on ne me l’arrache… 

Quel est votre rapport à la nourriture?

Un rapport de psychopathe. Si je m’écoutais, je mangerais tout le temps. Mais je me contrôle.

Un plat qui vous fait craquer?

Un plat végétarien. Des légumes et des pâtes suffisent à mon bonheur.

Un vin où vous pourriez vous noyer?

N’importe quel vin, pourvu qu’il soit de qualité.

Quelle a été la rencontre professionnelle qui vous a le plus marqué?

J’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de gens qui m’ont marqué. Parfois, ils n’étaient pas célèbres, comme ce berger de Mérindol, dans le Vaucluse, qui m’a appris à vivre chaque instant dans sa plénitude, comme si c’était le dernier.

Quel est l’écrivain qui vous a le plus influencé?

Julien Green que j’ai bien connu, a été un maître pour moi, tout comme Norman Mailer. Pour le reste, je suis un enfant de la littérature française du XIXe siècle et particulièrement de Balzac.

 

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Vous prendrez bien un masque?

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