Philippe Chappuis :
le monde de Titeuf

Paris Match Suisse |

Titeuf est, comme tous les personnages, lié à son auteur. C’est une part de Zep ! Aujourd’hui avec sa BD « The End », il ose aller sur un autre terrain… L’auteur nous parle aussi de sa vie privée sans détour et avec sincérité.

 

Depuis quelques années, ZEP (Philippe Chappuis) le père de Titeuf habite un château dans la région de Genève. Un vrai château. Une grande porte en fer forgé s’ouvre sur une longue allée en gravier et au bout une bâtisse imposante. Il y a tant de pièces qu’il faudrait semer des petits cailloux pour retrouver le chemin de la sortie…

Paris Match Suisse. Le succès de Titeuf vous aurait permis de vivre n’importe où dans le monde. Pourquoi être resté à Genève? Un choix, une évidence ?
Je suis né et j’ai grandi ici, c’est un choix naturel. Pourtant à une certaine époque, j’ai imaginé aller vivre à New York. Peut-être le ferai-je un jour ? Ma femme est fille de diplomate, c’est plus facile pour elle, elle a l’âme voyageuse. Moi, tout se complique quand il faut choisir ce que je peux emmener. Impossible de partir avec une seule valise !

Votre maison, ce château, semble être le cocon idéal pour une famille recomposée …
Nous avons 5 enfants à nous deux, ma femme Mélanie et moi. De 9 à 21 ans. C’est une belle fratrie ! Et un chien. Il vient d’arriver dans notre famille. Mélanie a adopté tout de suite cette grande maison qui donne beaucoup de joie. Elle s’y est installée six mois après notre rencontre avec ses deux enfants.

Compliqué de concilier tout ce petit monde …
En général, c’est assez harmonieux. Même si rien n’est jamais gagné. Tout semble aller bien et tout d’un coup, un petit conflit surgit. Par chance, nos enfants sont adorables. Et dans l’ensemble, on trouve le bon équilibre.

Le scénario de votre prochaine BD « The end », viendrait d’une histoire imaginée par votre fils …
Oui. C’est mon fils, passionné de botanique qui m’a raconté une anecdote incroyable dans laquelle des acacias ont modifié leur taux de tanin pour empoisonner des antilopes. A partir de là, j’ai imaginé ce thriller botanique dans lequel mon fils prêtera ses traits au personnage principal. Ça renverse l’image que nous avons du monde. Les arbres, par exemple, ce n’est pas nous qui les protégeons, ce sont eux qui nous protègent !

Aujourd’hui, dessinez-vous et imaginez-vous vos scénarios différemment ?
Je m’autorise aujourd’hui à raconter des histoires plus graves. Avant, je restais toujours dans l’humour. Je n’osais pas aller sur un autre terrain. J’avais le sentiment que lorsqu’on était reconnu dans un domaine, on n’était pas pris au sérieux si la fantaisie nous prenait de changer notre mode d’expression.

Parlez-nous de votre évolution …
Lorsque l’on est soi-même sérieux, voire tourmenté, on a besoin de faire des comédies. Aujourd’hui j’ai dû perdre la gravité, le désenchantement de ma jeunesse. Je suis plus léger, plus optimiste. Du coup, je peux raconter des tragédies.

Vous êtes plus apaisé ?
Oui. J’ai pris conscience du temps qui passe. Avec sérénité. Avant, l’avenir me faisait peur. Maintenant plus. L’avenir, ce sont mes enfants. La vie continuera avec eux lorsque je ne serai plus là … et cela me convient très bien. Je ne suis pas obsédé par la pérennité, on n’est que de passage …

Vous pensez pérennité, que pensez-vous du déchirement autour de l’héritage de Johnny Hallyday ?
Pour ma part, j’ai préparé mon héritage au cas où je disparaissais plus tôt que prévu … pour éviter un maximum de pagaille. Pour Johnny, c’est triste de voir qu’il lègue surtout des emmerdes. C’est compliqué la propriété artistique, les droits d’auteur. Johnny dit avoir aidé ses enfants aînés tout au long de leur vie, a-t-il pensé que les plus jeunes doivent donc être plus protégés ? Quoi qu’il en soit, c’est sa volonté. Mais c’est compliqué de ne pas déclencher des conflits. Idéalement, il faudrait être transparent, en parler avant. Je n’aimerais pas être une charge pour mes enfants, une fois mort. Certains passent toute leur vie à s’occuper de l’héritage, de la mémoire de leurs parents. On ne peut pas souhaiter ça à ses enfants. Les Chaplin s’en sont bien sortis. Serait-ce un cas d’école ?

Vous êtes un très grand fan de musique rock. Votre vie aurait pu être différente. Votre carrière tout aussi brillante dans le rock, cela vous aurait plu ?
La musique rock avec mon mal de dos, non, merci ! Mon chemin c’est le mien. Je ne suis pas un homme de scène. Je n’apprécie pas forcément l’exposition. Sauf pour des cas importants comme « No Billag ». Il me semble évident que les artistes doivent se mobiliser pour soutenir notre RTS. Elle nous soutient aussi !

L’amour ne dure pas trois ans

Quel genre d’homme êtes-vous, Philippe Chappuis ?
Mon premier moteur est la curiosité. Je veux toujours savoir comment marchent les choses. Je suis un solitaire qui aime bien les autres. Une vie monacale me rend heureux. J’aime être seul.

Vous êtes marié à l’écrivaine Mélanie Chappuis. C’est votre 3e mariage. Pourquoi est-ce si important le lien du mariage ?
Si je ne m’étais pas marié avec Mélanie, cela voudrait dire que je n’y crois plus de la même manière. Ce serait triste. Je suis joueur. Et nous sommes deux à y croire. C’est la clé du désir. Nous sommes très amoureux. Et je peux dire que l’amour ne dure pas trois ans comme affirme Frédéric Beigbeder.

Que vous apporte Mélanie dans votre vie ?
Notre relation est profonde, d’une grande stabilité. C’est depuis que je suis avec elle que j’écris des histoires plus graves … Pourtant ma vie n’a jamais été aussi agréable.

Qu’aimez-vous partager avec votre femme ?
Notre chance, nous adorons travailler tous les deux sur nos projets. On fonctionne de la même manière. On se comprend. Mélanie et moi pouvons rester plongés dans notre travail durant un ou deux mois. Sans sortir la tête de l’écriture ou du dessin. En vacances, on ne rêve pas de partir au bout du monde mais de travailler, côte à côte, 10 heures par jour, plongés dans notre passion.

Enfants et nouvelle femme, pas toujours compatible ?
Avec quelques ajustements, tout devient compatible. Il faut juste être très vigilant.

Jusqu’où pourriez-vous aller par amour ?
Je pourrais faire la vaisselle par amour pour elle ! (Rires).

Plutôt jaloux ou super cool ?
Un peu jaloux peut-être mais, pas vraiment. Bon, je me vante certainement … Notre relation est basée sur la confiance, pas la surveillance. Mélanie a ses amis. Elle sort de son côté. Son indépendance me plaît.

Vous pourriez pardonner une infidélité ?
… Je n’en sais rien. Je pense que si Mélanie me l’avouait trois heures après, ce serait moins grave qu’au bout de dix ans. Mais comment savoir si on pardonnerait alors que l’amour s’épanouit dans la communication et la confiance. Quelque chose est cassé même si on peut avoir des belles théories sur le pardon.

Racontez-nous votre rencontre.
Avant de rencontrer Mélanie, j’ai découvert son écriture. J’ai adoré. Et je l’ai écoutée à la radio. Je lui ai envoyé un message. Pas de réponse. J’ai dû attendre une semaine. Bien sûr que j’avais une petite idée derrière la tête. A cette époque, j’étais célibataire. On a correspondu quelques semaines sur Facebook. On se vouvoyait, on s’écrivait. Le désir était sous-jacent.

L’argent n’a aucun lien avec le bonheur

Vous êtes riche?
Je vis dans une maison de riche mais je n’ai pas de fortune. Vivre dans un château, non, je ne l’avais jamais imaginé. Etre riche n’était pas un rêve pour moi. En revanche, vendre beaucoup de livres, oui ! J’ai vécu avec rien et aussi avec beaucoup. J’ai été heureux dans les deux cas. L’argent n’a aucun lien avec le bonheur.

Qui vous a aidé à vous lancer ? Quelle est la première personne à vous avoir fait confiance ?
Jean-Claude Camano. Aujourd’hui, il est devenu un ami. J’avais montré mon projet à des éditeurs à Paris, en Belgique. Personne ne voulait Titeuf ! Sauf Jean-Claude Camano des Editions Glénat. Il était tombé par hasard sur la première page de Titeuf, publiée dans un petit magazine de BD … Il m’a appelé et tout a commencé. Il s’est battu pour m’imposer aux Editions Glénat. Il croyait en moi. Jean-Claude, c’est ma fée ! Il est aujourd’hui mon agent.

Pourriez-vous un jour transmettre Titeuf à un autre dessinateur ?
Non, personne d’autre ne dessinera Titeuf. Il ne s’agit pas simplement de copier le dessin pour reprendre une bande dessinée. Un personnage est lié à son auteur. Titeuf est une part de moi. Il disparaîtra forcément avec moi.

Retrouvez cet article dans notre édition Paris Match Suisse

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