Anny Duperey

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Paris Match Suisse. Parlez-nous de votre lien avec la Suisse.

J’ai peu de réels contacts avec le pays, mais lorsque nous jouons en tournée théâtrale, nous sommes toujours particulièrement heureux de venir jouer en Suisse: public merveilleux!

Anny Duperey. J’y ai aussi une amie peintre, Rosemonde Bron, qui fait par ailleurs de merveilleuses créations de bijoux ethniques, que j’adore porter.

On a le sentiment que vous êtes insatiable, le théatre, le cinéma, l’écriture, la photographie, c’est important pour vous d’être toujours en mouvement?

Il faut demander à mes anges! Je leur dis souvent: «Mais qu’est-ce qui vous prend?» Par bonheur, je ne réalise que des choses que j’aime. Mon livre photos? Tout a commencé dans un petit village de Corrèze de 85 habitants. Et chose incroyable, lorsqu’ils organisent un spectacle, 2000 personnes accourent, vous imaginez. Lors de l’inauguration d’une grande halle, ils m’ont demandé d’exposer mes photos. Un éditeur les a vues et m’a dit: «Ce serait sympa si tu expliquais les circonstances liées à ces photos de tes amis artistes.» Tout a commencé comme ça. J’expose en ce moment à Boulogne-Billancourt puis prochainement en Belgique. En Suisse? Pourquoi pas!

 En ce moment vous êtes aussi au Théâtre Edouard-VII jusqu’à la fin de l’année avec la pièce «Les chats du hasard» tirée de votre livre éponyme?

C’est un jeune metteur en scène qui a eu l’idée de réaliser ce spectacle avec un musicien, des éclairages, un décor et, chose inhabituelle, j’ai un texte à la main, ce qui rend l’échange avec le public plus pudique. C’est doux, humain et plein de tendresse.

 Qu’est-ce qui vous apporte le plus de bonheur ou de satisfaction actuellement?

Mes petits-enfants. Que des filles! La dernière a quelques jours. Comme disait Marcel Aymé: «Dans certaines familles, le sexe femelle ou mâle prédomine.» Chez moi, c’est incontestablement le sexe femelle. C’est bien car ce sont les femmes qui régentent souvent la «pâte de la vie».

 Qu’est-ce qui pourrait vous assombrir ou vous révolter?

Plein de choses! J’ai démarré au théâtre lorsque les «Gilets jaunes» ont commencé à manifester. Et ils ont bien des choses à revendiquer. Ils se sentent laissés pour compte par un gouvernement qui tarde à réagir. Ils le ressentent comme une forme de mépris. Un jour, le président Macron a lancé «des gens qui ne sont rien». Comment peut-on dire une chose pareille? Je suis aussi révoltée par les effets indésirables du médicament Lévothyrox. La formule a été changée et la loi des affaires permet une non-traçabilité. On ne peut pas connaître l’origine des produits qui entrent dans ce médicament, ni dans aucun autre d’ailleurs. C’est révoltant.

 Vous vivez en solo, une situation qui vous épanouit ou vous préférez être deux?

J’aurais aimé être deux mais cela ne m’a pas été donné. Et même si nous ne nous étions pas séparés avec Bernard Giraudeau, je serais veuve à l’heure actuelle. J’en ai souffert quelques années, mais aujourd’hui j’ai fait une grande croix dessus! Et c’est si reposant de ne rien attendre.

 Quelle place prend l’amour dans votre vie?

L’amour, il peut se transformer, s’adapter même. Seul compte le bonheur. L’amour prend tellement de formes.

 Etes-vous une grande amoureuse?

Pas vraiment. Je dis souvent: «J’ai pour les animaux un amour raisonnable.» C’est la même chose pour les hommes. La passion m’effraie. Je ne l’ai jamais connue.

 Vous avez vécu pendant dix ans avec l’acteur Cris Campion, vous dites ce n’est pas la différence d’âge qui vous a séparés…

Non, ce n’est absolument pas la différence d’âge qui nous a séparés. J’ai vécu avec lui un amour très rare, très précieux, très exceptionnel. Je n’ai jamais rencontré cela de ma vie! Bernard Giraudeau était l’homme de ma vie, celui avec qui j’ai eu des enfants. Cris, lui, était l’amour de ma vie. L’accès y était mystérieux. La rencontre de deux enfants perdus, blessés, une rencontre intime de nous-mêmes. Une osmose extraordinaire. Qui peut dire: «J’ai été consolée pendant dix ans?»

 Le fait qu’il soit plus jeune n’attisait pas en vous une jalousie?

Absolument pas. L’âge, je n’y pensais jamais.

 C’est vous qui avez pris l’initiative de la rupture?

Elle était inéluctable. Je puisais beaucoup de force dans cette relation. J’ai écrit cinq livres durant cette période alors que lui s’étiolait. Il a fallu que nous nous séparions.

 Comment vivez-vous une rupture, un chagrin d’amour?

Dans une rupture, le chagrin est vécu de part et d’autre. Les choses difficiles de la vie? Je suis autonettoyante. J’efface, je raye…

 Prendriez-vous encore le risque de vivre une grande histoire d’amour?

Je ne sais pas du tout. Mais nul n’est à l’abri d’une bonne surprise! Une de mes voisines, Agnès Varda à qui je me confiais, lorsque vivre seule me semblait difficile, m’a vite remise à l’ordre: «Se retrouver seule, c’est épatant! Je vais t’expliquer, ma cocotte. Toutes les femmes finissent seules, ou ils se tirent ou ils crèvent. Et toi, à ton âge, tu as le temps de prendre tes marques!»

 Vous assumez complètement votre âge, sans avoir à recourir à des artifices, médecine esthétique ou autres…

J’ai osé une chirurgie correctrice. J’ai fait améliorer l’état de mon cou. Je pouvais le faire car un cou, ça n’a pas d’expression! Sinon tout le reste, genre injection, sans façon! A la vue d’une seringue, je suis au bord de l’évanouissement.

 Vous êtes à l’opposé d’Arielle Dombasle qui aime que son âge reste un mystère…

J’ai rencontré Arielle Dombasle lorsque j’avais 25 ans au Festival de Cannes. Il y avait une somptueuse réception à l’Hôtel Martinez et les actrices s’éclipsaient pour se repoudrer le nez. Alors que je me lavais les mains, je suis restée fascinée devant l’image d’Arielle. Je l’observais. Elle était une très jeune femme, comme moi, elle se regardait, posait de profil, se mettait en scène. Arielle Dombasle est l’œuvre d’une vie, sa propre œuvre.

 Vous avez rencontré de belles personnes. Quelles sont pour vous les qualités qui vous touchent?

La franchise, la sincérité et l’ouverture d’esprit. Toute forme de coquetterie me fatigue!

 La résilience est quelque chose d’inné, vous l’avez en vous depuis votre plus tendre enfance, cela a dû vous aider à traverser les épreuves…

Certainement. Mais tous mes bonheurs d’enfance m’avaient pénétrée aussi. J’ai pu visionner quelques films du mariage de mes parents, de fêtes à la maison. J’ai beaucoup reçu, j’en ai été imprégnée.

 De quoi pourriez-vous avoir peur?

De la maladie. J’ai une gentille voisine, la veuve du sculpteur César qui m’a dit un jour: «Pas facile d’avoir 18 ans dans un corps de 87 ans!»

 Comment imaginez-vous votre vie dans dix ans?

Je ne l’imagine absolument pas! Un pas après l’autre. Je vous dirais comme Raymond Devos: «Tu ne sais pas la nouvelle? J’ai arrêté de vieillir!»

 

Douglas Kennedy

Il joue sur les sentiments des êtres avec la virtuosité que seul offre un violon Stradivarius.
Un génie de l’analyse. Nous sommes littéralement conquis.

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