Tout ce que vous devez savoir sur… Caroline Coutau
Paris Match Suisse |
Elle s’imaginait danseuse. Elle est éditrice. Pour lecteurs et écrivains, Zoé, sa maison d’édition, à Carouge, est une référence
Editrice, tout un métier
Voilà dix ans que Caroline Coutau œuvre dans une des meilleures maisons d’édition, Zoé, et près de huit qu’elle en assure la direction. Son métier, c’est successivement chez Labor et Fides, à Genève, et chez Noir sur Blanc, à Lausanne, qu’elle l’a appris; deux éditeurs aux vocations foncièrement différentes. Labor et Fides s’est acquis une grande réputation dans le registre spirituel et théologique, tandis que le catalogue de Noir sur Blanc a pour cœur les domaines polonais et russe. Pour sa part, Zoé se voue à la littérature étrangère et francophone, romande tout particulièrement. «J’ai beau avoir fait littérature française à l’Université, je n’avais jamais étudié un auteur suisse romand! Autant dire que j’ai eu un sacré retard à rattraper!»
Le riche catalogue de Zoé
Dans le catalogue constitué par Marlyse Pietri, la fondatrice de Zoé à laquelle elle a succédé, Caroline Coutau a fait son miel des livres de Nicolas Bouvier, Ella Maillart et Anne-Marie Schwarzenbach, autant d’écrivains voyageurs, comme d’Agota Kristof et de Catherine Safonoff, de Robert Walser et de Matthias Zschokke, prix Femina étranger 2009. «J’ai découvert en Suisse une littérature d’une extrême qualité, à commencer par Ramuz dont je suis devenue fan!» Zoé publie vingt-cinq titres par année, et en a près de mille à son actif.
Une première vocation: la danse
Rien, pourtant, ne destinait Caroline à embrasser le métier d’éditrice. A l’Université de Genève, elle opte pour le français, la linguistique et l’anglais, avec à la clé un mémoire sur le dramaturge Bernard-Marie Koltès. Mais sa première vocation la porte vers la danse contemporaine. Ce qui l’amène à l’école de Merce Cunningham, à New York. «Se trouver propulsée, seule, à dix-huit ans et demi dans cette mégapole, a été une expérience existentielle! Je suis très travailleuse, mais j’ai vite compris qu’en matière de danse, le travail ne suffit pas. Je n’étais pas assez douée.» De retour en Suisse, elle se frotte à la programmation de spectacles et rédige des critiques chorégraphiques pour le «Journal de Genève».
Des séjours formateurs
Deux autres séjours à l’étranger se révèlent particulièrement formateurs. En 1992, avec son mari Luis Lema, nommé correspondant du «Journal de Genève» à Madrid, elle vit le 500e anniversaire de la découverte de l’Amérique, les Jeux de Barcelone et l’Exposition universelle de Séville. Deux années passionnantes: Caroline peut suivre de près les élections générales que remporte à nouveau Felipe González. Nouveau départ en 2000, Luis Lema étant envoyé par «Le Temps» à Jérusalem. En pleine Intifada, elle signe des reportages de part et d’autre de la «ligne verte» et se met tant à l’hébreu qu’à l’arabe.
A la tête d’une PME
A la fois bien culturel et produit, le livre nécessite de la part de l’éditrice sensibilité et rigueur. Lectrice passionnée depuis sa tendre enfance, Caroline Coutau n’en est pas moins à la tête d’une PME employant sept personnes en interne et autant en externe, pour un chiffre d’affaire qui oscille entre 1 600 000 et 1 800 000 francs. Marlyse Pietri avait eu la bonne idée de compléter l’édition par la diffusion-distribution. La maison distribue ainsi les livres de quelque quatre-vingts éditeurs, suisses, français et belges. Une assise financière bienvenue.
Mens sana in corpore sano
La Suisse ne représentant que 3% du marché français du livre, il est vital pour Zoé d’être bien diffusée outre-Jura. Caroline Coutau se rend deux fois par mois, en moyenne, à Paris et en région pour la promotion de ses nouveautés. Autant dire que cette mère de deux enfants – Irène, 21 ans, et Théo, 24 ans – a des semaines chargées. En couple désormais avec Gabriel de Montmollin, le directeur du Musée international de la Réforme, elle dit entretenir un dialogue permanent avec cet expert en édition qu’elle a connu lorsqu’il dirigeait Labor et Fides. La danse a laissé des traces: Caroline a besoin d’exercice physique pour se vider la tête. Jogging, natation, bicyclette, randonnée en montagne, tout au long de l’année.